Peut-on rire de tout ? Et si on en parlait..

Poster of CoExist via Gallery Hip

Poster of CoExist via Gallery Hip

 Après un tour du monde des initiatives inter-religieuses en 2013-2014, Victor, Josselin, Samuel, Ilan et Ismael – l'équipe d'InterfaithTour – avaient entrepris en juin et juillet 2014 un tour de France pour partager leur expérience.

Ils ont donc été à la rencontre des collectivités locales, des antennes de l'association Coexister, des écoles, collèges et lycées. Ce Tour de France avait été préparé pour s'adresser en premier lieu aux populations des quartiers sensibles où les questions inter-religieuses et interculturelles sont une réalité quotidienne. La volonté de l'équipe était de créer des antennes locales et de promouvoir l'idée de Coexistence Active en proposant un dispositif d'accompagnement. Victor nous raconte :

Chacune de ces rencontres a été une expérience pilote. Elles ont été très concluantes puisque 10 nouveaux groupes Coexister ont été créés et sont aujourd’hui opérationnels grâce à la dynamique lancée par ce tour de France. […] Coexister est également en train de mettre en place un partenariat avec la Fédération Française des Maisons des Jeunes et de la Culture, qui s’occupe des MJCs (Maisons des jeunes et de la culture) en France, afin d’organiser des interventions dans certains départements en fonction de ces structures associatives. Les autres collaborateurs sont les structures dans lesquelles Coexister travaille déjà et où des interventions ont déjà eu lieu dans le cadre de notre programme de sensibilisations. Il s’agit de collèges, lycées, universités et associations, etc.

En plus des interventions en France métropolitaine, Samuel a écrit et publié un livre « Tous les chemins mènent à l'autre ». A l'occasion de sa sortie, Samuel s'exprimait sur RCF :

Nous sommes partis amis, nous sommes revenus frères. C'est la conclusion de notre devise républicaine, c'est un mot qui fait très croyant ou très bisounours. Pour nous, ce n'est pas du tout de ce degré-là. La fraternité, c'est viscéral, c'est urgent.

Citation publiée par Gilbert Covin via Citations à la Une

Citation publiée par Gilbert Covin via Citations à la Une

Le principe de laïcité et la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » ont été très discutés en France suite aux attentats de Paris début Janvier. L'enseignement laïc du fait religieux est au cœur des discussions. Depuis ces événements, l'association Coexister a vu ses demandes d'adhésions et d'interventions augmenter de manière exponentielle.

- Depuis les attentats à Charlie Hebdo et celui d'un supermarché casher à Paris, on parle beaucoup de dialogue inter-religieux/de l'enseignement laïc des faits religieux. Avez-vous remarqué un changement de comportement/réaction de la part du public lors de vos interventions ?

Nous avons [aussi] eu des demandes de jeunes pour créer des groupes là où nous n’en avions pas encore. On observe que nos actions sont plus que jamais nécessaires mais aussi que les gens apprécient que nous soyons un mouvement de jeunes, par les jeunes, pour les jeunes, et que nous regroupions croyants et non croyants ensemble. [Ils] apprécient aussi que nous soyons sur le terrain depuis 6 ans et pas seulement depuis les attentats. Le public nous parle évidemment beaucoup de ces événements, mais ce qui est appréciable, c’est leur volonté de répondre par l’action et la solidarité plutôt que la surveillance et la peur.

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Suite aux attentats, ils ont publié 12 propositions pour ‘le vivre ensemble’. En voici les principales :

  • Faire du 11 janvier une journée de la Fraternité
  • Instaurer un enseignement laïc du fait religieux
  • Agrémenter des associations qui proposent des sensibilisations interculturelles ou interreligieux auprès de l'Éducation Nationale
  • Incuber les entreprises sociales dont l'impact social concerne la cohésion et le vivre-ensemble
  • Rendre le service civique obligatoire
  • Coordonner les associations anti-racistes en particulier contre l'antisémitisme et l'islamophobie
  • Former les professeurs et les enseignants sur les thématiques de la diversité, du vivre-ensemble, de la communication non-violente et du fait religieux.

 – Avez-vous pu discuter de la réaction du public à ces évènements avec vos interlocuteurs à l'étranger rencontrés pendant InterfaithTour ? Quelles étaient leurs réactions ?

Nous avons reçu beaucoup de messages de soutien de la part de nos homologues dans le monde.Tous étaient choqués, mais tous nous ont encouragé à continuer ce que nous faisions déjà. Beaucoup d’entre eux sont allés dans les rassemblements en hommage à Charlie dans leur pays. Nous avons une pensée particulière pour nos amis Danois qui ont souffert du terrorisme après nous, et aussi pour ces 3 musulmans tués aux USA car musulmans à Chapel Hill.

