Netizen Report : L’Égypte bloque-t-elle les appels vocaux via WhatsApp et Skype ?

Abla Fahita, a comical hand puppet and sidekick of Egyptian television comic TKTK. The pupeet became the target of scrutiny after she was featured in a controversial Vodafone ad in 2013. Screen capture from advertisement via Mada Masr.

Abla Fahita, une marionnette comique régulièrement invitée dans les émissions télévisées égyptiennes. Les autorités l’avaient brièvement considérée comme une menace pour la sécurité après son apparition dans une publicité controversée pour Vodafone en 2013. Capture d’écran de la publicitée partagée parMada Masr.

Le Netizen Report  offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

[Sauf indication contraire, les liens contenus dans cet article renvoient vers des pages web en anglais.]

En Égypte, de nombreux utilisateurs ont signalé cette semaine qu'ils ne pouvaient plus utiliser les fonctionnalités vocales de Skype, de WhatsApp et de Viber. Amr Gharbeia, consultant en technologie et activiste, a suivi la situation et s'est entretenu avec des utilisateurs à travers le pays pour déterminer ce qui se passait exactement et si l'apparent blocage de certains services était la conséquence d’un ordre donné par les autorités. Sur Facebook, il a rappelé que les appels longue distance VoIP via Skype étaient bloqués en Égypte depuis 2010, mais a rajouté qu'il semblait que cela concernait également WhatsApp durant la première semaine d'octobre. Il poursuit :

There are conflicting reports about the state’s policy regarding blocking. Official statements from NTRA [Egypt’s telecommunications regulator] deny blocking, customer service representatives publicly deny blocking, but after pressure they mention to a lot of complaining users that blocking decision is ordered by NTRA….

Using the Internet for long distance calling is illegal, punishable by jail or fine according to the article 72 of the telecommunications law issued in 2003. This law is one of many flaws in the telecommunications law, but even with that, it is stated that protecting consumers’ interests is part of NTRA’s mission.

Les informations concernant la politique de l´État au sujet du blocage sont divergentes. Les déclarations officielles de l'organe de régulation des télécommunications (NTRA) nient tout blocage, les représentants des services client le nient également publiquement, mais après une certaine pression, ils ont déclaré à de nombreux utilisateurs s'étant plaints que le blocage avait été ordonné par la NTRA…

Utiliser Internet pour passer des appels longue distance est illégal, cela est punissable d'une peine de prison ou d'une amende conformément à l'article 72 de la loi sur les télécommunications de 2003. Cette loi représente l’une des nombreuses failles de la législation sur les télécommunications, mais, malgré tout, il est indiqué que la protection des intérêts des consommateurs fait partie de la mission de la NTRA.

Deux arrestations pour des publications sur Facebook au Liban
Le journaliste Mohammad Nazzal a été condamné par contumace à six mois de prison et à une amende de 700 USD pour une publication sur Facebook, datant de deux ans, contenant la phrase : « le système judiciaire est aussi bas que mes chaussures », considérée comme diffamatoire par les autorités. Dans une autre affaire, l'activiste politique Michel Douaihy a été détenu neuf jours pour avoir critiqué sur Facebook la manière dont les autorités ont traité Ahmed Al Assir, le prêtre sunnite radical, lors de son arrestation en août dernier.

Libération d'une blogueuse vietnamienne
La blogueuse vietnamienne Ta Phong Tan a été libérée après avoir passé trois ans derrière les barreaux. Elle avait été arrêtée et condamnée à 10 ans de prison pour son travail d'information sur des cas de corruption et d'abus au sein de la police et du système judiciaire.

Le Venezuela bloque des sites liés au bitcoins dans une croisade contre les devises étrangères
Un certain nombre de sites ont été bloqués par l'entreprise de télécommunications CANTV, selon certaines informations [ES]. La raison de ce blocage reste peu claire. Les deux principales théories reposent sur un problème technique ou une tentative délibérée de filtrage de ces sites. Parmi les sites concernés, plusieurs sont liés aux bitcoins, notamment coindesk.com et blockchain.info.

Les internautes thaïlandais organisent un sit-in virtuel pour protester contre la proposition de « passerelle unique »
Le ministère thaïlandais des technologies de l'information et de la communication a reçu l'ordre de réduire les infrastructures connectant le pays au réseau Internet mondial de sorte que l'ensemble du trafic n’utilise qu'une seule passerelle, permettant ainsi au gouvernement de mieux surveiller, donc possiblement filtrer, le contenu disponible en ligne. En réaction, les internautes thaïlandais ont organisé un « sit-in virtuel » le 30 septembre, en obstruant le trafic des sites gouvernementaux, les rendant inaccessibles. Cette mesure vient s'ajouter à une série de tentatives du NCPO de restreindre la liberté d’expression depuis le coup d'État, notamment en adoptant une loi draconienne relative à la sécurité et en durcissant les réactions contre les journalistes et les médias indépendants.

