Ayotzinapa : neuf questions encore en suspens un an après la disparition des 43 étudiants

Manta de los 43 colocada en la Normal de Ayotzinapa. Foto: Francisco Cañedo, SinEmbargo.

Bannière en mémoire des 43 étudiants disparus dans l'école d'Ayotzinapa. Photo: Francisco Cañedo, SinEmbargo.

Cet article a été publié à l'origine sur Sin Embargo, et est reproduit ici dans le cadre de notre partenariat.

Il y a un an, quarante-trois étudiants disparaissaient après avoir été détenus et kidnappés par la police dans la ville d'Iguala, au sud du Mexique. Selon le rapport final des autorités, ils auraient été enlevés par un groupe criminel qui les aurait assassinés et incinérés avant de disposer de leurs corps dans une déchèterie proche. Des doutes subsistent encore quant à cette conclusion.

1. Qui étaient ces étudiants ?

Ils étaient de jeunes adultes provenant de familles pauvres qui étudiaient à l'école normale rurale d'Ayotzinapa, un établissement connu pour son activisme politique, afin de devenir professeurs. La majorité d'entre eux entamaient  leur première année et n'avaient passé que quelques mois au sein de l'école située à 125 kilomètres au sud d'Iguala dans l'état mexicain de Guerrero.

2. Que s'est-il passé à Iguala ?

Les normalistas (élèves professeurs) d'Ayotzinapa avaient l'habitude de détourner des bus sur les routes pour leurs manifestations. En septembre dernier, ils en interceptèrent un aux alentours d'Iguala et accordèrent au chauffeur de laisser descendre ses passagers à la station de bus, d'après les experts de la Commission interaméricaine des droits de l'homme.

3. Les 43 étudiants étaient-ils à bord du bus ?

Non, moins de dix d'entre eux étaient présents. À la station, le chauffeur les enferma dans le véhicule. Emprisonnés, ils appelèrent leurs amis à l'aide. D'autres normalistas arrivèrent à bord de deux bus et prirent le contrôle de trois autres véhicules, en bombardant un troisième à coup de pierres.

4. Est-ce pourquoi la police les a suivis ?

La police mexicaine tolère depuis des années le détournement de cars afin d'éviter des violences. Le 26 septembre à Iguala, une intense course-poursuite se produisit : la police municipale tira des coups de feu, tuant six personnes et en blessant quarante autres avant de remettre les quarante-trois étudiants au cartel Guerreros Unidos.

5. Les six personnes tuées étaient-elles aussi étudiantes ?

Seules trois d'entre elles l'étaient. Le bus d'une équipe de football junior, “Los Avispones” a été attaqué également. Le conducteur, un joueur de quinze ans et le passager d'un taxi sont morts au cours de l'attaque.

6. Pourquoi la situation a-t-elle aussi mal tourné ?

D'après les déclarations de certains détenus plus tard, ils auraient pensé que des membres d'un groupe criminel rival, Los Rojos, se trouvaient parmi les étudiants. Les experts de la Commission interaméricaine des droits de l'homme pensent également qu'un autre élément a pu entrer en jeu : de la drogue ou de l'argent sale se trouvait peut-être à bord de l'un des bus à l'insu des étudiants, puisque le trafic de drogues est important entre Iguala et Chicago.

7. Pourquoi des doutes subsistent-ils quant à la découverte des corps à la déchèterie, alors que deux étudiants ont été identifiés ?

Bien que les détenus affirment que les jeunes gens ont été incinérés, et que le cabinet d'avocats du district parle d'un sac dans lequel se trouvaient les dépouilles, les spécialistes argentins engagés par les familles des victimes ne confirment pas cette version des faits, n'ayant pas été sur place au moment de la découverte du sac. D'autre part, les experts de la Commission interaméricaine des droits de l'homme ont écarté la possibilité d'un grand feu sur les lieux du crime.

8. Sera-t-il un jour possible d'identifier les dépouilles ?

Difficilement. Les experts ont retrouvé 60 000 morceaux calcinés, dont 17 avec la plus grande chance de contenir de l'ADN ont été envoyés à un laboratoire d'Innsbruck. Jusqu'à maintenant seul un étudiant, Alexander Mora, pourrait être identifié avec certitude tandis que l'identité de Jhosivani Guerrero n'est pas entièrement confirmée.

9. Quelles conséquences cette affaire a-t-elle eue pour le gouvernement mexicain ?

Ayotzinapa représente un échec considérable pour le président Enrique Peña Nieto. Iguala était gouvernée par un parti de l'opposition, alors le gouvernement a été critiqué pour avoir retardé l'enquête et pour avoir déclaré que la version de l'incinération de toutes les victimes était le “fin mot de l'histoire”.


Une version antérieure de cette traduction affirmait par erreur que la police municipale avait été touchée durant l'altercation avec les étudiants, et que la Commission interaméricaine des droits de l'homme aurait affirmé que les preuves avaient été endommagées par un grand feu à la déchèterie. En réalité, la police municipale a tiré sur les étudiants, et la commission a rejeté l'hypothèse d'un tel feu.

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