Après les référendums-raz de marée de Crimée et d'Ukraine orientale, c'est un nouveau vote séparatiste que les internautes pro-Kremlin ont adopté à plus de 2.000 kilomètres de Moscou. La semaine dernière, les nationalistes russes—poutiniens ou non—se sont mis à exprimer leur solidarité avec le référendum pour l'indépendance de l'Ecosse, avec à l'appui un parallèle entre le droit à l'auto-détermination des Ecossais dans le Royaume-Uni et celui des Russes ethniques dans l'Est de l'Ukraine. Les rapprochements entre les mouvements indépendantistes d'Ecosse et d'Ukraine orientale sont, pour la plupart, purement imaginaires, mais le fantasme a produit quelques images amusantes.
Un certain nombre de blogueurs russes populaires, tels Konstantin Rykov [1] et le compte pro-séparatiste très suivi @Novorossiya2015 [2], ont ajouté le badge bleu “Yes” à leur avatar Twitter. A ce lien supposé entre les activités des séparatistes pro-Russes en Ukraine orientale et le mouvement pour l'indépendance de l'Ecosse, les Russes ont répliqué en créant moult images humoristiques à base de kilts et de références au film de Hollywood Braveheart.
C'était plus fort que lui : un utilisateur a revêtu le “héros légendaire” des séparatistes, Igor “Strelkov” Guirkine, d'un kilt.
Где-то в Шотландии….. pic.twitter.com/mMdC03sCzf [3]
— Алексей Сотник (@somsok5412) September 9, 2014 [4]
Quelque part en Ecosse…
Depuis la démission soudaine et toujours inexpliquée de Strelkov du commandement militaire de Donetsk, les internautes russes ont fait de lui le personnage d'un suspense géographique à la “Où est Charlie [5]“. De Ferguson à la Crimée, on l'a “localisé” partout. A présent il se trouve évidemment en Ecosse.
@SolomonHaykin [6] Так и есть! #Шотландия [7] #Scotland [8] #YesScotland [9] #VoteYES [10] pic.twitter.com/cuGpKKWNlX [11]
— Грантштейн (@garnshtein) September 9, 2014 [12]
C'est bien ça ! #Ecosse #OuiEcosse
Le compte Twitter “Russia.ru”, lié au portail internet pro-Kremlin Vzgliad, a rapporté le “repérage” en Ecosse d'un autre séparatiste autrefois actif, le célèbre Cosaque appelé Babaï [13], qui a combattu contre l'Ukraine à Slaviansk.
Наш Бабай уже в Шотландии. До референдума 9 дней! pic.twitter.com/5rX6vKNGIk [14]
— Russia.ru (@russiaru) September 9, 2014 [15]
Notre Babaï est déjà en Ecosse. Référendum dans neuf jours !
De la géographie on est passé aux drapeaux. Un utilisateur de Twitter a trouvé que les similitudes entre les drapeaux de Novorossia et d'Ecosse traduisent une communauté de destins.
Шотландия и Новороссия будут свободными! #YesScotland [9] pic.twitter.com/H7cVgRQdUL [16]
— Wizard (@MitichkinS) September 9, 2014 [17]
L'Ecosse et la Novorossia seront libres !
Le blogueur populaire Lev Sharansky a amalgamé les deux aspirants-Etats en “République populaire de Scotorossia”
Шотландия будет свободной #yesscotland [18] pic.twitter.com/zZyVoM1T47 [19]
— Lev Sharansky (@LevSharansky) September 9, 2014 [20]
Sur le bandeau : “Dernière minute : Les chars du régiment Lev Sharansky sont entrés dans Glasgow. Les rebelles ont occupé le bâtiment administratif de la ville”
L'Ecosse sera libre.
Le blog nationaliste “Spoutnik & Pogrom” a imaginé la crise ukrainienne transportée au Royaume-Uni, et écrit une politique-fiction [21] sur un soulèvement séparatiste d'aujourd'hui en Ecosse.
Даунинг-стрит, Лондон—на пресс-конференции в воскресенье британские силовики заявили, что антитеррористическая операция против кельтских сепаратистов из Шотландской Народной Республики будет продолжаться. Предложенный ОБСЕ в прошлый четверг план деэскалации конфликта провалился: войска Соединённого Королевства продолжают обстрелы шотландских городов и почти замкнули кольцо вокруг Глазго.
Downing Street, Londres – A une conférence de presse dimanche, les responsables militaires britanniques ont annoncé que l'opération anti-terroriste contre les séparatistes celtes de la République Populaire d'Ecosse va se poursuivre. Le plan proposé jeudi par l'OSCE de désescalade du conflit a échoué : les troupes britanniques continuent à bombarder les villes écossaises et ont presque entièrement encerclé Glasgow.
Blagues à la Braveheart ou déclarations sincères de fraternité : de nombreux Russes qui étaient favorables aux référendums de Crimée et d'Ukraine orientale semblent réellement voir un rapport avec le vote de l'Ecosse. Quant aux Ecossais, dont la route vers l'indépendance a emprunté une procédure électorale ouverte et des appels non-violents au gouvernement central, les théories russes de la solidarité leur importent sans doute peu. De plus, l'Ecosse est plus à gauche que le reste du Royaume-Uni, à l'inverse des séparatistes d'Ukraine, dont les références historiques favorites sont plutôt les Armées Blanches [22] monarchistes voire les Cent-Noirs [23] ultra-nationalistes, que William Wallace (ou même Mel Gibson).