Ouagadougou, la capitale de Burkina Faso, et d'autres villes ont été secouées par des manifestations depuis la mi-octobre suite à la proposition du président Blaise Compaoré de modifier les limites des mandats présidentiels de ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Un président ne peut exercer plus de deux mandats en vertu de la Constitution actuelle. Mais cette Constitution a été modifiée à trois reprises — en 1997, 2000 et 2002 — depuis son approbation en 1991. Ces modifications ont permis à Compaoré de rester au pouvoir pendant 27 ans.
La proposition de révision, qui sera votée par voie de référendum la semaine prochaine, vise à réduire à cinq ans le mandat actuel de 7 ans. La proposition remettrait le compteur à zéro (pour ainsi dire) et lui permettrait d'exercer encore trois fois et, s'il gagne, d'être président pendant 15 ans supplémentaires.
Le 28 octobre, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans la capitale, scandant des slogans appelant au changement, généralement d'une manière pacifique. Malgré tout, quelques manifestants ont fait tomber la statue du président située au centre de Bobo Dioulasso et la police a lancé des gaz lacrymogènes sur les manifestants à Ouagadougou.
Le chef de l'opposition, Zephirin Diabre, est l'un des principaux organisateurs des manifestations. Le 26 octobre, il a tweeté un appel pour un rassemblement:
RDV à #Ouagadougou, la protestation prendra la forme d’un rassemblement à la Place de la Nation le 28 Oct. 2014 à partir de 8 heures. #bf226 — Zéphirin Diabré (@Zephirindiabre) October 26, 2014
Il a ensuite ajouté pourquoi il pensait qu'il était temps pour les citoyens de prendre des mesures:
NON au tripatouillage de notre Constitution. Rejetons à jamais le pouvoir à vie ! Rejetons à jamais le coup d’Etat constitutionnel ! #bf226 — Zéphirin Diabré (@Zephirindiabre) October 26, 2014
Les manifestations ont été largement relatées et suivies sur Twitter via les hashtags #burkina, #bf226 et #iwili. Mossi Dramame, depuis la capitale, a publié quelques images:
Peuple du Burkina, l'Afrique vous soutien,Compaoré dégage !! #BurkinaFaso pic.twitter.com/gAUwRukE6z
— Mossi Dramane (@MossiDramane) 28 Octobre 2014
Voici un aperçu de l'assistance mardi matin:
Marée humaine à la place de la révolution au #BurkinaFaso #iwili cc @papalioune @paddoff pic.twitter.com/dPGm0fGSHF
— Moussoukoro Diop (@mamouchkadiop) octubre 28, 2014
Même s'ils comprennent la raison des protestations, certains Burkinabés ne sont pas sûrs que la désobéissance civile soit la bonne manière de procéder. Yaya Boudani rapporte certaines de ces opinions depuis Ouagadougou:
Il faut choisir des voies légales pour arriver à trancher le différend entre le pouvoir et l'opposition. Il n'y a pas d'autres voies sinon une voie illégale qui va braquer les uns contre les autres. On va tomber dans une crise que personne ne peut maîtriser.
Les observateurs des pays voisins observent avec inquiétude les événements au Burkina Faso. Le président Compaoré a joué un rôle crucial dans la médiation de la crise ivoirienne en 2010. Après l'élection présidentielle en novembre 2010, la Côte d'Ivoire a connu une interminable crise de gouvernance après que deux leaders, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, eurent tous les deux revendiqué la victoire. Des manifestations et des violences excessives ont marqué la période depuis l'impasse initiale, puisque ni Gbagbo ni Ouattara ne s'étaient démis. Compoaré a dirigé un groupe de travail de médiation pour tenter de sortir la Côte d'Ivoire de la violence.
Un membre du gouvernement ivoirien, Alain Lobognon, a donné son point de vue sur les manifestations via son compte Twitter:
Chaque école politique se définit selon ses visées. La Chine est une exception démocratique. Pourquoi le Burkina ne le serait pas?
— ALAIN LOBOGNON (@ALAINLOBOG) October 27, 2014
Les observateurs craignent que la violence puisse dégénérer rapidement. Les articles sur News Ouaga montrent que les manifestations, la semaine précédente, devenaient plus controversées:
Après des manifestations relativement pacifiques la semaine dernière à Ouagadougou, des groupes de “50 à 300″ individus “agressent” depuis dimanche des députés de la majorité devant leurs domiciles, les accusant d’être “corrompus”,”traîtres à la nation”