Ce billet fait partie d'une série d'articles sur Global Voices pour explorer des thématiques moins connues dans de nombreux pays. La série a commencé avec une exploration de Madagascar. Aujourd'hui Gaelle Tjat à Yaoundé explique 5 questions sur le Cameroun pour Global Voices. Cet article est republié avec son autorisation de son blog personnel Amazing Tjat Bass:
1. A part le président Biya, quelles sont les personnes les plus influentes/célèbres au Cameroun aujourd’hui ?
Même nous simples citoyens on se pose la question. Donc si vous trouvez leur trace, faites-le nous savoir. Mais il faut comprendre que le système camerounais a été conçu de manière à ne mettre en lumière qu’UN seul individu. Du moins, sur le plan politique. Difficile donc dans ce contexte de trouver des personnes influentes. Sur la durée. Les potentiels influenceurs se tiennent sagement à l’écart. L’épervier aura tôt fait de les envoyer dans les geôles. Nous ne parlerons donc pas de personne influentes mais de personnes célèbres. Pour la génération 80 (et moins) à laquelle j’appartiens. Dans cette catégorie, on peut ranger Samuel Eto’o et tous ceux dont l’écho vous parviennent sur vos terres. A défaut, sur Twitter, nous avons nos leaders établis par l’agence Dipman. Eux au moins changent les attitudes, bousculent les lignes et nous donnent envie de croire à un futur meilleur malgré les difficultés. Les « People » du classement en moins.
2. Existe-t-il une véritable tension entre les anglophones et les francophones ou bien c’est les autres qui en font tout un plat ?
Hum ! A mon humble avis, en tant que citoyens d’une même terre, Anglophones et francophones cohabitent pacifiquement sur toute l’étendue du triangle national. Cependant, le problème se pose lorsque l’on parle d’intégration et d’unité nationale. Il convient alors de relever ici la « marginalisation » (avec raison) dont sont victimes les ressortissants du « southern Cameroon ». Des réclamations soulevées avec force et conviction par des partis comme le Southern Cameroon National Council (SCNC)qui réclame la sécession. Si vous faites un tour dans les parties dites « anglophone » et francophone, le contraste est assez saisissant. En positif je dirai pour les anglophones. Dans les infrastructures et la discipline. Malheureusement, ces actes ne sont pas reconnus sur le plan national. On compte d’ailleurs sur le bout d’une main, les membres de la mangeoire ressortissants de cette zone . Il serait temps de rétablir l’équilibre. Cet article et celui-ci apportent plus de lumières sur la question.
3. Dans la vie courante, parlez-vous anglais ? Français ou les deux ?
L’État du Cameroun est bilingue. Ses citoyens sont quant à eux soit francophones, soit anglophones. Rarement les 02. Nous ne faisons que copier l’exemple de notre chef d’État qui a prononcé le discours d’ouverture des assises du Commonwealth en français. Le seul moment où le bilinguisme est mis en exergue c’est dans la pratique du « pidjin« , un mélange de français, anglais, portugais, espagnol né sur les côtes pour faciliter le commerce entre les acheteurs et vendeurs d’esclaves. Ou du « camfranglais » l’argot créé par le camerounais pour se donner bonne conscience.
4. Les plus belles heures du pays ou les plus grands moments de fierté pour le Cameroun et inversement les moments de tristesse ?
La jeunesse consciente actuelle se bat pour le devoir de mémoire des héros oubliés. Nos moments de fierté sont donc essentiellement sportifs. Ils se sont écrit avec les Lions Indomptables. : les quarts de finale atteints au mondial italien en 1990, les victoires aux éditions 2000 de la CAN et des jeux olympiques, la victoire à la CAN 2002;la brillante prestation à la coupe des confédérations en 2003 et les médailles olympiques de Françoise Mbango aux JO de 2004 et 2008. Les moments de liesse étant instantanés, aucune pérénité n’a été assurée pour ces différents projets. Ils sont donc dans les recoins de la mémoire collective. Attendant peut-être la réception des CAN 2016 et 2019.
Concernant les moment de tristesse, je citerai les 1700 victimes et plus de la catastrophe du Lac Nyos survenue le 21 août 1986, les 250 citoyens camerounais et plus ayant perdus la vie à Nsam le 14 février 1998 en pensant l’améliorer après l’explosion de 02 wagons – citernes de la SCDP et le décès en mondovision de Marc Vivien Foé.
5. Que faut-il savoir sur Boko Haram au Cameroun ?
Au début il y avait les rebelles nigérians. Ils enlevaient les prélats, les chinois et les jeunes filles. Les prélats et les chinois ont depuis été relâchés contre de nombreux milliards de Biya CFA. Les jeunes filles sont toujours retenues captives quelques part. Au Nigéria.
Au Cameroun, depuis un moment, il y a les oubliés/aigris du régime accusés de pactiser avec l’ennemi (réel ou fictif). Ces accusations donnent lieu à des arrestations arbitraires et des fouilles inopinées des résidences des présumés complices. Difficile donc dans ce contexte d’extraire un fil conducteur à même d’éclairer la lanterne du lecteur sur ce problème pourtant majeur dans la sous-région Afrique centrale.
6. Pourquoi Serena Williams a-t-elle portée un maillot du Cameroun ?
Un jour de finale à Rolland Garros, la go a emballé son « matériel » dans le vert-rouge-jaune ! Les « sabitou » lui ont prêté des liaisons avec quelques lions. C’est là que j’ai eu la vraie opinion des citoyens camerounais sur leurs lions. Mboma a l’argent pour gérer une fille comme ca ? » ; « Ndiefi est trop laid pour qu’elle accepte son bonjour »; « Elle a dit a Eto’o qu’il est trop jeune pour elle »…La presse s’en est prise à cœur joie.
Et pourtant l’explication est toute simple : Le Cameroun était INDOMPTABLE au début de la décennie 2000. Ils avaient innové avec les maillots sans manche majoritairement utilisés sur les courts de tennis. Séréna avait besoin d’un uniforme pour la quinzaine parisienne. Lorsque PUMA, alors sponsor des Lions et de Séréna lui fait la proposition, elle a du mal à la décliner ce d’autant plus qu’à l’époque, ils partageaient : le FIGHTING SPIRIT. L’histoire s’arrête là.
Parceque les Lions Domptaient tout sur leur passage #LionSpirit RT@TjatBass: pourquoi Serena W. portait le vert-rouge-jaune à un moment?
— Cyprien TANKEU (@Cyprien_T) September 13, 2014
Et puis, un peu de buzz n’a jamais tué quiconque.
Voilà. J’espère avoir satisfait votre curiosité et vous avoir donné envie d’en savoir un peu plus sur mon beau pays le Cameroun.
Shalom!
*Matériel : Camerounisme désignant les généreuses courbes féminines
*Sabitou : Camerounisme employé pour désigner un intellectuel aux connaissances douteuses.