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#redressproject : au Canada, des robes rouges en mémoire des femmes autochtones disparues et assassinées

Catégories: Amérique du Nord, Canada, Arts et Culture, Droits humains, Ethnicité et racisme, Femmes et genre, Médias citoyens, Peuples indigènes
REDress Project installation: At the Canadian Museum of Human Rights; a response to over 1000 missing and murdered aboriginal women. Photo by Flicker user Sean_Marshall. CC BY-NC 2.0 [1]

L'installation du projet REDress: Au musée canadien des droits humains, une réponse à plus de 1000 femmes amérindiennes portées disparues et assassinées. Photo de l'utilisateur de Flicker Sean_Marshall. CC BY-NC 2.0

Des robes rouges, vides, qui représentent la mort et l'absence. Elles pendent librement et sans vie, comme si elles attendaient d'être portées par leurs propriétaires symboliques — les femmes amérindiennes disparues du Canada.

Les vêtements font partie du projet REDress [2] [Robe rouge], un projet d'installation artistique qui cherche à attirer l'attention sur une injustice. D'après la Gendarmerie royale du Canada [3], environ 1200 femmes amérindiennes [4] ont été tuées ou sont portées disparues depuis 1980. Alors qu'elles ne constituent que 4,3% de la population canadienne, les Amérindiennes victimes de meurtre représentent environ 16% de l'ensemble des meurtres de femmes à travers le Canada.

Le 04 octobre 2015, Jaime Black, la créatrice du projet, a demandé à des femmes de faire don d'une robe rouge, d'en accrocher une devant leur maison ou même d'en porter une ce jour-là. Sur Twitter, sous le hashtag #REDressProject [5], des citoyens canadiens ont rassemblé les images obsédantes des robes qui rappellent toutes les femmes autochtones canadiennes à qui l'on a ôté la vie.

Jaime Black, qui est elle-même membre de la communauté métisse [25] [fr], a lancé le projet REDress en 2010 en collaboration avec l'Institut d'études féministes et de genre de l‘Université de Winnipeg [26]. Le projet consistait alors à exposer une centaine de robes rouges sur le campus à la fois dans les bâtiments et en plein air. Toutes les robes avaient été données par des gens des quatre coins du pays et issus de différentes cultures.

Dans un entretien sur le portail Fondations indigènes.arts [27], l'artiste apporte des éclaircissements sur ce qui l'a incitée à démarrer le projet:

The REDress Project was inspired by my work as a teacher in Opaskawayak Cree Nation, also known as The Pas, where Helen Betty Osborne was brutally murdered while walking home one night by two young men who were not charged or sentenced until years later. And by a group of 300 women in Colombia who had the courage to create a moving 4 hour performance piece to protest their missing and murdered loved ones in the main square in Bogota. By a female Aboriginal scholar at a Canadian Studies conference in Germany standing up to remind everyone of Canada’s colonial past and present.

Le projet REDress s'est inspiré de mon travail comme professeure dans l'Opaskwayak Cree Nation [N.d.T réserve de la province de Manitoba qui, aux termes de la loi indienne du Canada, est gouvernée par la communauté cri qui la peuple], aussi connue sous le nom de Le Pas, où Helen Betty Osborne a été brutalement assassinée un soir alors qu'elle rentrait chez elle par deux jeunes hommes qui n'ont été inculpés et condamnés que des années plus tard. [Inspiré aussi] d'un groupe de 300 femmes colombiennes qui ont eu le courage de créer une représentation émouvante de 4 heures sur la place principale de Bogotá pour dénoncer la disparition et le meurtre de leurs proches. Et d'une universitaire amérindienne lors d'une conférence sur les études canadiennes en Allemagne qui s'est levée pour rappeler à tout le monde le passé et le présent colonial du Canada.

Malgré le nombre ahurissant de violences contre des femmes amérindiennes au Canada, bien peu sont encore conscients de la tragédie qui se joue. Linda Nothing, qui a contribué à organiser l'installation du projet à Calgary, a donné une explication dans un entretien [28] à Metro News:

The image itself can speak to a lot of people. If they aren’t aware of the issue they are often shocked and surprised that it’s happening in Canada because there is a lot of under education and miss-education about indigenous issues here.

L'image elle-même peut parler à beaucoup de gens. S'ils ne sont pas conscients du problème, ils sont souvent choqués et surpris que cela se passe au Canada parce qu'il y a dans le pays beaucoup de lacunes en matière d'éducation sur les questions indigènes.

Voir la vidéo du projet de 2011 ci-dessous [en anglais]:

Le projet REDress est actuellement exposé à la galerie d'art de l'Université d'Acadie [29] jusqu'au 29 novembre. Vous pouvez suivre l'actualité du projet sur sa page Facebook officielle [30].