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L'Iran teste un système de censure “intelligente” sur Instagram

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Iran, Médias citoyens, Advox
Censored and accessible pages on Instagram. Images mixed by Mahsa Alimardani.

Pages censurées et accessibles sur Intragram. Montage image par Mahsa Alimardani.

Cette recherche a été conduite et rapportée par Mahsa Alimardani [1] et Frederic Jacobs [2]. Ellery Roberts Biddle [3] a aidé à rédiger ce rapport.

L'Iran est largement connu pour sa censure de divers sites et de réseaux sociaux, mais cette année, le pays va réorganise son filtrage des réseaux sociaux avec une nouvelle approche technique appelée filtrage “intelligent”. Sa cible : Instagram. Pourquoi Instagram ? Parce que c'est techniquement possible sur ce réseau social.

Depuis le mouvement de protestation de 2009, le gouvernement iranien voit Internet comme un espace qui peut faire vaciller la sécurité nationale. Suite à l'agitation de 2009, qui était née avec l'aide des technologies de communication comme Facebook, des blogs actifs, et des webTV de candidats de l'opposition comme Mehdi Karroubi et Mir Hossein Mousavi, le gouvernement avait décidé de centraliser de manière radicale l'Internet, avec pour conséquence des fermetures de sites et des censures sur beaucoup de sites, dont Facebook et Twitter. Les statistiques du gouvernement iranien montrent que 70% de la jeunesse iranienne [4] [français], tranche d'âge majoritaire dans le pays, contournent ces filtres avec des outils adaptés.

Coincées par leur politique de censure qui est à la fois massive et inefficace, les autorités iraniennes essayent maintenant de reprendre le contrôle d'Internet avec la mise en place d'un filtrage “intelligent”, une technique qui consiste à trier le contenu d'une plateforme de réseau social, sans appliquer un blocage sur la totalité du site web. Ce premier exemple de filtrage intelligent sur les réseaux sociaux a récemment été mis en place sur l'application Instagram.

Pour cette recherche à petite échelle, nous avons étudié les aspects techniques de ce processus du mieux que nous pouvions, observant les techniques mises en place par les censeurs iraniens pour bloquer des pages individuelles et des types particuliers de contenu sur la plateforme. Nous avons aussi essayé de déterminer à quels endroits du réseau iranien ce filtrage avait lieu. Enfin, nous avons comparé le blocage des pages sur Instagram avec les sites associés sur Internet, pour mieux comprendre comment le gouvernement perçoit les menaces sur les différents supports qu'offre Internet.

Contrairement à ce qui se raconte, nous avons trouvé très peu de figures politiques ou d'activistes dont les pages étaient bloquées. La page d'individus comme Kambiz Hosseini, bien connu pour ses talk-shows satiriques Parazit et Poletik, visibles uniquement sur les chaines satellites illégales ou sur des plateformes interdites dans le pays comme youtube.com ou radiofarda.com, sont accessibles sur Instagram. D'autres pages politiques comme celle de la Maison blanche, ou celle appartenant au dissident emprisonné Hossein Ronaghi [5] [anglais], sont elles aussi visibles sur Instagram, tandis que celles d'autres célébrités comme Justin Bieber ou Kim Kardashian ne le sont pas. Cela suggère que les autorités iraniennes ne considèrent pas Instagram comme une plateforme politique pour les dissidents.

Imprisoned activist Hossein Ronaghi's Instagram page is accessible, while his website is filtered. Screenshot of his Instagram page.

La page Instagram de l'activiste politique emprisonné Hossein Ronaghi est accessible, alors que son site est victime du filtrage d'Internet. Capture d'écran de sa page Instagram.

Qu'est ce que le filtrage “intelligent”, exactement ?

L'Iran expérimente une nouvelle manière de contrôler Internet : les autorités s'infiltrent elle-mêmes dans les réseaux sociaux pour surveiller plus efficacement et censurer le contenu page par page, plutôt qu'à grande échelle. Le cas d'Instagram illustre très bien cette manœuvre : c'est la première (et la seule, à notre connaissance) application du filtrage intelligent des réseaux sociaux en Iran. En décembre, 2014, le ministre des Technologies d'information et de communication Mahmoud Vaezi [6] [farsi] a déclaré que le filtrage intelligent était dans sa phase d'expérimentation, et qu'il bloquait pour l'instant les contenus immoraux et criminels. La police d'Internet d'Iran, Gerdab, a néanmoins constaté [7] [farsi] que ce filtrage intelligent ne marchait pas sur les sites qui utilisaient un protocole SSL. En d'autres termes, ce filtrage ne marche que si les utilisateurs accèdent à un site à travers HTTP – s'ils utilisent HTTPS, un protocole qui crypte les données qui circulent sur le réseau, le système ne peut pas voir ce qui est envoyé, et ne peut donc pas identifier le contenu problématique.

