
Des fleurs déposées en hommage aux victimes sur les lieux de l'atroce attentat de vendredi. Photo publiée par Farah Samti sur Twitter.
Les Tunisiens dénoncent les failles dans le dispositif public de sécurité, qui n'a pas su empêcher l'attentat commis dans une station balnéaire près de Sousse, à 140 kilomètres au sud de la capitale Tunis.
Le 26 juin, un homme armé identifié par la suite comme étant Seifeddine Rezgui, 23 ans, a ouvert le feu sur des touristes étrangers qui se doraient sur la plage, avant de les pourchasser autour de la piscine et dans le hall de l'hôtel Imperial Marhaba, tuant 39 personnes et en blessant 38. Le lendemain, des comptes de médias sociaux affiliés à l'EI ont revendiqué l'attaque.
L'attentat de vendredi suivait de presque quatre mois celui perpétré par deux autres tueurs armés de kalachnikovs au musée du Bardo dans la capitale, qui avait causé la mort de 23 touristes étrangers et d'un policier.
Sur les médias sociaux, les Tunisiens accusent l'incompétence des autorités et du gouvernement face aux menaces à la sécurité émanant des extrémistes violents, groupes ou individus.
La journaliste tunisienne Asma Ghrbi a tweeté le jour de l'attentat :
The lesson #TNgov should've learnt from #Bardo is that touristic sites are targeted but it did not. Hence today's #sousseAttack &maybe more
— أسمى غريبي (@AsmaGhribi) June 26, 2015
La leçon que le gouvernement tunisien n'a pas tirée du Bardo est que les sites touristiques sont visés. D'où l'attentat de Sousse d'aujourd'hui, et peut-être d'autres à venir
#TNGOV has never had a clear strategy to halt militant insurgency. It has only resorted to fruitless ad hoc measures. Even Nida Tounes 1/2
— أسمى غريبي (@AsmaGhribi) June 26, 2015
Le gouvernement tunisien n'a jamais eu de stratégie claire pour stopper l'insurrection extrémiste. Il n'a recouru qu'à des mesures ponctuelles sans effet. Même Nida Tounes 1/2
which campaigned on an anti-terrorism platform has failed. One can argue that it actually did worse than the previous post-uprising govts2/2
— أسمى غريبي (@AsmaGhribi) June 26, 2015
qui a fait campagne sur une plate-forme anti-terroriste a échoué. On peut dire qu'il a même fait pire que les précédents gouvernements post-révolution 2/2
Papillon tweeted:
2 attentats en 4 mois à 2 endroits censés être sous haute surveillance. Près de 60 morts. 0 démissions. Aucune remise en question du gvt.
— Papillon (@Papiillon) June 27, 2015
Pire encore. Le pouvoir se replie sur lui même, accuse la petite opposition et veut impliquer le peuple dans la lutte anti-terrorisme.
— Papillon (@Papiillon) June 27, 2015
Après le Bardo, aucune leçon n'a été retenue. Rien n'a changé. Ce qui faisait de l'attentat de Sousse une évidence.
— Papillon (@Papiillon) June 27, 2015
Pour Kaïs, les forces de sécurité ne sont pas entraînées aux opérations de contre-terrorisme, et souligne que leur mission a toujours été de contrôler la population.
on est vraiment pas prêts pour ça. nos flics ne sont pas formés pour protéger les citoyens et les touristes ni à lutter contre le terrorisme
— kaïs (@MKais) June 27, 2015
nos flics ont depuis tjr été formés pour contenir une population désarmée et à la mater pas à la protéger. le terrorisme leur est étranger
— kaïs (@MKais) June 27, 2015
Wafa Ben Hassine dit la même chose :
Govts like my own are the best at suppressing freedoms in the name of terrorism but the worst in actually protecting us from it. #Tunisia
— Wafa Ben Hassine (@ousfourita) June 26, 2015
Des gouvernements comme le mien sont les meilleurs pour réprimer les libertés au nom du terrorisme mais les pires pour nous en protéger vraiment.
Mais comment le tireur a-t-il pu s'armer dans un pays qui a le plus faible taux de possession d'armes à feu au monde ?
Je vois des gens se demander comment le terroriste a-t-il pu accéder à la plage. C'est une plage. C'est par définition ouvert.
— Heger (@heger_) June 27, 2015
Le gars endoctriné et armé, s'il veut tuer, tuera, peut-importe qu'il y ait un flic derrière chaque civil.
— Heger (@heger_) June 27, 2015
Là où l'action est efficace est à ce niveau: pourquoi est-il endoctriné? comment est-il armé?
— Heger (@heger_) June 27, 2015
Les internautes ont aussi fustigé les déclarations des officiels et leur déni. Quelques heures après l'attentat de vendredi, le président Beji Caïd Essebsi a appelé à l'union nationale et reproché aux critiques du gouvernement de “s'en prendre à l'Etat tunisien et à sa sécurité”.
La rédactrice en chef du Huffpost Tunisie, Monia Ben Hamadi, a qualifié la déclaration d'Essebsi de “délirante”.
La 1ere décla de BCE après l'attaque était délirante, à la lumière d témoignages elle est dangereusement horrifiante http://t.co/zB9BbYPgdy
— Monia Ben Hamadi (@MoniaBH) June 28, 2015
Pour sa part, le premier ministre Habib Essid a annoncé des mesures prises à la suite de l'attentat de Sousse, parmi lesquelles le déploiement de réservistes de l'armée dans les stations balnéaires et sur les sites archéologiques, et la fermeture des mosquées incontrôlables. Des dispositions dont l'efficacité ne convainc pas tout le monde.
Les mesures annoncées par Essid auraient dû être prises 3 ans plus tôt. Je ne suis pas sûre de leur efficacité aujourd'hui.
— Sarah Ben Hamadi (@Sarah_bh) June 27, 2015