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BAKE, l'association de blogueurs kenyans

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Kenya, Cyber-activisme, Liberté d'expression, Média et journalisme, Médias citoyens, Technologie
James Wamathai, one of the founders of BAKE. Photo used with his permission.

James Wamathai, un des fondateurs de BAKE. Photo utilisée avec sa permission.

[Tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais]

L'association des blogueurs du Kenya [1] (BAKE) est une organisation communautaire qui représente un groupe de créateurs de contenu en ligne kényans. Elle est à l'origine de divers projets, comme la formation au numérique, les Blog Awards du Kenya, ou le site de journalisme citoyen Kenya Monitor [2].

Le groupe organise aussi le Bloggers Camp 2015, une conférence qui encourage les relations communautaires entre les blogueurs du Kenya et qui aura lieu en septembre 2015.

Le mois dernier, BAKE a publié un rapport complet sur l'état des blogs et des réseaux sociaux [3] au Kenya. Le rapport montre que les Kényans ont commencé à bloguer en 2003, avec Mental Acrobatics [4] créé par le ‘parrain’ des blogs kényans, Daudi Were. Le premier compte Twitter du Kenya a été enregistré en mars 2007 par @kamuiri. Il y a actuellement 4,3 millions de Kényans sur Facebook, 1,2 million d'utilisateurs Twitter et 15,000 blogs référencés.

Le rapport montre qu'il existe une pression grandissante de la part des autorités pour contrôler les blogueurs. Au moins cinq Kényans ont été poursuivis en justice à cause de ce qu'ils ont publié en ligne.

Corrie Kisilu a pris contact avec James Wamathai [5], un des créateurs de BAKE, pour discuter de l'organisation.

Corrie Kisilu (CK): Quand a été créée BAKE?

James Wamathai (JW): BAKE est née en 2010 [6] lorsque Kennedy Kachwanya [7] a proposé l'idée d'une association de blogueurs à un petit groupe de blogueurs kényans. Ils se sont ensuite rassemblés et ont formé ce qu'on connait maintenant sous le nom de l'Association des Blogueurs du Kenya (BAKE).

CK: Qui sont les fondateurs de BAKE et comment vous êtes-vous tous rassemblés?

JW: BAKE a été créée par 42 personnes et les plus connus sont Kennedy Kachwanya, Robert Kunga, Martin Gicheru, Rayhab Gachango, Njeri Wangari, Rebecca Wanjiku, Kahenya Kamunyu, Conrad Akunga et moi-même. C'est Kennedy Kachwanya qui a commencé les discussions.

CK: Pourquoi BAKE ? Pourquoi pas une autre plateforme pour les awards ?

JW: En 2012, BAKE a eu l'idée des Kenyan Blog Awards [1] qui pourraient agir comme un mécanisme de récompense et de reconnaissance pour les blogueurs kényans exceptionnels, quel que soit le thème de leur blog.

Quatre ans plus tard, c'est devenu une compétition qui attire des parrainages d'organisations comme, entre autres, Airtel, Hivos Foundation, Intel, Samsung ou Microsoft. Il y a maintenant plus de 1 800 inscriptions à la compétition et plus de 150 000 votants.

Les prix ont également été un catalyseur pour la croissance des blogs et grâce à eux, beaucoup de nouveaux blogs se sont inspirés des gagnants des Blog Awards.

CK: Combien de membres compte BAKE ?

JW: Nous sommes 500 membres et environ 2 000 amis. Les premiers ont payé des frais d'adhésion et le reste a simplement enregistré leur blog chez nous.

CK: En tant que fondateur de BAKE, d'après vous quels sont les défis que doit surmonter l'association ?

JW: De ne pas avoir assez de fonds pour financer nos activités, en particulier notre formation au numérique. Nous avons commencé à nous installer dans d'autres villes que Nairobi l'année dernière, et nous l'avons fait dans 15 villes, mais il reste encore beaucoup de travail à faire.

CK: Et pour les blogueurs ?

JW: Les blogueurs n'ont pas assez de fonds pour progresser, surtout s'ils décident de faire de leur blog un business.

Certains blogueurs ont également eu des problèmes légaux après avoir froissé des personnes puissantes dans leurs publications, comme Allan Wadi et Abraham Mutai [8].

CK: Est-ce que les écrivains doivent remplir des critères pour rejoindre BAKE ?

JW: Ils doivent simplement être des créateurs de contenu partagé en ligne, original et factuel.

CK: En tant que fondateur et membre de BAKE, qu'est-ce que vous considérez être sa plus grande réussite ?

JW: Nous avons formé plus de 1 500 personnes sur la création de blogs, les réseaux sociaux et la gestion d'une communauté en ligne.

En cinq ans, nous avons réussi à augmenter de plus de 5 000 personnes le nombre de créateurs de contenu numérique au Kenya.

Depuis quatre ans nous avons organisé avec succès les Blogs Awards. Ceux-ci représentent les efforts de BAKE pour la promotion des créations de bonne qualité.

The cover of The State of Blogging and Social Media in Kenya 2015 Report.

La couverture du rapport sur l'état des blogs et des réseaux sociaux au Kenya en 2015.

CK: Il y a une expression qui dit “si vous voulez cacher quelque chose à un Africain, mettez-le dans un livre”. Que fait BAKE pour encourager la lecture au Kenya?

JW: Je ne pense pas que les Kényans ne lisent pas. Ce stéréotype est perpétué injustement par des personnes qui n'ont aucune donnée pour prouver leurs dires. Les blogs sont beaucoup lus au Kenya, et le développement des librairies de rue prouve que les Kényans lisent vraiment. Quant à la qualité des livres, c'est autre chose. Mais ils lisent.

CK: A part pour concourir à des prix, est-ce que BAKE, ce groupe pour les créateurs de contenu en ligne, est utile aux blogueurs ?

JW: Nous entraînons les blogueurs à être de meilleurs créateurs en ligne.

Nous responsabilisons les blogueurs en les liant avec de la publicité de marques, grâce à notre branche commerciale Bloggers Media Limited (BML).

CK: Quels sont les futurs projets pour BAKE, au Kenya et en Afrique ?

JW: Nous voulons étendre nos ateliers de formation au numérique aux 47 régions du Kenya.

Nous voulons créer une académie numérique pour transmettre des compétences numériques aux jeunes Kényans qui cherchent à être employés ou à commencer un business dans le domaine numérique.

Nous voulons créer des Blog Awards Universitaires pour encourager et récompenser les créateurs qui sont étudiants à l'université.

Nous voulons créer plus de filiales dans les universités pour pouvoir soutenir directement les jeunes créateurs de contenu en ligne. Nous en avons actuellement dans deux : l'Université de Daystar et l'Université de Kimathi.

En Afrique, nous souhaitons aider à la création d'associations de blogueurs dans chaque pays puis créer des liens qui permettront d'unir les Africains et de raconter leur histoire.