Étudiant détenu en Indonésie pour avoir publié des preuves d’extorsion policière
Un étudiant indonésien a été arrêté et inculpé de diffamation contre un officier de police après avoir mis en ligne une vidéo dans laquelle ce dernier essaye de lui soutirer de l'argent lors d'un contrôle routier de routine. Il a été inculpé conformément à la loi sur l'information et les transactions électroniques.

Bassel Khartabil, un développeur syrien, emprisonné transféré vers un lieu inconnu
Bassel Khartabil, ingénieur en logiciel syrio-palestinien, a été transféré de la prison où il était détenu vers un lieu qui n'a pas été communiqué, faisant craindre que sa vie soit en danger. Il avait été arrêté par le gouvernement syrien le 15 mars 2012, torturé pendant cinq jours, puis retenu sans moyen de communiquer avec l’extérieur durant neuf mois. Il avait finalement été inculpé en décembre 2012 pour « espionnage pour le compte d'un État ennemi » et transféré à la prison d'Adra où il purgeait sa peine jusqu'au 3 octobre dernier. Une pétition en ligne appelle à sa libération immédiate.

Les experts en sécurité conseillent de ne pas utiliser Reporta
Reporta, l'application mobile développée par l’International Women’s Media Foundation, est décrite comme « la seule application de sécurité complète disponible dans le monde entier et créée spécialement pour les journalistes ». Cependant, peu après son lancement, les chercheurs ont découvert qu'elle était truffée de failles de sécurité, alors qu'elle vise à aider les blogueurs et les journalistes à travailler de manière sûre et sécurisée avec des fonctionnalités telles qu'un système d’enregistrement pour les journalistes en déplacement et un bouton d’alarme. Les experts en sécurité sont profondément inquiets de l’échec manifeste de l'organisation à l’heure de satisfaire les normes de sécurité de base pour la technologie qu’elle développe. L’organisation ne communique pas où sont envoyées les données collectées au moyen de l’application et il est difficile de déterminer dans quelle mesure les informations transmises par l'application sont protégées. En outre, aucun élément ne permet de s'assurer que l'outil a été vérifié publiquement, une pratique standard pour les nouveaux outils de sécurité.

L’Organisation des États Américains condamne la « loi Stalker »
Le rapporteur spécial pour la liberté d’expression auprès de l’Organisation des États Américains a fait part de son inquiétude concernant une loi relative à la surveillance dans une lettre adressée au gouvernement péruvien. La loi en question, à savoir le Décret législatif n° 1182, appelée Loi Stalker par les activistes en ligne, autoriserait les autorités policières à accéder aux données des dispositifs mobiles sans mandat et obligerait les entreprises de télécommunications à conserver les données jusqu’à trois ans. Le rapporteur souligne la nécessité pour une telle législation d'être débattue de manière publique et réclame des informations supplémentaires concernant le besoin et la proportionnalité conformément aux lois en vigueur.

La Cour de justice met fin au « Safe Harbor » pour les sociétés du secteur technologique
La Cour de justice de l’Union européenne a déclaré le « Safe Harbor » invalide dans une décision historique. Cet accord autorisait l’exploitation commerciale des données privées des Européens aux États-Unis, malgré le fait que les normes européennes de protection des données soient plus strictes, à condition que les sociétés étasuniennes signataires acceptent de se conformer à une série de principes relatifs à la confidentialité. Toutefois, la Cour a indiqué que les révélations liées au programme PRISM et à la surveillance menée par les États-Unis allaient à l’encontre de cet accord et du droit à la protection des données des Européens.

Une coalition demande à Facebook de réparer sa politique du « vrai nom »
La Namelesse Coalition, une coalition mondiale d’ONG, dont Global Voices fait partie, a demandé à Facebook de revoir sa politique qui requiert que les utilisateurs du service indiquent leur « vrai » nom sur leur profil. Dans une lettre ouverte, la coalition souligne que Facebook « conserve un système qui ignore les circonstances des utilisateurs des pays non occidentaux, expose ses utilisateurs à des dangers, méprise leur identité et entrave la liberté d’expression ». Le groupe réclame plusieurs changements relatifs à la politique de Facebook, y compris l’autorisation pour les utilisateurs de contester l’exigence de fournir son nom légal au moyen d’une procédure d’appel écrite et la publication d’une documentation plus claire concernant la procédure d’envoi d’informations relatives à l’identité lorsque cela est nécessaire. Plusieurs médias ont publié des informations au sujet de cette lettre ouverte à laquelle Facebook doit encore répondre de manière formelle.

Nouvelle étude
Balancing Act: Press Freedom at Risk as EU Struggles to Match Action With Values — Committee to Protect Journalists

Juan Arellano, Mary Aviles, Ellery Roberts Biddle, Marianne Diaz, Lisa Ferguson, Weiping Li et Sarah Myers West ont contribué à l'élaboration de ce rapport.

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