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“Ils ne peuvent pas prendre notre drapeau!”: Madagascar indigné par les Jeux des Iles de l'Océan Indien 2015

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Asie du Sud, Comores, Île Maurice, Madagascar, Maldives, Mayotte, Réunion, Seychelles, Médias citoyens, Relations internationales, Sport
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Marthe Ralisinirina levant le drapeau de Madagascar lors de la cérémonie de remise des médailles aux Jeux des Iles de l'Océan Indien 2015. (Capture d'écran à partir d'une vidéo)

Les Jeux des Iles de l'Océan Indien 2015 [2] à La Réunion étaient censés être une célébration de la camaraderie et de l'esprit sportif. Mais il est fort probable qu'on se souviendra de ces jeux pour les multiples incidents organisationnels et affronts nationaux apparents qui ont déclenché une indignation patriotique et des accusations de néocolonialisme de la part du pays hôte.

Les Jeux des Iles de l'Océan Indien existent depuis 1976. Un évènement multisport qui se tient tous les quatre ans entre les athlètes de sept pays de l'Océan Indien—l'Ile Maurice, Seychelles, Comores, Madagascar, Mayotte, La Réunion, Maldives—les jeux s'efforcent de promouvoir la coopération régionale, développer le sport et renforcer la compréhension mutuelle dans le même esprit que les Jeux olympiques. Cependant, la plupart des observateurs diraient que l'édition 2015 des Jeux a très peu contribué à atteindre le dernier de ces objectifs.

La pagaille la plus frappante a eu lieu le 7 Aout à la suite d'une cérémonie de remise de médaille en athlétisme, et a déclenché des appels à la résistance patriotique à travers la communauté en ligne à Madagascar (“Ils ne peuvent pas prendre notre drapeau [3]!” à la William Wallace [4]). La malgache Marthe Ralisinirina, championne du 3000m steeple, est montée sur le podium pour recevoir sa médaille d'or, levant le drapeau de son pays au dessus de sa tête. Catherine Paoli, membre du comité organisateur, a couru vers le podium et a arraché le drapeau des mains de Ralisinirina. Voici la vidéo de l'incident:

Catherine Paoli a expliqué plus tard [5] que le règlement officiel interdit le déploiement de tout drapeau outre le drapeau Olympique à ce stade de la cérémonie. Le drapeau a été rendu à Marthe Ralisinirina après la remise des médailles.

Mais l'explication de Catherine Paoli n'a pas aidé à apaiser l'affront perçu au symbole national de Madagascar. Et l'incident a provoqué plus de colère [6] lorsqu'on a découvert que le drapeau français a été affiché lors de la cérémonie de remise des prix pour les athlètes de Mayotte [7].

Screen Capture of  athletes from Mayotte raising the French flag at medal ceremony [8]

Capture d'écran des athlètes de Mayotte levant le drapeau français lors de la cérémonie de remise des médailles

La situation de Mayotte a causé des polémiques avant même le début des Jeux. Mayotte est un territoire français (comme l'île de La Réunion), mais fait également partie de l'archipel des Comores,  un compromis a déjà été décidé, où les athlètes de Mayotte seraient présentés sous le drapeau et l'hymne Olympiques. Cependant, le comité des Jeux a annoncé que pour l'évènement 2015 que les athlètes de Mayotte joueraient sous le drapeau français et l'hymne nationale français serait diffusé lorsqu'ils sont présentés dans le défilé de présentation. Les Comores ont réagi à cet affront en se retirant de la compétition. [9]

Après l'incident avec les Comores, un nouveau protocole a été rapidement introduit interdisant tous les drapeaux et hymnes lors des cérémonies des médailles. Dans un évènement sportif qui est censé mettre en valeur la fierté nationale, la décision a laissé beaucoup d'observateurs perplexes. Comme le dit Nassimah Dindar, membre du Conseil Régional de La Réunion:

Au nom de quoi peut-on demander à des sportifs français, mauriciens, maldiviens, malgaches, seychellois, ou, s’ils étaient présents, comoriens, de camoufler leurs symboles nationaux alors même qu’ils en sont les porte-drapeaux et qu’ils font la fierté de leurs concitoyens ?

Autres affronts à l'équipe de Madagascar : le fait que plusieurs athlètes malgaches n'ont pas reçu leur visa à temps [7] pour assister aux jeux et que des membres de la famille des athlètes se sont vus refuser l'entrée à la cérémonie d'ouverture. Certains officiels malgaches se sont vus refuser l'accès au stade [10]. Des athlètes de Maurice et Seychelles se sont également vus refuser l'accès au cafétéria dédié aux athlètes.

L'indignation a été suffisamment grande en ligne pour qu’une pétition [11] demandant des excuses formelles de la part du gouvernement français et le retrait immédiat de Madagascar des jeux soit créée.

La pétition et le tollé général ont obligé le gouvernement de Madagascar à demander des excuses officielles [3] de la part des organisateurs des Jeux et du gouvernement français.

Le 7 Aout, les organisateurs des Jeux des Iles de l'Océan Indien ont envoyé une lettre d'excuses formelles au [12] ministre malgache du sport.