Renata Avila, Hae-in Lim, Lisa Ferguson, Ellery Roberts Biddle et Myers West ont contribué à l’élaboration de ce bulletin de veille.
[Sauf mention contraire, les liens de ce billet redirigent vers des pages en anglais.]
Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.
L’édition de cette semaine se tourne tout d’abord vers la Chine où les mesures répressives liées au 25e anniversaire du massacre de la place Tiananmen se poursuivent en ligne. Les autorités donnent l’impression de se moquer des internautes en appliquant une approche inhabituellement incohérente de la censure à travers le pays.
Dans la période précédant l’anniversaire, au début du mois de juin, plusieurs services de Google, dont Google.com, Google Translate et Gmail, ont été bloqués en Chine continentale. La semaine dernière, l’accès à ces services a été rétabli quelques heures, avant d’être bloqué à nouveau.
Une nouvelle étude publiée la semaine passée par Citizen Lab indique que les applications de discussions sur mobile KakaoTalk et LINE, ainsi que OneDrive et Flickr, étaient également inaccessibles dans certaines parties du pays. En outre, Instagram a été supprimé de la plateforme chinoise de distribution d’applications d’Android. Pour le moment, il est encore possible de trouver ce service par le biais de l’App Store iOS d’Apple et des navigateurs.
Liberté d’expression : avocats, geeks et bibliothécaires unis contre la censure en Turquie
En Turquie, les ONG signalent que Turk Telekom, principal fournisseur de services de télécommunications du pays, a fait l’acquisition de matériel pour surveiller les réseaux sociaux et bloquer certains sites. Un groupe d’organisations de la société civile, y compris l’Association des bibliothécaires, l’association des avocats d’Ankara et le Parti pirate local, a publié une déclaration commune en turc désignant cela comme une violation des libertés garanties par la Constitution du pays.
Le 12 juillet, la Syrie a connu sa première coupure totale d’Internet depuis mai 2013. Diverses sources ont signalé qu’Internet ne fonctionnait plus dans tout le pays durant près de deux heures. La région d’Alep et le nord de la Syrie sont restés sans connexion jusqu’à lundi matin, selon Renesys, groupe de contrôle du trafic internet. Des experts estiment que la coupure visait à lutter contre l’organisation islamiste ISIS, qui utilise les réseaux sociaux pour diffuser ses messages.
Violences : 8 à 21 ans de prison pour des utilisateurs de Facebook iraniens
L’agence de presse iranienne rapportait dimanche dernier que huit administrateurs de groupes Facebook avaient été poursuivis et condamnés à des peines allant de 8 à 21 ans de prison pour « conspiration et rassemblement contre la sécurité nationale, activités de propagande contre le système, insultes envers des symboles sacrés, le système judiciaire et des individus spécifiques ». Peu d’informations concernant cette affaire sont disponibles.
Alexander Sodiqov, rédacteur pour Global Voices et doctorant à l’Université de Toronto, est emprisonné depuis plus d’un mois au Tadjikistan. Vous pouvez obtenir plus d’informations sur les faits et sur les efforts déployés pour appeler à sa libération ici.
Droits d'auteur : une fin amère pour les utilisateurs de torrents à Singapour ?
À la fin du mois d’août, Singapour bloquera l’accès des sites de partage de fichiers qui permettent d’échanger du contenu protégé par un droit d’auteur. De nouveaux amendements à la loi sur le droit d’auteur offriront la possibilité aux détenteurs des droits des contenus en question d’obtenir des ordonnances judiciaires demandant aux fournisseurs d’accès Internet (FAI) de bloquer des sites tels que The Pirate Bay et Kickass Torrents. Actuellement, ils peuvent demander aux FAI de supprimer l’accès au contenu leur appartenant, cependant la loi n’oblige pas ces derniers à répondre favorablement à ce type de requête. Cette modification de la politique relative au droit d’auteur est un sérieux coup pour les adeptes du partage de fichiers à Singapour, qui est en tête du trafic en matière de BitTorrent.
Industrie : un politicien philippin estime que les FAI doivent augmenter la vitesse de connexion ou passer à la caisse
Arnel Ty, leader des partis minoritaires à la Chambre des représentants des Philippines, cherche à actualiser la règlementation relative aux télécommunications en augmentant l’amende maximum réclamée aux fournisseurs d’accès Internet qui proposent des vitesses de connexion trop basses, la faisant passer de 200 pesos à 50 millions de pesos (près d’un million de dollars). La nouvelle loi considérerait l’accès internet haut débit comme un « service de base », à l’instar des appels et des SMS. Arnel Ty avait déjà réclamé une résolution demandant l’ouverture d’une enquête sur la détérioration des prestations des entreprises de télécommunications aux Philippines. Avec une vitesse de connexion moyenne de 3,6 Mbit/s, les Philippines possèdent l’Internet le plus lent de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. En effet, la moyenne pour cette région est de 12,4 Mbit/s.
Google prévoit de modifier sa politique et d’autoriser les internautes à utiliser le nom de leur choix pour ses différents services. Introduite en 2011, cette politique avait donné lieu à de vifs débats concernant l’anonymat et le droit à la vie privée en ligne, des notions à la base des questions relatives aux libertés numériques, qui semblent encore plus d’actualité à l’ère post-Snowden. Dans un texte publié sur ZDnet, Violet Blue, revient rapidement sur l’histoire des nymwars (conflits liés à l’identification des internautes) et partage quelques réflexions sur ce que ce changement signifie pour la relation entre Google et les utilisateurs de ses services.
Activisme en ligne : anniversaires et hackathons pour le Web libre
Dans le cadre de la campagne Web 25 Year of Action, le mouvement The Web We Want a annoncé la mise en place de microbourses récompensant l’organisation d’événements anniversaire ou d’actions où les participants sont invités à imaginer le Web dont ils souhaitent disposer. Parmi les propositions reçues figurent un rassemblement consacré à la cryptographie organisé par le hackerspace mexicain Rancho Electronico, un voyage en bus à travers les Pays-Bas mis en place par le Privacy Cafe ainsi qu’une campagne lancée par la section pakistanaise de la Digital Rights Foundation qui vise à entrer en contact avec les femmes des régions rurales du pays et les sensibiliser à l’utilisation intelligente du Web et à la protection de leur vie privée.
Nouvelles études
- Internet Monitor’s New Data Platform – Berkman Center for Internet & Society
- Information Controls During Thailand’s 2014 Coup – Citizen Lab
- World Trends in Freedom of Expression and Media Development - UNESCO