‘La Chine est ma maison’ : chanson accrocheuse ou lavage de cerveau pour enfants hongkongais ?

Screen capture from the children video "China is my home".

Capture d'écran de la vidéo de la chanson pour enfants “La Chine est ma maison”

La Chine, la Chine est ma mère

La Chine, la Chinese est ma maison

La Chine, la Chine devient plus forte

La Chine, la Chine, je l'aime

Cette chanson pour enfants qui dure trois minutes, et répète en boucle ces quelques paroles, inquiète de nombreux parents à Hong Kong. Elle a figuré deux fois aux réunions hebdomadaires d'une école primaire catholique à Hong Kong, et certains adultes y voient une tentative de lavage de cerveau de leurs enfants à un moment où les relations entre Hong Kong et la Chine sont particulièrement tendues. 

Hong Kong est une région administrative spéciale en Chine et bénéficie d'une grande indépendance par rapport à la Chine continentale. Toutefois Pékin exerce des pressions politiques fortes pour éviter que Hong Kong ne dévie de la ligne politique chinoise. Les gouvernements de Pékin de Hong Kong ne sont pas toujours sur la même longueur d'ondes que les habitants de Hong Kong quand il s'agit de définir la politique du territoire, comme en témoigne les manifestations du mouvement Occupy Central exigeant plus de démocratie, qui ont paralysé le centre de la ville pendant plus de deux mois en 2014. 

En 2012, le gouvernement de Hong Kong avait abandonné des plans visant à rendre obligatoire ‘l'éducation patriotique’, aussi appelée ‘éducation nationale’ et destinée à promouvoir la Chine, dans le cursus des écoles élémentaires suite à une série de manifestations. Ceci n'empêche pas le Bureau pour l'Education de Hong Kong de continuer à soutenir ce programme d'éducation nationale par des financements internes, et de nombreuses écoles ont inclus ce programme de façon officielle dans leur cursus ou en tant que matière optionnelle. 

Suite au sit-in du mouvement Occupy Central, Pékin a poussé Hong Kong à relancer le programme d'éducation nationale. Les groupes de parents et d'élèves militants suivent la situation de près. 

Le directeur de l'école catholique a admis avoir montré la vidéo de la chanson “La Chine est ma maison” à deux reprises en l'espace d'un mois lors d'assemblées scolaires, en disant que les images de la chanson s'accordent au thème du prêche sur la “piété” et la “culture”. Il a insisté qu'il n'était pas au courant des paroles de la chanson et qu'il n'avait pas forcé les enfants à chanter. 

Avec seulement quatre paroles en boucle, difficile de croire quelqu'un qui prétend ne pas être au courant du contenu de la chanson. 

Certains parents du National Education Parent Concern Group [Groupe de parents militants contre l'Education patriotique ] sur Facebook, préparent une lettre adressée à l”école et à l'Eglise catholique de Hong Kong à propos de cette affaire. 

Mok Chi Wai qui écrit sur la plateforme de médias citoyens inmediahk.net analyse de près les rapports entre les membres de l'Eglise catholique et la politique pratiquée par la Chine continentale: 

香港天主教會中,與香港大環境一樣,實在不乏「愛國」人士。而「愛國」分兩種:愛國民主派以及親共派。所謂愛國民主派,即擁有所謂的大中華意識,認為教徒必定要愛國,要了解國情,幫助國家發展,同時支持民主運動,而或多或少不滿共產黨統治。[…] 他們也喜歡把單純而缺乏思考的「愛國」意識,frame成為道德議題。「中國是我的媽媽」,我們是子女,大家有血緣關係,因此要孝敬。質疑「愛國」就變成不孝、不道德。他們或許自稱是「批判地愛國」,但他們的「批判」,也只流於表面。日講「愛國」夜講「愛國」,卻永遠講不清為何要「愛國」、「愛甚麼國」。[…]

另一種,就是投共派。他們基本上不只是愛國,而且也愛黨,相信習近平是好人,西方國家批評中國都是帝國主義作祟。[…]

還有些教會中人,為了要到大陸傳教,或協助中梵建交,因而處處避忌,避免得罪政權。他們當中,有些人是真正用心良苦,而且深明如此做法是有代價的,因此不會處處宣揚,反而謙卑傳教,盡力而為,也不會去批評為義而抗爭者。但有些人卻不同,自覺自己很偉大,也自以為自己的策略很聰明,認為抗爭太愚蠢,不值得為「政治」而犧牲宗教和傳福音之機會。

De même que dans l'ensemble de l'environnement politique à Hong Kong, l'Eglise catholique compte de nombreux patriotes. Il existe deux sortes de patriotes: les patriotes démocratiques et les pro-communistes; Les patriotes démocratiques ont une identité chinoise marquée et pensent que les croyants doivent aimer et comprendre leur pays. Ils doivent participer au développement du pays et soutenir le mouvement démocratique. Certains critiquent le régime du Parti Communiste chinois. […] Ils assimilent le patriotisme à une forme de “moralité”. C'est pourquoi “La Chine est ma mère”, et nous sommes ses enfants — on est lié par les liens du sang et on doit traiter son pays en appliquant le principe de la “piété”. Remettre en question le “patriotisme”, c'est aller contre les principes et donc amoral. Même si ces personnes se considèrent comme des “patriotes à l'esprit critique”, leur critique est superficielle. Ils font en permanence du prêche “patriotique” sans jamais poser de questions. Qu'est-ce qu'on aime en particulier à propos de ce pays? 

Un autre type de patriotes, ce sont ceux qui soutiennent le Parti communiste chinois. Ils ne se contentent pas d'aimer leur pays, ils aiment aussi le Parti. Ils croient au Président Xi Jinping et pensent que toutes les critiques occidentales à propos de la Chine ont des motifs impérialistes. 

D'autres membres de l'Eglise évitent de parler politique parce qu'ils veulent faire du prêche en Chinese continentale ou parce qu'ils soutiennent les liens entre la Chine et le Vatican. Certains sont sincères et sont conscients du prix à payer pour ce silence. Ils font profil bas, et se contentent de prêcher en toute modestie. Ils ne veulent pas s'affronter au pouvoir, mais évitent de critiquer les manifestants. Certains sont fiers de leur travail et pensent qu'ils ont adopté une bonne stratégie. Ils critiquent les manifestants pour leurs batailles ridicules et pensent que les problèmes politiques risquent empêcher la propagation du Christianisme.

Alors que la pression monte pour que le programme d'éducation nationale devienne obligatoire, les divisions et les conflits à l'intérieur de l'Eglise vont se multiplier. Peut-on encore parler d'une séparation de la politique et de la religion ?

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