Le gouvernement a indiqué vouloir construire une infrastructure d'Internet national plus solide et utiliser des technologies sophistiquées pour la surveillance et la censure en ligne. Un exemple de cette volonté est le projet Ankaboot, un logiciel qui est une sorte d'”araignée” qui indexe les pages, utilisé pour surveiller et collecter des informations qui circulent sur le web. Des outils comme Ankaboot suggèrent que les autorités sont résignées à l'idée que les utilisateurs iraniens d'Internet continuent à se connecter sur des sites américains avec des outils de contournement, même lorsque des alternatives locales sont disponibles.

En annonçant [8] [anglais] le lancement d’Ankaboot, les Gardiens de la Révolution ont expliqué que le programme identifierait des activités qui poussaient à la “corruption” et incitaient à vivre à l'occidentale. Les officiels ont déclaré que l'outil s'appliquerait à Instagram, Viber et WhatsApp, applications dans lesquelles certaines sources affirment que les “likes” seraient surveillés pour identifier des potentiels hors-la-loi. Cela indique un souhait général de garder ces plateformes accessibles pour les iraniens, tout en contrôlant la manière dont elles sont utilisées.

La recherche

Nous avons conçu un programme pour faciliter la détection de comptes Instagram filtrés, en se basant sur une liste de comptes que nous savions déjà être filtrés. Nous avons testé un échantillon de 15.238 comptes, un nombre assez réduit mais qui peut tout de même nous apprendre des choses. Toutes les mesures présentées ici ont été collectées mi avril [8], les résultats pourront donc varier en fonction de la période et de la localisation géographique.

Nous avons construit notre échantillon à partir de ces pages que nous savions bloquées, incluant celles du chanteur américain @justinbieber [9],  de @khatamifans [10] et @therichkidsoftehran [11], ainsi que quelques pages de l'élite iranienne, non bloquées mais très populaires. Sur les 15.238 pages testées, un total de 983 pages étaient bloquées. Pour comprendre le type de contenu que les censeurs iraniens visent sur l'application Instagram, nous avons pris un échantillon de 78 pages bloquées et de 55 non bloquées. Ensuite, nous avons catégorisé et recoupé cette liste avec des sites internet appartenant aux mêmes utilisateurs.

Notre recherche a montré que le contenu Instagram était filtré avec Deep Packet Inspection [12] [français] sur le serveur principal du site d'Instagram, qui héberge et envoie des contenus pour l'application mobile d'Instagram. Ce filtre sélectif est possible car les données envoyées ne sont pas cryptées entre les serveurs d'Instagram et l'application mobile. Sans cryptage, les autorités peuvent aisément voir les données qui circulent sur le réseau, et censurent celles qu'elles considèrent non conformes.

Quand nous avons essayé d'accéder à un compte bloqué par l'application Instagram, il nous a été renvoyé un message d'erreur de chargement. Nous nous sommes trouvés face à la fameuse page M5-8 [13] [anglais], que les iraniens rencontrent chaque fois qu'ils essayent d'accéder à un site web censuré. Il semble que les comptes soient bloqués sur un unique identifiant qui n'est pas le nom de l'utilisateur du compte. Les tests prouvent qu'en changeant le nom d'utilisateur, on ne contourne pas le blocage. Même quand des comptes ont été supprimés du site, l'URL conduit toujours à la page M5-8. Cependant nous n'avons rien trouvé qui nous permette de prouver que le filtrage du contenu Instagram se fasse par mots clés ou par hashtag.

Nous avons transmis ce que nous avions trouvé à l'équipe sécurité de Facebook, qui est maintenant en charge d'Instagram. Quelques jours après notre rapport, Instagram a publié une mise à jour de l'application permettant de charger les profils utilisateurs, les timelines et le contenu via HTTPS, y compris dans l'application mobile.

Ce qui est bloqué sur Instagram: la mode, le commerce, Justin Bieber

46 des 78 pages bloquées appartiennent à des magazines de mode, des mannequins, des photographes, et autres structures ou personnes liées à l'industrie de la mode. Les pages de Vogue et VICE font partie des comptes bloqués. Tandis que le site web de Vogue est aussi bloqué en Iran, le site de VICE, i-d.vice.com, semble en revanche être accessible là-bas. Nous avons trouvé cette même incohérence entre la page Instagram officielle et le site web sur plusieurs marques de designers.

On peut accéder à des sites comme Burberry, Gucci, et Jimmy Choo, mais leurs comptes Instagram sont, eux, bloqués. La raison pour laquelle certaines marques de créateurs sont bloquées tandis que d'autres sont accessibles n'est pas très claire, mais un premier coup d’œil aux posts partagés sur les pages de mode de Chanel et Michael Kors montrent qu'elles sont plus conservatrices que d'autres marques. Nous étions plus perplexes en découvrant que les filtres autorisaient l'accès à la page Calvin Klein [14] [anglais]. La marque est connue pour ses mannequins qui posent en sous vêtement, découvrant largement la peau – y compris Justin Bieber, dont la page Instagram est bloquée en Iran.

