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Guinée: Que faut-il attendre des candidats à la présidentielle sans programme?

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Guinée, Élections, Médias citoyens, Politique
Les opérations d’affichage des listes électorales provisoires via  Jacob Kpézé Guilavogui CC-BY-40

Les opérations d’affichage des listes électorales provisoires via
Jacob Kpézé Guilavogui CC-BY-40

La Guinée (Conakry) s'achemine vers une élection présidentielle qui aura lieu le 11 octobre. Cette élection est attendue avec impatience par les citoyens Guinéens, en effet les élections de 2010, premières élections libres depuis l'indépendance, ont été entachées d'irrégularités [1]et de considérations ethniques.
Toute la blogosphère du pays est en effervescence. Quelques utilisateurs des réseaux sociaux ont réactivé une association dénommée l’Association des Bloggeurs de Guinée (ablogui). Ils ont ouvert des pages sur Facebook pour échanger leurs opinions. Leur objectif fondamental [2] est de réformer le discours politique, en poussant les candidats à parler de leurs programmes et non de leur ethnies.

Le 10 septembre 2015, en coïncidence avec le début de la campagne électorale, @ablogui [3]a lancé une plateforme de comparaison des programmes des 8 candidats appelée GuinéeVote. Mais au jour du 6 Octobre, seulement deux candidats ont partagé leurs programmes politiques sur la plate-forme, ainsi que l'actuel président Alpha Condé, qui est candidat à sa réélection et qui a annoncé récemment sa candidature sur les réseaux sociaux. Les cinq autres n'ont pas communiqué leurs programmes pour le pays, ce qui entrave les efforts des citoyens pour les élections plus transparentes.

Fodé Kouyaté Sanikayi, president d’ Ablogui, explique l'importance de partager son programme [4] dans le contexte politique actuel en Guinée:

En fin de compte, on ne vote pas des programmes, mais plutôt des personnes. Les partis ont été incapables de faire une divulgation adéquate de leurs programmes, ils ne savent pas mobiliser les citoyens autour de leurs objectifs de sorte qu’il est plus facile de jouer la carte du communautarisme, celle de l’appartenance ethnique. Voilà les raisons de notre l’initiative de changer le discours politique. Des discours simplistes et bon marché qui font appel aux différences ethniques, en aggravant les antagonismes, qui conduisent souvent aux tensions et même à la violence, nous voulons une comparaison des contenus des programmes proposés, forçant les politiciens à être plus constructifs en essayant de convaincre leurs électeurs dans l’exercice cohérent du pouvoir.

La Guinée est composée de plusieurs groupes ethniques dont les Peuls et les Mandinka qui representent les 2/3 de la population.

Interactive Map of Guinee election monitoring  plateform [5]

Snapshot of Map of Guinee election monitoring platform

Dans leurs blogs, chaque blogueur essaie de trouver des points de vue originaux pour parler de cette tournée électorale. Par exemple, Diakite Ibrahima Kalil, compare les hommes politiques à des commerçants. Voici comment il explique son opinion [6] sur son blog personnel:

Voici la figure d’analogie Commerce = Politique :

Leader politique = Commerçant

Projet de société = Marchandise

Electeurs = Clients

Vote = L’achat effectué par les clients

Pouvoir = Bénéfice

Campagne électorale = Publicité

Fustigeant le comportement de certains candidats qui refusent de communiquer leurs programmes ou négligent l'importance de la plateforme des blogueurs guinéens, guineevote.com, Diakite Ibrahima Kalil continue [7]:

Dans d’autres pays ce genre d’initiative serait appuyé très convoité non seulement par les potentiels partenaires mais aussi par les politiques, puisque c’est un canal qui permet de divulgation de leurs intentions et projets chose qui peut séduire le maximum d’électeurs à travers le web à cette époque de nouvelle technologie et d’interconnexion, c’est de l’e-campagne. Mais depuis son lancement, beaucoup de ces candidats n'ont pas encore transmis leurs programmes…

Faire connaître son projet c’est en quelque sorte se faire des obligations solennelles qu’on aura à remplir une fois au pouvoir. Mais celui qui ne fait pas connaître son projet ne veut pas avoir d’obligation envers le peuple, moi je dis [si] une telle personne devient président, vous n’aurez rien à lui reproché quoi qu’il fasse puisqu’il n’y a pas eu de contrat entre vous, il n’a pris aucun engagement. Disons donc que le projet de société est un engagement pour un leader politique à réaliser les attentes du peuple une fois au pouvoir.