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Les protestations contre le projet minier de Las Bambas au Pérou font quatre morts et plusieurs blessés

Catégories: Amérique latine, Pérou, Economie et entreprises, Environnement, Manifestations, Médias citoyens
Las Bambas - Perú [1]

Manifestation contre le projet cuprifère de Las Bambas. Image de l'Observatoire des Conflits Miniers au Pérou (OCM).

[Tous les liens de l'article mènent vers des pages en Espagnol ES]

Article publié [1] sur le blog Globalizado de Juan Arellano.

Les habitants des provinces de Cotabambas et Grau dans la région d'Apurímac ont entamé [2] le 25 septembre dernier une grève de protestation contre le projet de mine de cuivre de Las Bambas. Ces protestations ont tourné à l'affrontement avec la police et, le 29 septembre, ont causé quatre morts et plusieurs blessés chez les manifestants. En conséquences, le même jour, l'état d'urgence fut déclaré [3] dans les provinces de Cotabambas, Grau, Andahuaylas et Chincheros.

Le projet minier a été cédé [4] en avril dernier par l'entreprise Glencore Xstrata à un consortium contrôlé par MMG Ltd, filiale Dexter de China Minmetals Corporation pour un montant approximatif de 5850 millions de dollars américains. Si le projet a une grande importance économique pour Apurímac, il fut calculé que la région recevrait quelques 300 millions de soles par an (93 millions de dollars approximativement) de la redevance minière une fois entré en opération, il a néanmoins généré de sérieuses inquiétudes dans la population locale au sujet de la pollution environnementale qu'il produira.

Les principales oppositions [5] au projets sont liée à l'Étude d'Impact Environnemental (EIE) qui, argumentent-ils, a été inconsidérément modifiée, et la méconnaissance de la part des nouveaux administrateurs des engagements pris par Glencore Xstrata. Pour cela et pour d'autres raison, les manifestants exigent la démolition du niveau de Molybdène, du niveau des Filtres et de l'entrepôt des Concentrés, car ils sont contaminants et parce que la proposition initiale prévoyait leur construction dans une autre zone. Ils demandent également la démission et le renvoi des agents du projet MMG Las Bambas pour avoir corrompu les dirigeant communaux au profit de l'entreprise, et la présence de hauts responsables de la société minière et des représentants du gouvernement pour la négociation de leurs revendications.

 

Apurímac : on signale deux morts et 15 blessés par le projet minier de Las Bambas

L'affrontement [11] entre les manifestants et la police le mardi 29 septembre a début à 15h00 quand un groupe important d'habitants a réalisé une marche aux abords du champ minier. Une partie d'entre eux a tenté de pénétrer de force dans le champ principal de l'entreprise MMG. La police a répondu par des bombes lacrymogènes. Cela a suscité des scènes de violence entre les dix mille militants et trois mille militaires et policiers  (estimation) présents. Plus tard, on apprendrait [12] que le nombre de morts serait porté à quatre que huit policiers furent blessés.

La réponse du gouvernement à cette violence fut de décréter l'état d'urgence, tandis que le ministère de l'Énergie et des Mines annonçait [13] que les changements dans l'EIE n'étaient pas substantiels et qu'ils avaient été négociés à la connaissance des autorités locales, en conformité avec les règles. Le premier Ministre Pedro Cateriano, de son côté, a déclaré [14] que le projet minier de Las Bambas ne serait pas stoppé.

Las Bambas : l'état d'urgence est déclaré dans les provinces d'Apurímac et Cuzco

Le lendemain, 30 septembre, le mouvement fut suspendu [18] pour 48 heures en attente du début du dialogue avec le gouvernement. Suite à cela, le 1er octobre à Lima, des représentants du gouvernement  et des élus locaux de la province de Cotabambas, s'accordèrent [19] sur l'ouverture du dialogue. Ainsi, le lundi 5 une équipe technique voyagea à Cotabambas, suivie le 6 octobre par la Commission de Haut Niveau des Ministres.

Malgré ce dénouement plus ou moins rapide, l'impression persiste que le gouvernement n'agisse qu'à la suite de débordements de violence.Sur le blog Emancipación, d'Escuela Permanente, on considère [20] que :

¿El gobierno atendió la queja de la población y la solicitud de diálogo expresada ya hace más de seis meses? No. Ante ese escenario, y agrupados en el Frente de Defensa de Cotabambas, la población optó por la protesta y la respuesta ha sido una represión de gran violencia, […] Nuevamente, se hace evidente que los sucesivos gobiernos nacionales no buscan escuchar a la población. Más aún, la ningunean. La todopoderosa inversión privada siempre se impone sobre quienes tengan la osadía de cuestionarla. Para los empresarios: protección policial incondicional. Para los que protestan luego de tanto atropello: balas de esa misma policía.