Iran's filtering system does not block content from the Instagram pages for Calvin Klein, a label notorious for its skin-bearing models. Screenshot of Calvin Klein's official Instagram page.

Le système de filtrage iranien ne bloque pas le contenu de la page Instagram de Calvin Klein, une marque connue pour ses modèles dont on voit largement la peau. Capture d'écran de la page officielle de Calvin Klein.

Les stars occidentales sont aussi une cible. Les pages appartenant à des célébrités comme Madonna, Rihanna, Beyonce, Jennifer Lopez, Kim Kardashian et d'autres membres de la famille Kardashian sont bloquées.

Le point commun entre les pages des célébrités et celles des magazines de mode semble l'accent mis sur les femmes, qu'on voit souvent habillées de façon provocante. L'exception ici est Justin Bieber [9], la seule célébrité masculine que le filtre bloque. Les célébrités ayant des comptes Instagram bloqués ont aussi leurs sites web bloqués, hormis quelques cas comme celui de la joueuse de tennis Serena Williams.

Une poignée d'autres pages bloquées mettent en avant des femmes habillées de manière provocante comme @boobs_n_vodka, et des pages privées en farsi comme @khoshtipmr [15], qui peut se traduire par “beaux garçons”, qui montre des hommes iraniens issus de différentes parties de l'Iran, parfois torses nus. La description de cette page dit : “Les lois de la République Islamique d'Iran imposent un blocage des commentaires politiques. Nous ne postons pas de photos sans hijab [voile islamique].” La page n'a pas été mise à jour depuis décembre 2014. Peut-être un bon indicateur de la date à laquelle elle a été bloquée.

The Instagram page for @khoshtipmr is now blocked, and has a disclaimer in the bio that says ""

La page Instagram de @khoshtipmr (ou “beaux garçons”) est maintenant bloquée, et sa description dit: “Les lois de la République Islamique imposent un blocage des commentaires politique. Nous ne postons pas de photo sans hijab”.

D'autres pages bloquées sont celles de célébrités iraniennes qui vivent en exil, comme le rappeur Shahin Najafi [16] et l'actrice Golshifteh Farahani [17]. Leurs sites Internet sont aussi bloqués. Nous pouvons supposer que ces pages sont visées car ils ont tous deux pris des positions contre un grand nombre de normes politiques et sociales en Iran.

Dans cet échantillon, nous avons aussi découvert quatre comptes bloqués qui faisaient du commerce en Iran via leur page Instagram, donnant un contact e-mail direct ou un téléphone pour les iraniens qui auraient voulu acheter la marchandise proposée. Par exemple, @tehranmedia vendait des coques de téléphone portable, disponibles via un numéro Viber. Le compte est en farsi, avec 61.000 abonnés et de 300 à 400 likes par post.

Les pages @khatamifans et @therichkidsoftehran étaient déjà des pages connues pour être censurées sur Instagram. The Rich Kids of Tehran [Jeunesse dorée de Téhéran] a été censurée en Octobre 2014, et le site conservateur weblognews.ir [18] [anglais] avait expliqué qu'il avait été bloqué à cause de son contenu “vulgaire”. Le compte de Mohammad Khatami, lui, est bloqué depuis Février 2015, date où la justice a annoncé que toute mention du très populaire ancien Président serait supprimée des médias iraniens. Le blocage de son compte Instagram a été rapporté pour la première fois par les utilisateurs de Twitter le 5 avril. Encore une fois, au vu des décisions que les autorités ont prises contre Mohammad Khatami et The Rich Kids of Tehran, nous pensons que ces comptes sont eux aussi sous un filtrage intelligent.

Les pages Instagram de l'activiste emprisonné Hossein Ronaghi, la Maison Blanche, la BBC iranienne, le journal Kaleme, journal affilié à la Révolution Verte, la chaine américaine conservative Fox News et Global Voices sont tous accessibles, bien que leurs sites soient bloqués en Iran. A souligner que nous avons découvert pour la première fois en avril de cette année que la version HTTP de Global Voices était bloquée en Iran [19].

Il y a aussi quelques exemple de blocages de personnages politiques ou d'activistes. Quelqu'un comme Kambiz Hosseini, connu pour ses talk-shows Parazit et Poletik qui sont regardés sur les satellites illégaux ou sur des plateformes bloquées dans le pays comme youtube.com ou radiofarda.com, sont accessibles sur Instagram.

BBC Persian, well known for its censored webpage often provides news updates on its Instagram. This page is not blocked.

La BBC iranienne, bien connue pour sa page internet censurée, publie souvent ses nouvelles informations sur Instagram. Son compte Instagram n'est pas bloqué.

