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Les pays du Golfe, nouveaux “dragons” orientaux de l’économie ?

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Europe de l'ouest, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, France, Qatar, Economie et entreprises, Relations internationales
Nasser Al Khelaifi, président du PSG CC-BY-NC  [1]

Nasser Al Khelaifi, président du PSG avec Lucas  CC-BY-NC

C’était la petite surprise du dernier rapport sur la compétitivité du World Economic Forum pour la période 2014-2015 : les Émirats Arabes Unis gagnaient 7 places, se hissant au rang de 12ème mondial. Ce rapport [2], souvent attendu dans le monde économique, se base sur de nombreux critères tels que l’innovation, le marché de l’emploi ou encore la santé. Les Emirats Arabes Unis ainsi que le Qatar (16ème position) se retrouvent donc derrière le trio de tête que forment la Suisse, Singapour et les Etats-Unis mais devant le Canada ou la France. A l’orée de l’exposition universelle de Dubaï en 2020 et au vue des excellents résultats des entreprises du Golfe (notamment leurs compagnies aériennes), quel rôle et évolution peut on attendre de cette partie du monde ?

Une région économiquement stabilisée

Inutile d’abord d’insister sur la manne financière évidente que sont les ressources en hydrocarbures des pays du Golfe. Ces réserves permettent ainsi aux pays de la région de disposer de fonds gigantesques afin de soutenir des initiatives économiques. Et c’est justement ces initiatives qui font toute la solidité de l’économie de la péninsule. Malgré un cadre politique parfois instable (notamment lors des mouvements des révolutions arabes qui ont pu toucher le Bahreïn), la plupart des experts économiques saluent un cadre institutionnel et des aménagements d’infrastructures au rendez-vous des ambitions économiques et des volontés d’innovation. Évidemment, tout n’est pas rose dans les pays du Golfe, mais ces derniers développent de plus en plus une classe moyenne, signe incontestable de la bonne santé économique d’un pays.

Une économie performante et tournée vers le futur

Cette bonne croissance et stabilité des pays du Golfe fait généralement le bonheur des investisseurs du monde entier. Cependant, les derniers résultats des compagnies aériennes ont mis les géants européens traditionnels et leurs actionnaires dans l’embarras : leur marché se développe à vue d’oeil et commence à grappiller le pré-carré des grandes entreprises européennes comme Air France-KLM ou Lufthansa.

Cette vitalité économique va alors toucher de nombreux secteurs économiques et on surprend même certains grands investisseurs du Golfe à être à la pointe de l’innovation et de l’investissement dans divers domaines. L’élite économique de cette région est déjà bien consciente qu’elle base sa richesse sur une ressource tarissable : le pétrole. Nimer Abou Ali, responsable d’une étude Middle East and North Africa Cleantech déclarait ainsi début 2014 : “” L’Arabie saoudite et les Émirats arabes Unis ont d’importantes ressources financières à leur disposition pour les investissements dans les énergies renouvelables.” . Les Emirats se fixent ainsi un objectif de 5% d’énergie provenant du solaire d’ici 2020, et commencent déjà à penser à une exploitation plus intelligente des hydrocarbures. Des projets de centres permettant la synergie des intelligences concernant l’exploitation du pétrole commencent déjà à fleurir, à l’image de l’Energy City au Qatar fondé par l’homme d’affaires Esam Janahi.

Des investisseurs regardant vers l’Europe : Nasser Al-Khelaïfi, Esam Janahi …

Évidemment, les puissances financières ne se contentent pas d’investir dans leurs pays, mais sont à l’origine de reprises ou futures reprises de nombreux joyaux européens et notamment français : Les magasins Printemps, le club de foot Paris-Saint Germain racheté par le groupe Qatar Sport et présidé par Nasser Al-Khelaïfi. Cette boulimie de rachats en Europe par les Qataris est également accompagnée de l’importation de concept et symbole européen par les investisseurs du Golfe eux-mêmes. Ainsi, nombre d’entre eux importent dans leurs pays le concept des universités et écoles à l’européenne, à l’image de la British School of Bahrain fondée par Esam Janahi ou de la British Univeristy of Dubai lancée à l’initiative de la Al Maktoum Fondation.

Dépasser l’horizon économique

Mais finalement, que se cache réellement derrière ces dollars et ces promesses d’un futur radieux ? Tout simplement de nombreux challenges pour cette région si prometteuse. Outre des évolutions démocratiques demandés avec plus ou moins d’insistance par les dirigeants occidentaux, les pays du Golfe doivent dépasser la simple collaboration sur le pétrole qu’incarne l’OPEP. Souvent liés par des intérêts de politique étrangère (notamment la volonté de contrecarrer l’influence grandissante de l’Iran au Moyen-Orient), les pays du Golfe auraient tout intérêt à développer une alliance stratégique et diplomatique formelle dépassante des simples ententes de ressources sur des hydrocarbures. Cette évolution soutiendrait vertueusement une stabilité économique, permettant peut-être de remonter encore le classement du World Economic Forum …