Au cœur du Salegy, la musique dominante à Madagascar

Eusèbe Jaojoby

Eusebe Jaojoby, considéré comme le roi du Salegy, en concert avec le “TANA GOSPEL CHOIR” en 2009. Photo sur Flickr de carlos. CC BY-NC-ND 2.0

Cet article de Banning Eyre pour Afropop Worldwide a été originellement publié sur PRI.org le 21 décembre 2014. Il est publié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

N'importe quel soir de week-end au Jao’s Pub, un cabaret-club populaire d'Antananarivo, la capitale de Madagascar, vous trouverez une scène animée : une piste de danse remplie d'hommes et de femmes confortablement habillés, surtout des jeunes, se déhanchant gracieusement au son d'un groupe jouant sur une rythmique en 6/8. 

Occasionnellement, ils s'élancent en un applaudissement rythmé ou rombo. Les chants responsoriaux (technique ‘call-and-response’), puissants et déclamatoires, semblent  se soulever comme le rythme lui-même. Accords d'accordéons où s'entremêlent des phrases de guitares électriques, des pulsations de basse et des rythmes incessants d'où jaillira une symétrie coordonnée. Musiciens et danseurs bougent comme une seule entité.

Si c'est un groupe jeune sur scène, il jouera sans s'arrêter, chaque chanson se transformant en la suivante et prolongeant la transe collective tout au long de la nuit. C'est une atmosphère que vous ne trouverez nulle part ailleurs qu'à Madagascar. C'est le salegy.

Le salegy a été une musique de danse des plus populaires à Madagascar depuis le milieu du 20e siècle. Les gens continuent d'associer cette musique aux régions côtières du nord longeant le canal du Mozambique, en face de l'Afrique de l'Est ; mais aujourd'hui vous pouvez l'entendre partout dans la grande île.

Le salegy est fondé sur des rythmes traditionnels anciens. Il a évolué durant les années d'espérance qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, lorsque toutes sortes de musiques indigènes ont été réaménagées pour des temps nouveaux, modernes. L'un des célèbres vétérans du salegy est Eusebe Jaojoby qui a commencé dans un village en chantant des chansons folks traditionnelles et a chanté dans quelques-uns des premiers groupes de salegy formés dans la ville septentrionale de Diego Suarez.

Le groupe de Jaojoby a continué à faire danser Antananarivo dans les années 1970 puis a acquis une renommée internationale dans les année 90. Aujourd'hui Jaojoby possède et gère le Jao's Pub et son groupe —  ou un groupe de sa famille – y joue chaque samedi soir.

De nos jours, de jeunes stars comme Ali Mourad et Wawa réduisent le son de guitare et augmentent le tempo pour obtenir une sonorité tournée vers les jeunes. Des artistes comme Tence Mena et Vaiavy Chilla vont encore plus loin en fusionnant les sons classiques avec des sons high-tech contemporains d'Afrique, comme coupé-decalé de Côte d'Ivoire et ndombolo du Congo. Ils ont également créé savvy, des vidéo-clips satiriques  qui critiquent la vie moderne de ce pays insulaire vibrant mais politiquement et économiquement tendu.

Les vidéos proposées ici fournissent une riche excursion dans le monde du salegy. Tout d'abord un ensemble de vidéos de concert de Jaojoby au fils des années :

Voici un autre représentant majeur de salegy classique, Lego. Cette vidéo de 2013 débute de façon traditionnelle avec des percussions, un accordéon et des voix :

Pour avoir une idée des racines du salegy, voilà cette vidéo que l'équipe Afropop a filmée à Diego Suarez, dans le nord de Madgascar. Le jeune accordéoniste et chef d'orchestre Candela conduisent ici un ensemble accoustique qui donne un avant-goût de comment la musique peut être sentie sur place. C'est de la vidéo artisanale, pas un enregistrement parfait, mais ce qui manque en moyens techniques fait place à la musicalité et l'esprit.

En ce moment dans la ville de Diego Suarez, de jeunes artistes de salegy lancent un son qu'ils appellent salegy gouma. C'est rapide, stimulant et offre une grande interaction avec le public. Vous le ressentirez un peu grâce à cette vidéo d'Afropop filmée au Jao’s Pub, la discothèque de Jaojoby à Antananarivo. L'artiste est Ali Mourad — parfois appelé Aly Mourady — de Diego Suarez.

Maintenant allons voir le son contemporain de Tence Mena qui est actuellement l'une des chanteuses populaires en vogue à Madagascar. Comme mentionné ci-dessus, Tence Mena a incorporé toutes sortes d'influences musicales d'autres pays, mais il reste possible d'entendre que ses racines sont ancrées dans le salegy.

Aujourd'hui, Tence Mena fait quelques-uns des clips les plus créatifs de Madagascar. Voyez sa chanson “Soa’G.” Ce n'est pas techniquement du salegy, mais cela montre comment cette jeune artiste a repoussé les limites du genre. “Soa” est un jeu de mot autour de swag ou swagger, mais en Malgache, cela signifie aussi bon ou beau. G est “gasy,” comme en Malgache. Le message est d'être fier d'être malgache. Voici la vidéo et elle mérite d'être vue jusqu'au bout !

Au printemps 2014, une équipe de producteurs de PRI Afropop Worldwide s'est rendue sur l'île Madagascar dans l'Océan Indien, voyageant à travers tout le pays pour rassembler du matériel pour une émission radio en 3 parties explorant la culture et la musique unique du pays. Pour avoir un aperçu de l'émission, le producteur d'Afropop Banning Eyre a assemblé ce guide musical au programme central par genre musical, salegy. Pour plus de musique de Madagascar, visitez le site Afropop.org et abonnez-vous aux podcasts d'Afropop.  

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