L'année dernière l'équipe évoquait le Burkina Faso et la “parenté à plaisanterie”. Au sein d'une même famille, chrétiens, musulmans et animistes vivent en parfaite harmonie en créant du lien social par le mariage inter-ethnique et donc souvent inter-religieux et en désamorçant les tensions sociales par le rire. A cette occasion l'équipe déclarait “Plaisanter signifie également institutionnaliser les clichés sur l’autre à l’oral, pour se dire tout ce qu’on pense et ne pas retrouver des tensions ou des frustrations dans des couches de populations.”

- Quel est votre point de vue sur cette tradition à l'heure actuelle : jusqu'où peut aller l'humour, où placer la limite entre humour et moquerie ? Avez-vous des exemples d'humoristes qui abordent le sujet du dialogue inter-religieux que vous affectionnez ?

C’est évidemment une question complexe, en particulier au regard de l’affaire Dieudonné. A titre personnel, je pense qu’il ne doit pas y avoir de délit de blasphème, et que la liberté d’expression doit être totale. Pour autant la liberté de conscience et de croyance doit l’être aussi. Je pense que cette vidéo reprend plutôt bien ma vision des choses :

L'Interview de Philip Geluck sur Charlie hebdo:

A l'heure où l'on peut se faire tuer pour avoir parlé d'athéisme au Bangladesh, où l'on peut être accusé de blasphème et d'apostasie, la possibilité même d'avoir ces discussions est une bénédiction. Le dialogue est la clef pour assurer une compréhension et un respect mutuels. L'équipe de Coexister en est plus que convaincue et tient à assurer un dialogue pérenne et évolutif avec les différentes organisations qu'ils rencontrent. Une deuxième équipe prend le relais et poursuivra le voyage. Léa décrit le premier InterfaithTour comme « un pilote d'observation de l’inter-religieux à échelle internationale ». Pour inclure ce projet dans la durée, il est important d'assurer un suivi. Exactement deux ans après le départ de la première équipe, Samir, Ariane, Lucie et Léa reprendront la route. Léa nous parle de la genèse et du contexte de ce deuxième départ.

En quoi ce projet est-il semblable/différent du premier ?

Le projet consiste à pérenniser les efforts initiés par la première équipe, à savoir le recensement des initiatives inter-religieuses et leur mise en réseau. A l'approche académique, nous souhaiterions y adjoindre une dimension journalistique. Très suivie sur les réseaux sociaux, l'initiative a montré un appétit et une curiosité pour le vivre ensemble et la manière dont le concept est vécu dans des cultures et pays différents. La vulgarisation sera donc au centre de notre projet. Nous irons à la rencontre de nouvelles initiatives inter-religieuses. Nous partons pour la même durée, mais nous serons 4 au lieu de 5. Nous serons une équipe mixte, contrairement à la première édition. Notre voyage sera différent au sens que des portes closes pour la gente masculine dans une société patriarcale par exemple, pourront s'ouvrir pour les femmes de l'équipe.

Par un concours de circonstances, la première équipe d'InterFaith se composait uniquement d'hommes et a reçu beaucoup de remarques à ce sujet. Cette fois-ci, même si la volonté de départ était de respecter la parité, l'équipe est, par un autre concours de circonstances, composée majoritairement de femmes. L'équipe compte bien tirer profit de cette présence féminine et Léa nous explique :

Beaucoup nous disent que l’omniprésence de femmes dans le groupe peut représenter une difficulté supplémentaire dans certains pays, notamment au Moyen-Orient. Nous pensons que cela peut nous donner une vision plus complète sur le quotidien des populations que nous allons rencontrer, puisqu’en tant que femmes, Ariane,Lucie et moi aurons accès à des aspects de leur vie auxquels n’aura pas accès Samir, et inversement. Nous aimerions aussi revendiquer la possibilité pour les femmes de voyager dans le monde, dans tous les pays et parmi toutes les cultures, à condition seulement d’être bien organisées et de le faire intelligemment- mais cela vaut pour les deux sexes !

Le départ est donc prévu dans 4 mois. Le 1er juillet, l'InterfaithTour décollera donc pour sa deuxième édition.En attendant, vous pouvez suivre Ariane, Lucie, Léa et Samir sur leur page Facebook :

[…] nous allons lancer notre communication sur les réseaux sociaux 100 jours avant le départ pour créer l’envie de nous suivre chez les internautes.

Souhaitons belle et longue route à ces voyageurs sur les chemins du monde et du dialogue inter-religieux.

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