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WhatsApp, Line et Tango menacés en Iran – le président et la justice s'opposent

Catégories: Iran, Médias citoyens, Technologie, Advox

Le futur des services de messagerie instantanée Whatsapp, Line et Tango est incertain depuis une décision de la justice iranienne de filtrer l'utilisation de ces trois applications. Le ministère de la Culture et de l'Education Islamique refuse pour l'instant de commenter la décision rendue le 7 janvier.

Selon les communiqués de l'agence de presse gouvernementale iranienne [lien [1] actuellement non accessible], le jugement était supposé entrer en application à compter du 7 janvier. En Iran, le système judiciaire est indépendant des services du président, et il est placé sous la seule supervision du Guide Suprême, l'Ayatollah Khomenei.

Le 17 janvier, dans une déclaration publique, le ministre de la Culture Ali Jannati a refusé de révéler si le gouvernement avait effectivement mis en place l’interdiction d’utilisation des trois applications concernées – il a toutefois confirmé que ces services étaient alors toujours accessibles aux internautes iraniens. Ali Jannati a également rappelé la position du président Hassan Rouhani, expliquant que les Iraniens devaient avoir un accès libre aux applications de messagerie instantanée, surtout au vu de de leur popularité.

Whatsapp, Line et Tango représentent pour les Iraniens des moyens peu coûteux de contourner [2] [EN] les services de téléphone et de messages, contrôlés par l'Etat, et sont une connexion à la fois entre Iraniens et avec le reste du monde.

Le procureur de Téhéran Abbas Jafari Dolatabadi a reconnu que le filtrage de ces applications était une source de désaccord entre le gouvernement et la justice, tout en confirmant que la police appliquera la décision quoi qu'il arrive. Selon l'agence Mehr News [3] [farsi], les ordres d’exécution ont été transmis par les tribunaux au ministère des Technologies de l'Information et de la Communication, mais les fonctionnaires du ministère ont suspendu l'application de ces ordres jusqu’à ce que le gouvernement et la justice parviennent à un accord.

“Nous devons utiliser un système de filtrage intelligent pour débarrasser ces applications de leurs contenus illégaux, mais leur blocage total serait mauvais” a déclaré Ali Jannati, selon l'agence de presse Fars [4] [farsi].

Les débats sur le filtrage intelligent [5] [anglais] sont récurrents. Cependant, étant donné les obstacles techniques à la mise en place de ce filtrage selon le contenu des messages échangés, il est peu probable qu'une telle approche résoudra le conflit entre les différentes bureaucraties du pays. Malgré le blocage de services comme YouTube, Twitter, et Facebook en Iran, de nombreux Iraniens évitent la censure au moyens de serveurs proxy et d'autre outils de contournement.