“Difret”, histoire d'une jeune Ethiopienne qui s'est défendue contre son ravisseur, et des avocats qui lui ont sauvé la vie

Tizita Hagere (right) plays the role of 14-year-old Hirut Assefa in 'Difret.' Credit: Truth Aid Media.

Tizita Hagere (à droite) joue le rôle d'Hirut Assefa, 14 ans, dans ‘Difret.’ Crédit photo : Truth Aid Media.

Cet article et reportage radiophonique réalisé par Joyce Hackel et Julia Barton pour The World  ont été publiés dans leur version originale sur le site PRI.org au 22 octobre 2015, est repliés ici en vertu d'un accord de partage de contenus.

Le mot “Difret” a toute une gamme de significations en langue Amharic : il peut vouloir dire “oser” ou “avoir du courage”, mais aussi “être violé”.

A l'image de son titre, le film “Difret” a plusieurs dimensions : c'est un travail de fiction inspiré d'une histoire vraie de courage et de changement; c'est un des rares films éthiopiens tourné en format 35 mm ; et il a bénéficié d'une grande notoriété via sa productrice exécutive, Angelina Jolie Pitt. Mais avant tout, le film décrit une pratique coutumière à travers l'expérience d'une fille apeurée prise dans un tourbillon hors de contrôle.

“Difret” est inspiré de l'histoire de Aberash Bekele — appelée Hirut dans le film — une fille qui a été enlevée en dehors de son village rural d'Ethiopie. Cela se produit le jour où, à l'école, elle passait dans la classe supérieure. Son ravisseur — qui n'était pas parvenu à avoir la permission du père de la jeune fille d'épouser celle-ci — insiste pour l'épouser selon une tradition appelée telefa. Mais alors qu'Hirut se défend, elle tue l'homme accidentellement. Elle est alors exposée à la peine de mort jusqu'à ce que l'avocate Meaza Ashenafi intervienne pour la défendre. Au moment où cela a lieu, en 1996, la nation entière est rivée sur ce drame judiciaire.

“Les gens se remettaient à parler de la pratique de l'enlèvement,” se souvient aujourd'hui Meaza Ashenafi. “Cela était pratiqué, surtout dans le sud du pays, des femmes étaient enlevées depuis des années. Il n'y avait aucune mise en question de tout ça. Mais cette affaire a ouvert un débat et un dialogue autour de cette tradition.”

Ashenafi avait, deux ans auparavant, créée l'Association des Femmes Avocates, qui luttait pour les droits des femmes en vertu de la Constitution Éthiopienne, alors nouvellement établie.

A scene from "Difret" depicts the horseback kidnapping of the main character. Credit: Truth Aid Media

Une scène de “Difret” montre le kidnapping à dos de cheval du personnage principal. Credit photo : Truth Aid Media

“Difret” a été projeté à guichet fermé à Addis Ababa pendant six semaines. Quand les réalisateurs ont cherché à produire leur film à l'étranger, ils se sont tournés vers Angelina Jolie, défenseure des droits des femmes en Afrique, et bien connue.

“Un film d'Afrique en langue étrangère a un long chemin à faire pour trouver une audience,” admet le réalisateur Mehret Mandefro. “Donc le fait d'avoir son soutient {Angelina Jolie} nous a vraiment aidé… à toucher un public qu'on aurait pas touché autrement.”

Malgré ce soutien de renom et le succès de “Difret,” Ashenafi et Mandrefo pensent que leur travail n'est pas terminé : ils estiment à au moins 20 pourcent des mariages dans le sud de l'Ethiopie qui sont contraints par une forme de telefa.

“Cela doit cesser” affirme Ashenafi. “Cela ne peut pas être toléré.”

Pour ce qui est du personnage principal, Mandrefo explique que la jeune fille a eu une vie difficile — après cette affaire, elle n'a pas été autorisée à retourner dans son village ou dans sa famille. Elle a été hébergée dans un pensionnat, et a décidé ensuite de changer de nom et de quitter l'Ethiopie. Mais elle est récemment revenue et travaille actuellement sur la problématique du telefa, dans l'espoir que les filles n'aient plus à subir comme elle cette épreuve.

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