Des fonctionnaires thaïlandais menacent de viol une activiste anti-coup d'état

Image from Khaosod English

 Kong-udom et Seritiwat, activistes anti-coup d'état (avec une cravate bleue) présentent une lettre à la responsable des droits humains en Thaïlande, Amara, lors de la journée des droits de l'homme. Photo de Khaoson English.

Une étudiante activiste, arrêtée par la police pour avoir interrompu, avec une autre personne, un discours de la Présidente thaïlandaise de la commission nationale des droits humains, accuse deux policiers en civil de harcèlement et de menace de viol.

Natchacha Kong-udom, étudiante à l'université, et Sirawit Seritiwat, membre-clé du Centre Thaïlandais des Etudiants pour la Démocratie (Thai Student Centre for Democracy – TSCD) ont réussi à faire le salut à trois doigts, interdit par la junte, devant les média, le personnel de sécurité et les invités qui assistaient à l'évènement organisé pour la Journée Internationale des Droits de l'Homme à Bangkok le 10 décembre. L'évènement était organisé par la Commission Nationale des Droits Humains (NHRC).

Les manifestants anti-coup d'état ont adopté le salut très populaire de “Hunger Games” après la destitution du gouvernement de Yingluck Shinawatra par les militaires en mai dernier. Les militaires ont interdit les manifestations et la critique publique de la politique de la junte.

Les étudiants ont réussi à montrer des panneaux de protestation comme “Où est la Commission nationale des droits humains quand on sort les fusils?”, “Personne disparue”, “Etes-vous encore en vie”, et “Ne donnez plus d'argent à la NHRC”.

Amara Pongsapich, Présidente de la NHRC depuis 2009, a été prise de court par cette interruption soudaine. Kong-udom et Seritiwat ont été sorties des locaux de la NHRC et amenées au poste de police pour désobéissance à l'interdiction établie par le Conseil pour la Paix et l'Ordre. Selon le Conseil de la junte toute dissidence est susceptible de créer des problèmes pour la sécurité nationale.

Deux représentants de la NHRC ont assisté et observé les échanges entre la police et les étudiantes arrêtées pour les “faire changer d'attitude”. Les étudiantes soutiennent qu'elles ont été forcées à signer un engagement à ne plus participer à des manifestations contre le coup d'état.

De son côté, Kong-udom a déposé une plainte auprès du commissariat de police de Tung Song Hong contre deux hommes qu'elle accuse de harcèlement et de menace de viol lors de l'évènement du NHRC.

interrogatoire de l'étudiante activiste que des policiers en civil ont menacée de viol après qu'elle a fait le salut de protestation à trois doigts au NHRC.

Elle déclare qu'étant suivie à la manifestation du NHRC elle a arrêté l'homme qu'elle soupçonnait de la suivre pour lui demander: “พี่มาทำอะไรค่ะ ตามหนูมาตลอดเลย,” ce qui signifie “Qu'est-ce que tu fais? tu n'arrêtes pas de me suivre”. L'homme lui a répondu: “ก็ตามมาข่มขืนน้องไง,” ce qui signifie “C'est pour essayer de te violer”. La menace a été proférée devant de nombreux témoins, dont des responsables du NHRC et des journalistes.

Sunai Phasuk, chercheur confirmé en Thaïlande pour la division Asie de Human Right Watch, a tweeté sur cet incident le 12 décembre :

Des policiers en civil ont menacé une étudiante activiste de viol après qu'elle a fait le salut de protestation à 3-doigts, à la Commission des Droits Humains de #Thailand

Kong-udom a déclaré à Prachatai, site internet d'information indépendant, que d'autres activistes avaient aussi été suivies par des individus suspects:

Je sais que moi comme d'autres étudiantes activistes avons été suivies pendant un certain temps et bien sûr j'ai peur. C'est une violation de mes droits. Après tout, où est ma sécurité?

This photo of Kong-udom, which was widely shared on social media, shows her making the "Hunger Games" salute as a sign of protest against the Junta government in Thailand

Cette photo de Kong-udom, largement partagée sur les médias sociaux, la montre faisant le salut  “Hunger Games” en signe de protestation contre le gouvernement de  la junte thaïlandaise

Kong-udom, qui est transsexuelle, a été arrêtée une première fois devant un cinéma de Bangkok le 20 novembre pour avoir fait un bref salut Hunger Games.

A l'heure où cet article est écrit, le NHRC n'a toujours pas fait de déclaration sur les faits.

Cet incident est un exemple récent de l'intimidation croissante qui pèse sur les activistes en Thaïlande depuis la déclaration de la loi martiale par les militaires en mai dernier.

Les activistes mettent leur sécurité en danger en organisant des manifestations pacifiques et des activités anti-coup d'état pour demander le retour d'un gouvernement civil par des élections démocratiques, bien qu'ils n'aient reçu ni aide ni déclaration de soutien de la part des principaux partis politiques du pays.

Le harcèlement d'activistes est une preuve supplémentaires de l'aggravation de la situation des droits humains en Thaïlande. Heureusement, ce cas a été rapporté grâce à la persévérance de Thaïlandais qui refusent la répression.

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