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Manifestations anti-Kabila en République Démocratique du Congo : 36 morts et brève coupure de l'Internet

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, République Démocratique du Congo (RDC), Catastrophe naturelle/attentat, Dernière Heure, Droits humains, Élections, Manifestations, Médias citoyens, Politique

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Le 19 janvier, la police congolaise a violemment dispersé à Kinshasa des manifestants opposés à une révision de la loi électorale [1] qui aurait permis au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir. 35 manifestants, pour la plupart des étudiants, et 1 policier ont été tués [2]. La ville de Goma a aussi connu des heurts qui se sont traduits par de nombreuses arrestations parmi les milliers de manifestants. M. Kabila cherche à indirectement rallonger son mandat, qui arrive à son terme l'an prochain, en organisant un recensement dont l'exécution prendrait 3 ans. Alors que la constitution interdit au président de se présenter une troisième fois, son mandat actuel serait automatiquement prorogé jusqu'à la fin des opérations du recensement. Peu après les manifestations, l'internet et les SMS par mobiles [3] étaient brièvement coupés en ville, de même que la plupart des écoles étaient fermées. Des dortoirs ont été incendiés pendant les affrontements.

Le gouvernement Kabila argue qu'un recensement est indispensable à la production des listes électorales pour les élections présidentielle et parlementaires de 2016. La très influente Eglise catholique soutient l'exigence de l'opposition de renoncer à toute révision du calendrier électoral prévu. Le projet de révision est examiné en ce moment par le Sénat.

Cette vidéo citoyenne prise par Kininfos le 19 janvier décrit une scène de chaos dans la capitale quand les manifestants essaient de bloquer les rues :

Paul Nsapu, le secrétaire général pour l'Afrique de la Fédération internationale des Droits de l'homme à Kinshasa, est horrifié [4] par les excès des autorités : 

Ces gens ont été tués pour la plupart alors qu'ils s'approchaient pour manifester. Nous n'imaginions pas que le pouvoir agirait comme avec un groupe rebelle.

La vidéo suivante récapitule les événements au long de la semaine passée :

Ida Sawyer, chercheuse de Human Rights Watch pour la RDC, ajoute que [5] la répression contrevient à la libre expression des citoyens : 

Les forces de l'ordre congolaises ont tiré mortellement dans la foule des manifestants. Les gens doivent être autorisés à manifester pacifiquement sans crainte d'être tués ou arrêtés

La coordinatrice du programme afrique du CPJ, Sue Valentine, estime que fermer les communications par internet et SMS dans le pays est une atteinte aux droits fondamentaux des Congolais [3] : 

En fermant les services internet et de messagerie et en bloquant les sites web, les autorités congolaises refusent aux citoyens leur droit fondamental à communiquer et à recevoir et transmettre l'information

Sur son blog Congo Siasa, Jason Stearns explique en quoi ce mouvement de protestation est différent  [6]:

Les étudiants jouent cette fois un rôle beaucoup plus important qu'en 2011. L'épicentre de la contestation a été l'Université de Kinshasa (UNIKIN), qui a été envahie par la garde présidentielle et la police. L'université compte plus de 30.000 étudiants, et il y en a des centaines de milliers à travers le pays. A Bukavu aussi, les étudiants ont été au premier rang des manifestations organisées hier. Dans le passé, la ferveur politique des campus universitaire a souvent été calmée quand les promotions estudiantines ont été cooptées par les élites politiques. Cette fois cela paraît changer.

Joseph Kabila a pris le pouvoir en 2001 après l'assassinat de son père Laurent Kabila. Selon la loi congolaise, la police nationale congolaise est responsable du maintien de la sécurité et de l'ordre public pendant les manifestations. Le chef de la police nationale peut appeler en renfort l'armée régulière si les forces de police sont débordées.