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Les apatrides de République dominicaine : l'histoire de Juliana Deguis

Catégories: Amérique latine, Caraïbe, Haïti, République Dominicaine, Développement, Droits humains, Ethnicité et racisme, Médias citoyens, Politique
Haitian workers are transported to the Dominican Republic. (CC BY 2.0) [1]

Des travailleurs haïtiens sont transportés en République dominicaine. (CC BY 2.0)

Cet article a été écrit par Nicki Fleischner et publié initialement sur le site de NACLA [2], un partenaire de Global Voices. Une version de l'article est reproduite ci-dessous.

En septembre 2013, la Cour suprême dominicaine a rendu un jugement qui dans les faits a déchu de leur nationalité plus de 200 000 Dominicains de descendance haïtienne. Dans “La Sentencia” (voir l'enregistrement audio ci-après), Radio Ambulante raconte l'histoire d'une personne parmi tant d'autres affectées par la décision, celle de Juliana Deguis, femme née en République dominicaine dont la vie reflète la situation vulnérable des personnes de descendance haïtienne et les nombreuses épreuves qu'elles vivent au quotidien.

Suite à la décision rendue par la Cour suprême dominicaine en 2013, NACLA a enquêté sur la manière dont la sentence s'inscrivait dans une perspective plus large d'”antihaitianismo” ou sentiment anti-noir et anti-haïtien qui est non seulement “profondément enraciné en République dominicaine” mais a également été attisé par le néolibéralisme [3] ces dernières décennies. Historiquement, le nationalisme dominicain repose sur un rejet catégorique des origines africaines du pays [3] au profit de son ascendance coloniale hispanique blanche; une distinction imposée par les dirigeants politiques dominicains et les élites [4]. Une telle construction de l'identité nationale se traduit dans la société dominicaine actuelle par des positions anti-immigration. En 2001, l'expulsion de Dominicains d'origine haïtienne a atteint de tels sommets que la Commission des droits de l'homme des Nations Unies l'a assimilée à du profilage racial. [5]

L'idéologie raciste est exacerbée par les disparités économiques et politiques entre les deux pays. En 1987, Micheal S. Hooper, avocat de réfugiés haïtiens, a écrit un article pour NACLA qui examine les problèmes socioéconomiques du pays et la manière dont cela a précipité l'immigration en République dominicaine. [6] De telles disparités économiques associées à des vagues d'immigration ont engendré une situation extrêmement tendue le long de la frontière [7] entre les deux pays.

Pour plus d'informations sur les relations entre Haïti et la République dominicaine, lisez l'article de Todd Miller pour NACLA [en anglais] sur la militarisation croissante [8] de la frontière haïtiano-dominicaine.