Le gouvernement considère les revendications de la population et la demande de dialogue exprimée depuis maintenant six mois ? Non. Face à ce scénario, et regroupée au sein du Front de Défense de Cotabambas, la population a opté pour la manifestation et la réaction fut une répression particulièrement violente […] Récemment, il devient évident que les gouvernements nationaux successifs ne cherchent pas à écouter la population. Au contraire, ils la nie. Le tout puissant investissement privé s'impose toujours à ceux qui ont l'audace de le remettre en question. Pour les entrepreneurs : protection policière inconditionnelle. Pour ceux qui protestent suite à ces exactions : les balles de cette même police.

Le journaliste Carlos Noriega retranscrit [21] sur son blog une partie de la conversation téléphonique qu'il eu avec Rodolfo Abarca, dirigeant du Front de Défense de Cotabambas :

“No somos antimineros, nosotros estamos a favor que continúe el proyecto minero Las Bambas, pero exigimos que se mantenga el proyecto original, rechazamos los cambios que no se nos consultaron y nos perjudican […] (la planta de molibdeno) va a afectar nuestro abastecimiento de agua por el agua que necesita esa planta y además va a contaminar el aire. Nosotros rechazamos ese cambio y por eso es la protesta”.

« Nous ne sommes pas anti mines, nous sommes en faveur de la poursuite du projet minier de Las Bambas, mais nous exigeons que le projet initial soit maintenu. Nous refusons les changements pour lesquels nous n'avons pas été consultés et qui nous porteront préjudice […] (Le niveau du molybdène) affectera notre accès à l'eau et dé plus, il contaminera l'air. Nous refusons ces modifications et c'est pour cela que nous protestons. »

Autre point de vue : Juan Mendoza, invité sur le blog « Économie appliquée » du quotidien Gestión, considère [22]  que tout le problème est dû aux anti mines qui enflamment la population désinformée et que les protestations visent à faire pression sur les entreprises pour en tirer des bénéfices économiques. Il considère également que la réponse du gouvernement actuel est bien faible et lui propose pour l'année prochaine de :

revisar el proceso de descentralización con la finalidad de evitar que el canon minero siga siendo un botín que capturar. En particular, debemos contar con un mejor diseño de instituciones y mecanismos para que un mayor número de personas se beneficien con mayor rapidez de la explotación minera. Este nuevo diseño debe buscar que las personas perciban, de forma clara, cuál es el aporte de la actividad minera al incremento de su bienestar. Sugiero, asimismo, que este diseño considere y potencie las positivas, aunque limitadas, experiencias de las contribuciones mineras voluntarias y del programa de obras por impuestos.

revoir le processus de décentralisation avec l'objectif d'éviter que la redevance minière continue à être un butin à s'accaparer. En particulier, nous devons envisager de redessiner les institutions et mécanismes pour qu'un plus grand nombre de personnes bénéficient plus rapidement de l'exploitation minière. Ce nouveau schéma doit chercher à ce que les personnes comprennent de façon claire quel est l'apport de l'activité minière dans l'accroissement de leur bien-être. Je suggère également, que ce schéma considère et renforce les expériences positives, bien que limitées, des contributions volontaires et du programme de travaux par les impôts.

Finalement sur le blog de NoticiasSer, l'anthropologue Fabiola Yeckting fait un récit complet de l'histoire du projet minier, concluant que tout au long de ce dernier « les demandes sociales sont constantes : on demande de prendre des ressources naturelles, l'accès aux sources d'eau et d'éviter la contamination ». Elle ajoute [23] :

esta historia tiene algunas lecciones que se pueden enlazar con las de los otros conflictos en el país, con la falta de institucionalidad sobre la gestión de los recursos, la flexibilizaciónen el cumplimiento de los procedimientos, ya su vez, con los diferentes momentos en los que se posterga la toma de decisiones de las poblaciones afectadas por los proyectos, que se organizan para protestar. […] La promesa de este gobierno, largamente postergada para Cotabambas, de darle la potestad de gobernar sobre sus territorios después de años de haber sido olvidados,debe cumplirse.

cette histoire apporte quelques leçons qui peuvent être comparées avec celles d'autres conflits dans le pays : le manque d'institutionnalisation de la gestion des ressources, la flexibilité dans la réalisation des démarches, les différents moments au cours desquels la prise de décision est faite sans les populations affectées par les projets, qui s'organisent pour protester. […] La promesse de ce gouvernement, largement tardive pour Cotabambas, de retrouver son autorité, oubliée depuis des années sur ses territoires, doit être accomplie.