Biram Dah Abeid, Président de ’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA dont la page Facebook regroupe 5 035 “mentions J’aime”) ainsi que plusieurs autres défenseurs des droits humains en Mauritanie, ont été arrêtés et détenus depuis le 11 novembre 2014. Certains ont été torturés.
Ce militant est lauréat du Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l’homme pour 2013 ainsi que de celui du Front Line Defenders At Risk en 2013. Il avait organisé une caravane de sensibilisation pour sillonner le pays de village en village, en tenant des conférences afin de dénoncer ”l'esclavage foncier”, un système qui transforme les membres de la communauté hratine en ouvriers agricoles sur leurs terres ancestrales.
L'IRA-Mauritanie est bénéficiaire, en 2014, d'un micro-crédit de Rising Voices pour la formation de 35 anciens esclaves dans l'utilisation des réseaux sociaux.
Les autres participants à la caravane qui ont été arrêtés sont: M. Brahim Bilal Ramdhane, M. Khattri Rahel, M. Dah Boushab, M. Abidine Matalla, M. Samba Diagana, M. Hassane Mahmoud, tous membres de l'IRA, ainsi que M. Djiby Sow, président de l'ONG Kawtal, ONG partenaire de l'IRA.
Dans un billet sur son site, une Fondation Internationale pour la protection des défenseurs des droits humains Front Line Defenders fait savoir que:
Le 11 novembre 2014, le défenseur des droits humains M. Biram Dah Abeid et au moins huit autres défenseurs des droits de l'homme ont été arrêtés par la police et se trouvent actuellement arbitrairement détenus.
Sept d'entre eux sont membres de Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie – IRA, une organisation qui œuvre pour l'éradication de l'esclavage en Mauritanie….
La caravane a publié régulièrement un bulletin décrivant ses différentes étapes sur un blog portant le nom du Président biramdahabeid.org. Dans le premier billet, on peut lire:
La caravane contre l’esclavage foncier sillonne la vallée du fleuve Sénégal depuis le 7 novembre malgré le boycott organisé de la presse. Aujourd’hui, dimanche 9 novembre 2014, elle se trouve à Rabie où elle tient présentement un meeting populaire sous la présidence du vice président d’IRA-Mauritanie Brahim Bilal Ramdhane, en présence de Djiby Sow président de l’ong Kawtal Djélitaré, Balla Touré et d’autres personnalités.“>
Le No. 6 du bulletin, publié ce 14 novembre, fait savoir que Brahim Bilal RAMDHANE, Dah BOUSHAB et Khattri RAHEL, ont été physiquement torturés et humiliés par les forces de sécurité.
Dans un communiqué de presse du mercredi 12 novembre Amnesty International, tout en exigeant la libération des militants, déclare:
Ces arrestations s'inscrivent dans une répression croissante visant les militants anti-esclavagistes en Mauritanie. En octobre, quatre membres de l'IRA ont été appréhendés dans la plus grande mosquée de Nouakchott, la capitale, alors qu'ils réagissaient à des critiques formulées contre leur organisation. Ils ont été accusés d'avoir perturbé le déroulement des prières et incité à la révolte, entre autres charges. Ils sont maintenus en détention sans jugement.
D'autre part, la Fondation Internationale pour la protection des défenseurs des droits humains, Front Line Defenders signale que:
… depuis leur arrestation, leurs téléphones ont été confisqués, et les détenus se trouvent actuellement isolés sans aucun contact avec l'extérieur et sans pouvoir parler à un avocat. Les informations reçues indiquent que certains d'entre eux sont détenus à la gendarmerie et d'autres à la direction de la sûreté.
