La multiplication récente en Méditerranée des naufrages de migrants où les noyades se sont comptées par centaines va-t-elle créer davantage qu'une émotion momentanée ? Un petit rassemblement s'est tenu cet après-midi sur la principale place de Strasbourg, à l’appel du Collectif pour une autre politique migratoire, sous forme de die-in : les participants étaient appelés, malgré une pluie insistante, à rester couchés dix minutes de part et d'autre d'une longue banderole énumérant les noms et circonstances de la mort de 17.306 migrants qui ont péri pendant leur traversée, entre 1993 et 2012. Frontex, l'agence européenne chargée de la sécurité et des frontières extérieures, symbolise la politique de fermeture de l'Europe aux migrants et aux demandeurs d'asile qui continuent malgré tous les obstacles et dangers à y chercher avenir ou simple survie.
Petit photo-reportage :
Le collectif d'associations et d'ONG Migreurop a déploré dans un communiqué du 24 avril, annonçant de nouvelles actions :
En ce mauvais jour du 23 avril 2015, le Conseil européen qui devait enfin « agir » sur une situation « dramatique » en Méditerranée, s’est contenté de tenter de mettre l’Union européenne et ses États membres à l’abri des migrants en renforçant la protection de ses frontières.
A ces milliers d’êtres humains, femmes, hommes et enfants qui risquent la mort, et souvent la trouvent, en tentant de rejoindre des lieux pour se reconstruire et vivre, les chefs de gouvernement européens, réunis à grand bruit, n’ont eu qu’un seul message à leur envoyer : « Sécurité ! ». Ils n’ont pas cherché à sortir d’une concurrence entre les Etats membres, essayant chacun de prendre le moins possible des migrants après avoir rejeté tous les autres. Quant au mot « accueil », il ne fait pas partie du vocabulaire des chefs de gouvernement.
Le Sommet extraordinaire du Conseil Européen le 23 avril à Bruxelles, ne fait que refléter la réalité de l'absence de solidarité agissante entre les pays membres de l'Union Européenne dans le domaine des migrations : ils refusent de déléguer cette compétence aux institutions de l'Union et s'accrochent à leurs politiques nationales. Que pèsera le message de ces clandestins [anglais] manifestant à Bruxelles pour que soit donné priorité à l'humanitaire sur le sécuritaire ?