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De nouvelles frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Israël, Palestine, Guerre/Conflit, Médias citoyens

PLUS: Gaza secouée par des explosions, après que des habitants ont rapporté le survol de la zone par des avions israéliens à basse altitude

Tous les liens mentionnés dans l'article renvoient vers des pages en anglais.

Trois explosions ont été entendues dans la bande de Gaza suite au déclenchement par Israël de plusieurs frappes aériennes. Ces frappes sont venues en réponse au lancement de roquettes par une groupe rival du Hamas lié à l'Etat Islamique, nommé les “Brigades Omar”. Selon les médias israéliens [4], les roquettes des Brigades Omar sont tombées dans des espaces ouverts, dans la région de Sdot Negev, sans faire de dommages. Un communiqué de l’Armée de l'air israélienne fait état de frappes israéliennes sur trois éléments “d'infrastructure terroriste”, sans plus de détails sur ces opérations. Le Hamas a par la suite confirmé qu'un de ses terrains d'entrainement militaire avait été touché par un missile.

D'après RT [5], le Hamas avait tué un leader salafiste seulement quelques jours auparavant, puis avait accusé les Brigades Omar de vouloir provoquer un conflit ouvert avec Israël. Alors que le gouvernement israélien a reconnu le fait que le Hamas n’était pas derrière les tirs de roquettes vers son territoire, il n'a pas expliqué pourquoi ses frappes avaient ciblé des infrastructures du Hamas. Selon Reuters [6], “les témoins et le personnel médical affirment que les attaques ont eu lieu juste avant l'aube, sur deux camps appartenant au Hamas – qui contrôle la bande de Gaza – et visant également le groupe Djihad Islamique, moins important. Ces attaques ont fait quelques dégâts mais aucune victime.”

Le porte-parole des Forces de Défense israéliennes confirme dans un communiqué que l’Armée de l'air a visé 3 “infrastructures terroristes” dans la bande de Gaza.

Heureusement, personne n'a été blessé dans les frappes. Comme d'habitude, au moment où les bombes tombent sur leur ville, les sentiments perçus par les habitants de Gaza oscillent entre la peur et l’anxiété. Les tweets suivants ont été postés par Shaima Ziara [9], Omar Ghraieb [10], Mohammed Omer [11] et ‘Farah Gazan [12]‘.

ENORME explosion à Gaza à l'instant ! Je peux entendre le bruit de F16 en vol, il s'agit donc probablement d’Israël 2h32

J'en tremble encore.. Les F16 sont revenus ! Gaza

Des avions d'Israël ont largué des bombes près d'Al Maqousi zone résidentielle très densément peuplée Gaza

Je m'appelle Gaza et on me bombarde. Quelqu'un m'entend ?

3h19 heure locale et Gaza est en train d’être bombardée !

Des f16 volent en permanence au-dessus de Gaza et viennent de larguer des bombes ! J'ai même pu entendre le bruit d'un missile qui tombait.

Certains ont cependant décidé de conclure leur live-tweet sur une touche d'optimisme:

Malgré les frappes aériennes et le traumatisme, les gens sourient toujours et sont prêts à commencer une nouvelle journée! Bonjour au monde entier! Je suis Gaza.

Le soleil s’élève lentement, c'est un nouveau jour qui arrive et les oiseaux chantent, oubliant l'horreur de la nuit qui vient de s'achever, Gaza

Puisque les violations du cessez-le-feu par les Palestiniens font toujours la une, alors que celles des Israéliens sont rarement ne seraient ce que rapportées, sans même parler d'une sanction quelconque, il est important de mentionner ces dernières au nom du principe d’équité.

Comme l'a écrit Dan Cohen [24] dans un article récent [25] pour Mondoweiss, “les Palestiniens de la bande de Gaza vivent, depuis la fin de la guerre de l’été dernier, un cessez-le-feu à sens unique.”. Entre janvier et mars 2015 seulement, on compte jusqu’à 67 tirs, six incursions, 16 blessés et un mort causés par les violations israéliennes du cessez-le-feu.

Le Middle East Monitor et Maan News ont répertorié [26] les incidents majeurs par mois et par type d'incident. Parmi les plus notoires, les attaques régulières visant les pêcheurs, les agriculteurs et les manifestants de Gaza.

