Comment la Tchétchénie combat les recruteurs de Daech

Чеченский лидер Рамзан Кадыров. 27 мая, 2008. Фото Сергея Л. Лойко. CC 2.0.

Le président tchétchène Ramzan Kadyrov jouant avec un tigre dans son zoo privé. 27 mai 2008. Photo Sergueï Loïko. CC 2.0.

Alors que Moscou agit militairement en Syrie, l'agenda de la Russie dans ce pays du Moyen-Orient fait couler beaucoup d'encre dans le monde entier. On se demande si le soutien du Kremlin au président Bachar El-Assad est compatible avec la lutte de l'Occident contre Daech, même en incluant la possibilité de laisser le président syrien au pouvoir. Et si certains mettent en question la motivation de la Russie à lutter contre l'Etat islamique en Syrie, nul ne peut nier la campagne qu'elle mène à domicile contre les groupes extrémistes. Cette semaine, Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la Tchétchénie, République qui fait partie de la Fédération de Russie, a rappelé à chacun à quoi ressemble cette guerre.

Dans un message sur VKontakte (le réseau social le plus populaire en Russie), Kadyrov partage une brève vidéo où l'on voit une douzaine d'hommes debout en rang, la tête basse. Kadyrov prend la parole en langue tchétchène tout en les désignant d'un geste accusateur. Un homme âgé suivi d'une femme âgée, en pleurs, les prennent à partie avec colère. Ils les montrent du doigt. Ils crient. Ils se couvrent le visage de leurs mains.

Ces Tchétchènes ont été convaincus de recrutement pour Daech sur les réseaux sociaux, et les gens âgés qui leur crient dessus sont des personnes de leur famille ou des chefs de clans locaux. Kadyrov présume aussi que ces individus ont été dénoncés à la police par leurs propres familles.

Я встретился с родственниками молодых людей, выступавших в соцсетях в поддержку Иблисского государства. Также пригласил имамов и глав населённых пунктов. У всех заблудших, уважаемые и глубоко религиозные родители, которые искренне осуждают поступки сыновей. Родители однозначно заявили, что растили сыновей в надежде на то, что они станут опорой в семье, будут истинными мусульманами и достойными гражданами. Они подчеркнули, что им не нужны такие сыновья, предавшие семьи, родных, близких, ислам и народ.

Один из юношей искал слабохарактерных, слабоумных ровесников и агитировал выехать в Сирию. Он рассылал сообщения, в которых содержались угрозы представителям власти и их семьям.

Я еще раз заявил, что в Чечне нет места тем, кто даже смотрит в сторону Иблисского государства. Самое главное, что родители тесно сотрудничают с духовенством и органами власти. При подозрительном поведении сыновей, они сразу же ставят в известность полицию и глав администраций. Это позволяет предотвратить худшие последствия.

J'ai rencontré les familles de jeunes qui ont exprimé leur soutien au groupe Etat islamique sur les réseaux sociaux. J'ai également reçu des imams et des chefs de villages. Tous ces jeunes paumés ont des parents respectables et profondément religieux, qui jugent avec sincérité la conduite des leurs fils. Leurs parents m'ont tous juré qu'ils les avaient élevés dans l'espoir que ceux-ci deviendraient le soutien de leur famille, de vrais musulmans et de bons citoyens. Ils m'ont déclaré qu'ils n'avaient pas besoin de fils qui trahissent leur famille, leurs parents, leurs proches, l'islam et le peuple.

L'un de ces jeunes a recherché des gens de son âge faibles de caractère et d'esprit, et les a poussés à partir en Syrie. Il a diffusé des messages qui contenaient des menaces aux représentants des autorités et à leurs familles.

J'ai réaffirmé qu'il n'y a pas de place en Tchétchénie pour ceux qui regardent du côté de l'Etat islamique. Le principal, c'est que les parents collaborent avec les autorités religieuses et civiles. S'ils ont des soupçons quant aux agissements de leurs fils, ils les communiqueront aussitôt à la police et à l'administration. Cela permettra de prévenir des conséquences plus graves.

On connaît l'extrême réactivité de Kadyrov sur les médias sociaux. Il a 1,2 million de followers sur Instagram (son compte est désormais fermé aux utilisateurs non abonnés) et plus de 235 800 abonnés sur VKontakte. Il prend souvent en photo des personnes accusées d'extrémisme islamique devant leurs parents et des chefs de clan. Ainsi, en juin 2015, il a mis en scène de la même façon des parents courroucés à côté d'une douzaine de jeunes hommes coupables d'obliger leur femme à porter le voile (les femmes tchétchènes portent habituellement un foulard sur leurs cheveux, qui ne cache pas leur visage).

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