Plusieurs associations abolitionnistes, dont le Collectif “Touche pas à ma nationalité” condamnent ces arrestations et exigent la libération de tous les militants. Le collectif Touche pas à ma nationalité signale par ailleurs des violences que ses membres ont subies dans la capitale, Nouakchott, lors d'un rassemblement de soutien à la caravane, le 11 novembre. Ibou révèle dans un billet paru sur rimweb.net un document photocopié officiel ces violences des forces de l'ordre suivi de l'arrestation des militants est venu de très haut. Dans son commentaire, il ajoute:
La source sécuritaire, qui a requis l’anonymat, a ajouté que les autorités administratives dans cette ville du sud de la Mauritanie ont reçu l’ordre de haut lieu d’interdire à cette caravane d’IRA d’entrer dans la ville.
A 15km de Rosso, une unité de la gendarmerie avait intercepté la caravane et expliqué qu’elle lui assurera une protection jusqu’au dépassement de la capitale du TRARZA. La source a affirmé que la gendarmerie a informé l’Initiative pour une résurgence d’un mouvement abolitionniste en Mauritanie que sa caravane peut traverser la ville mais sans y organiser de meeting parce qu’elle ne dispose pas d’autorisation de la part des autorités.
Les responsables de cette caravane, à leur tête le président d’IRA, Biram Ould Dah Ould ABEID, ont alors déclaré qu’ils refusent de telles consignes et sont prêts à sacrifier leurs vies pour organiser un meeting populaire à Rosso, procédant même au blocage de la route Rosso-Boghé.
L’unité de gendarmerie a alors arrêté Biram Ould Dah Ould Abeid et certains de ses compagnons et procédé à la dispersion des autres participants à la caravane.
Dans un message au peuple mauritanien, depuis le lieu de sa détention, Biram Dah Abeid, qui a été candidat aux dernières élections présidentielles, invite les militants et militantes de l’IRA, ainsi que tous ceux des autres mouvements abolitionnistes à inscrire leurs actions et leurs propos dans l’engagement civique et pacifique. Il ajoute:
D’autre part j’envoie le message suivant aux autorités : J’aspire à être jugé pour tous les chefs d’inculpation que les laudateurs, les esclaves du faux témoignage, les racistes et les esclavagistes aigris n’ont cessé de me coller dans les médias de l’Etat, dans d’autres médias esclavagistes, racistes, et dans les mosquées. Nous sommes animés de l’esprit du sacrifice qui nous confère de résister moralement à toute condamnation même à mort car nous dédions notre vie pour les opprimés, pour les humbles, pour la démocratie»
Le 13 novembre 2014, les diasporas mauritaniennes en Amérique du Nord et en Europe ont publié un communiqué dans lequel elles déclarent notamment:
Le succès de cette campagne et la mobilisation des populations locales ont fait peur au gouvernement qui a alors décidé de réprimer ces défenseurs des droits de l’homme lors de l’étape finale de la caravane. En effet, arrivés à Rosso le matin Mardi 11 Novembre 2014, ces militants furent accueillis par les forces de sécurité mauritaniennes qui procédèrent aux arrestations ; tous les arrêtés demeurent privés de tout contact extérieur.
A plusieurs occasions les organisations abolitionnistes ont alerté l'opinion nationale et internationale sur le danger de guerre civile que court la Mauritanie à cause de “l’alignement systématique des autorités étatiques sur la position et les intérêts des oppresseurs, et exhorte à l’éradication de l’esclavage foncier qui mine la cohésion sociale du pays”.
Biram Dah Abeid a été incarcéré plusieurs fois, dont la dernière a été en 2001 parce qu'il avait brulé des ouvrages religieux, légitimant l’esclavage provoquant la colère des religieux et de la classe politique. Les autorités avaient menacé d’appliquer la sharia. Face à un pouvoir sourd, sa tactique en manière de politique est caractérisée par des positions tranchantes, des transgressions des tabous et des actions souvent considérées comme hérétiques. C’est pour cela que ses actions ont été systématiquement condamnées par des appels aux meurtres et par des arrestations de ses militants.
Un groupe “LIBEREZ Biram Ould Dah Ould Abeid” créé sur Facebook a déjà 1384 membres.
2 commentaires
étrange que toutes nos associations droit de l’hommistes françaises soient aussi silencieuses sur le sujet.