Par ailleurs, comme l'a représenté Visualizing Palestine [27] dans une infographie publiée [28] par Electronic Intifada, il y a eu 191 violations israéliennes de la trêve entre le 22 novembre 2012 (date du cessez-le-feu négocié par les Égyptiens) et le 7 juillet 2014 (début de la dernière guerre israélienne à Gaza) – contre 75 violations du côté palestinien. 10% des 191 attaques israéliennes ont occasionné des morts et 42% des blessures, contre 4% de blessures pour les attaques palestiniennes et aucun mort. L'infographie évoquée vient compléter un autre visuel d’Al Jazeera [29].

Les attaques et violations du cessez-le feu du fait d’Israël, c'est la routine – même quand il n'y a pas de roquettes [lancées sur Israël, NDLT], comme entre janvier et mars.

A la suite de la récente guerre à Gaza en 2014, et après un accord par les deux parties sur un respect des conditions pour un cessez-le feu, Israël et les factions palestiniennes se sont mis d'accord sur une trêve à durée indéterminée le 26 août. Comme nous l'avions précédemment rapporté [32], et selon les Nations Unies [33], 72 % des Palestiniens tués pendant l'offensive sur Gaza étaient des civils, et environ un tiers [34] des enfants blessés vivront avec un handicap permanent. Un tiers [35] de la population de Gaza, soit plus de 520 000 personnes, a été déplacé; 279 389 de ces personnes se sont réfugiées dans 83 écoles gérées par l'ONU. Le nombre total de victimes a été de 2 137 chez les Palestiniens, dont 72 % de civils et plus de 500 enfants; et de 72 pour les Israéliens, dont 8 % de civils.

En ce qui concerne les conditions mentionnées dans l'accord de paix, elles sont les suivantes [32] :

“Les termes de l'accord de paix à appliquer immédiatement comprennent: la fin des hostilités de la part des deux camps; l'ouverture du point de passage de Rafah entre Gaza et l'Egypte. Le transfert de la gestion des frontières de Gaza du Hamas à l’Autorité Palestinienne, la reconstruction de Gaza en coordination avec l’Autorité Palestinienne et les donateurs internationaux y compris l'Union Européenne, la réduction de la zone de sécurité bordant l’intérieur des frontières de Gaza de 300 m à 100 m, l'extension de la zone de pêche pour Gaza de 3 milles nautiques (4,8 km) à 6 milles nautiques (9,6 km). Le droit international prévoit 12 milles nautiques (19,3 km).

Les conditions à long terme, sujettes à négociation, sont: qu’Israël relâche les centaines de prisonniers palestiniens kidnappés en juin après le meurtre de trois adolescents juifs en Cisjordanie; la libération, comme exigé par l’Autorité Palestinienne, des prisonniers palestiniens purgeant des peines longues; Israël réclame tous les corps et effets personnels de ses soldats tués à Gaza; le Hamas souhaite la construction d'un port de haute mer à Gaza permettant la libre circulation des biens et des personnes; le Hamas souhaite le dégel de fonds permettant le paiement des salaires de 40 000 policiers, employés du gouvernement et autre personnels administratifs qui attendent ces salaires depuis l’année dernière; les Palestiniens demandent que l’aéroport de Gaza, construit en 1998 et détruit en 2000 par Israël, soit reconstruit.”

Il est difficile d'estimer de manière convenable le “succès” de l'accord de paix puisque la plupart des termes “immédiats”, sans même mentionner ceux de plus long terme, n'a jamais été realisés. Comme l'a expliqué l'ancien président américain Jimmy Carter lors d'un récent voyage dans la région [37]: “La situation à Gaza est intolérable. Huit mois après une guerre dévastatrice, pas une seule maison n'a été reconstruite et la population ne peut pas vivre dans le respect et la dignité qu'elle mérite”, en référence au manque d'efforts réels de reconstruction à Gaza. De plus, la frontière avec l'Egypte n'a été ouverte que pendant quelques jours [38] depuis l’été dernier. Selon la Coalition Internationale pour les Libertés et les Droits [39] (ICFR) 10 habitants de Gaza [38] sont morts alors qu'ils attendaient l'ouverture par l'Egypte de sa frontière avec Gaza.

A lire également sur Global Voices Checkdesk (un projet de fact-checking conjoint entre Global Voices Online et Meedan):

La tension monte à Gaza dans un contexte de violations du cessez-le-feu par Israël et de lutte Hamas-EI [40] 

Pour participer à Checkdesk, merci de contacter notre éditeur Moyen-Orient et Afrique du Nord Amira Al Hussaini [41], Faten Bushehri [42] ou moi-même [43].