La Russie interdit la diffusion d'un discours de Alexey Navalny, leader de l'opposition

Un discours prononcé par Alexey Navalny (à droite) durant son procès vient d'être interdit en Russie. Image de Kevin Rothrock.

Un discours prononcé par Alexey Navalny (à droite) durant son procès vient d'être interdit en Russie. Image de Kevin Rothrock.

Les censeurs russes ont interdit une série de vidéos politiques sur YouTube qui mettent en scène des appels à l'activisme anti-Poutine. Ont notamment été interdits des enregistrements du discours de clôture que le leader d'opposition Alexey Navalny a prononcé en décembre 2014 lors de son procès, alors qu'il était accusé de fraude et de blanchiment d'argent — il avait finalement écoppé de 3,5 années de prison avec sursis. Le procès avait été très critiqué car perçu comme une attaque contre Navalny, dont le discours de clôture fut un réquisitoire vigoureux contre le régime de Poutine. Les censeurs ont également interdit la vidéo d'une manifestation à Nizhny Novgorod soit-disant organisée contre “Poutine et les occupants du Kremlin”.

Fin décembre 2014, alors que Moscou attendait de savoir si Navalny serait envoyé en prison, l'opposition et l'Etat se sont livrés à une véritable course médiatique. Des activistes ont commencé à faire de la publicité pour une manifestation non autorisée hors des murs du Kremlin, et la performance passionnée de Navalny au tribunal a fourni une parfaite source d'inspiration pour les vidéos promotionnelles de la manifestation.

Les responsables de la censure ont tout d'abord fait pression sur Facebook pour qu'il bloque la page principale de l'événement de la manifestation, mais Moscou a ensuite rapidement soit perdu de l'influence sur le réseau social, soit décidé de changer de tactique. En guise de remplacement, les pages Facebook d'événements ont commencé à se multiplier ; alors que devenait plus probable la tenue d'un rassemblement illégal juste au dehors du Kremlin, prévu pour le 15 janvier 2015, la court annonça contre toute attente son verdict de suspension de peine le 30 décembre 2014, supprimant l'apparent besoin d'une manifestation de masse deux semaines plus tard. Comme l'affirme Ilya Klishin de TV Rain dans une récente chronique sur Slon.ru, “à la fin, les supporters de Navalny ne servaient qu'à utiliser les réseaux sociaux américains [Facebook et Twitter] pour savoir pourquoi si peu de personnes avaient pris part au rassemblement du 15.”

La répression gouvernementale de cette semaine contre deux douzaines de vidéos YouTube cible avant tout les contenus liés à la manifestation de décembre 2014 qui n'a pas vraiment eu lieu. Cela fait plus de huit mois que le procureur général de Russie a ordonné l'interdiction de ces pages, mais ce n'est que récemment que Roskomnadzor, l'organe de censure du Kremlin, les a ajoutées à sa liste de sites internet illégaux. Selon Rublacklist.net, il est fréquent que les censeurs “oublient [les ordres du procureur général] et ne traitent les requêtes que des mois ou même une année après que les procureurs les aient soumises, essayant de résoudre le problème avec des services spécifiques, sans devoir bloquer les sites.”

Roskomnadzoz a agi aujourd'hui en accord avec une demande formulée par les procureurs en décembre dernier. Grâce aux amendements passés en 2013, le procureur général de Russie est autorisé à ordonner le blocage immédiat de toute ressource en ligne à partir du moment où il est considéré qu'elle contient des éléments “extrémistes”. Roskomnadzor a pour mission de mettre en oeuvre ces décisions. 

Vadim Ampelonsky, l'attaché de presse de Roskomnadzor, a déclaré à Roem.ru qu'il n'y avait aucun danger que les Russes perdent totalement l'accès à YouTube, bien que le service utilise le protocole HTTPS, dont les censeurs ont récemment affirmé qu'il nécessitait le blocage d'un site dans son entier et pas seulement d'une seule de ses pages.

 

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