Toutes ces trouvailles montrent une incohérence générale dans la politique iranienne de filtrage. Tandis que de nombreux personnages publics et entreprises ont leurs comptes Instagram bloqués, les pages web associées sont quand même accessibles. Peut-être est-ce dû à la mise en valeur des images sur Instagram, tandis que les sites mettent plutôt l'accent sur les textes et autres contenus. Mais en général, la population que l'on trouve sur Instagram est une population jeune, et c'est peut-être la raison pour laquelle les autorités iraniennes se soucient autant de ce qu'ils pourraient voir sur Instagram, et la propagation potentielle d'idées allant contre la morale et les normes de la société.

Tout ceci suggère que les autorités iraniennes ne voient pas Instagram comme une plateforme pour les dissidents politiques. Elles sont plutôt inquiètes des images immorales et nuisibles, des représentations provocantes des femmes principalement, mais aussi parfois des hommes

Réduire le “nuisible” tout en préservant des bénéfices

Il y a eu énormément de discussions concernant la politique de filtrage de ces réseaux sociaux populaires. Le journal en ligne Young Journalists Club [20] [Club des jeunes journalistes, farsi], affilié a la télévision gérée par l'état iranien, a cité dans un article des experts locaux qui suggèrent que le filtrage intelligent est nécessaire pour censurer Internet de manière plus efficace, étant donné qu'un filtrage général a conduit les iranien à utiliser des outils de contournement en masse. La logique générale, ici, selon Hamed Alvandi, l'un des experts cités, est de “traquer tout ce qui est anti-islamique, immoral et contre le gouvernement.” En effet, le but est de créer une technologie qui scannerait le web et censurerait ces pages individuelles. Mais il semble que ces annonces ne tiennent pas vraiment compte de l'infrastructure technique que nécessiterait un tel filtrage.

Le concept de filtrage intelligent est apparu pour la première fois pendant la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, quand une page Facebook a été créée pour le Guide Suprême Ali Khamenei en 2012. Cela a conduit beaucoup de gens à se demander si les autorités n'étaient pas en train de repenser leur politique en terme du filtrage de Facebook et Twitter. Par la suite, des radicaux d'Iran, comme le chef de la Police Esmail Ahmadi Moghadam, ont défendu la notion de filtrage dans le contrôle des réseaux sociaux [21] [farsi], plutôt que de les censurer totalement. De cette manière, comme il l'a souligné, tout “le contenu nuisible dans les réseaux sociaux pourra être évité, et en même temps, les gens pourront bénéficier de tout ce qui est utile à voir sur ces réseaux.”

L'administration actuelle a fait beaucoup de promesses et de déclarations à propos de l'ouverture d'Internet. L'administration d'Hassan Rouhani a réussi à empêcher la mise en oeuvre de décisions prises par les instances les plus radicales du gouvernement [22] [français], y compris des décisions judiciaires, qui devaient bloquer des applications mobiles populaires comme WhatsApp, Line et Tango.

Avec le protocole HTTPS, le filtrage intelligent ne va pas durer

Avec l'adoption du protocole HTTPS par Instagram dans ses mises à jour les plus récentes, nous pensons que les technologies employées par le filtrage intelligent vont devenir obsolètes. Actuellement, il ne reste que quelques possibilités de filtrage, comme le filtrage basé sur des images (plutôt que par utilisateur), étant donné que les images sont envoyées par HTTP par le réseau d'Instagram. Cela devrait permettre d'éviter qu'une image nuisible soit publiée sur le compte d'un utilisateur, tout en laissant disponibles le nombre d’abonnés, la biographie, les “like” et les commentaires des images, tous envoyés via HTTPS. Mais quand Instagram aura basculé toutes ses activités sur HTTPS, les options de l'Iran seront beaucoup plus limitées. Cela les forcera a choisir entre bloquer totalement l'application, ou laisser faire.

Mahsa Alimardani [1]est experte du filtrage d'Internet en Iran et chercheuse à l'Université d'Amsterdam. Elle est aussi l'éditrice de Global Voices pour la partie iranienne. Frederic Jacobs [2] est un expert en sécurité et un développeur à Open Whisper Systems [23].

Dans les jours qui viennent, nous publierons un rapport plus étendu sur nos recherches et les procédures techniques que nous avons utilisé pour obtenir ces données. Vous pouvez déjà jeter un œil à quelques uns de nos documents ci dessous. Une question ? Contactez-nous sur Twitter :  @maasalan [24] et@FredericJacobs. [25]

Sur notre échantillon

This is a sample of some of our findings.

Extrait de notre échantillon. La liste complète sera publiée bientôt.

Définition des catégories de comptes

The categorization used to parcel through our blocked content.

Nous avons créé 14 catégories de contenu bloqué.