[Article d'origine publié en anglais le 14 juillet 2015] Paris, aussi connue à travers le monde comme la « Ville Lumière », reçoit en moyenne 20 millions de visiteurs par an, ce qui en fait l'une des destinations touristiques les plus fréquentées du monde. La ville a également une aura importante auprès des touristes qui perçoivent Paris comme une terre de culture et de romantisme, avec toutes les attentes que cette étiquette comporte. Une fois que la nouveauté d'une capitale s'use, cependant, la réalité s’installe. Et la réalité souvent fait mal. Après les grands monuments et des sites culturels, il y a les aspects les moins prestigieux de la vie : le trafic dense, la pollution, les délits mineurs, et les barrières linguistiques. Cette ‘descente’ de l’état initial a un nom : le « syndrome de Paris ».
Le syndrome de Paris a été défini par un psychiatre japonais travaillant en France, le professeur Hiroaki Ota. Il le décrit ainsi :
Les voyageurs japonais ont souvent des vues idéalisées de Paris, essentiellement des attentes culturellement spécifiques face aux services d'immigration, aux commerces, aux mœurs de la société, et à l'hygiène urbaine. Quand Paris n'a pas répondu à ces attentes, quelques visiteurs deviennent dépressifs. Souvent, la dépression se transforme même en psychose, et conduit à un traitement médical.
Le choc culturel est si régulier que l'Ambassade du Japon au Japon a mis en service une permanence téléphonique pour ceux qui souffrent de ce syndrome. John Menick a même étudié le concept dans une vidéo maintenant disponible sur YouTube :
Eriko Thibierge-Nasu, un psychanalyste japonais, explique à un journaliste français l'étendue potentielle du choc culturel :
Il y a pas mal de grèves, les gens peuvent être un peu agressifs verbalement, on peut se faire voler son porte-feuille dans le métro, le taxi peut arriver avec un quart d'heure de retard. C'est quelque chose d'inconcevable au Japon.
Katada Tamami, un scientifique japonais, a écrit dans le Journal of Nissei Hospital sur le cas extrême d'un professeur japonais qui a déménagé à Paris et a subi plusieurs traumatismes psychologiques :
C'était un cas de trouble maniaco-dépressif qui a présenté ces symptômes : insomnie, fluctuation de l'humeur, agressivité, irritation et problèmes de libido. Séparé de sa famille, vivant seul à Paris, il a perdu son identité en se transférant à Paris, lui et ses fonctions en tant que professeur, père, et mari au Japon. En outre, son imagination et son idéalisation de Paris, caractéristique du syndrome de Paris, ont joué un grand rôle dans ses comportements anormaux, à la recherche de sa jeunesse et de son amour perdus.
Le choc culturel subi par les touristes japonais est la forme la plus observée du syndrome (un peu moins de 1 million de citoyens japonais viennent visiter Paris chaque année et une moyenne de 12 voyageurs japonais par an en souffrent). D'autres visiteurs d'autres nationalités ont également souffert de dépression après avoir visité la ville. Dans une vidéo, un voyageur américain, Mark Wolters énumère quelques éléments qui l'ont frappé pendant sa visite à Paris. Certains étaient positifs, d'autres pas tellement, tels que :
- Le nombre de personnes qui fument
- Les merdes de chiens … Beaucoup de merdes de chiens…
- Les restaurants fermés l'après-midi
- Le nombre de mendiants que vous voyez (et les pickpockets)
Le Professeur Mark Griffiths est psychologue et professeur à l'Université de Nottingham-Trent. Il a fait des recherches sur le syndrome de Paris et a analysé la littérature scientifique sur le sujet. Griffiths souligne le fait qu'il y a deux principaux types du syndrome :
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Type 1 [Classique]: Ces personnes ont généralement une histoire problématique et peuvent se rendre à Paris pour des raisons idiosyncrasiques “étranges” ou délirantes. Cependant, l'apparition des symptômes est immédiate, dès l'arrivée à Paris (et peut même commencer à l'aéroport).
Type 2 [expression retardée]: Ces personnes n’ont pas généralement d'antécédents psychiatriques personnels et/ou familiaux. Les raisons pour visiter Paris sont généralement « normales » de voyage, mais l'apparition des symptômes est beaucoup plus tardive que le type « classique » (trois mois ou plus après l'arrivée à Paris).
Christophe Soullez, parisien et criminologue, explique que les touristes asiatiques sont souvent ciblés par les voleurs locaux, ce qui ajoute un stress au syndrome de Paris. Cependant, des mesures spécifiques sont maintenant en place pour les protéger :
On sait que les touristes sont particulièrement visés par les voleurs à la tire ou à l’arraché. Ce phénomène, qui touche surtout Paris, est tellement problématique que nous avons dû demander aux unités de police judiciaire de se concentrer sur la prévention surtout l'été. Au Japon les vols à la tire n’existent quasiment pas. Les touristes ne vont donc pas se méfier des délinquants en bandes organisées.
Ne craignez pas pour votre prochaine visite à Paris, cependant, c'est loin d'être si dur. La plupart des Parisiens sont conscients que l'adaptation à la vie parisienne peut être un défi. Mais une fois que vous franchissez les premiers obstacles de l'adaptation, qui existent dans toutes les grandes villes où les habitants parlent une langue étrangère, vous pouvez commencer à profiter des avantages. Voici quelques conseils moins connus pour profiter d'un Paris plus calme, proposés par Claire :
Cet été, sans hésitation, nous leur conseillons le quartier du Jardin des Plantes. Le plus ancien des grands parcs de Paris, qui fut d'abord le jardin des plantes médicinales du roi, doit beaucoup à la Révolution française qui en fit un temple de la science, mais il a maintenant un charme ‘bourgeois’ et ‘province’. Dans une tête parisienne, Jardin des Plantes rime presque automatiquement avec ‘thé à la mosquée’, juste en face. Dans cette très jolie mosquée de Paris inaugurée en 1926, les moineaux très familiers se serviraient presque dans votre assiette quand vous prenez un thé.
Enfin, ce syndrome n’est peut-être pas spécifique aux voyageurs à destination de Paris, mais juste une affaire commune de nostalgie. Pourtant, on pourrait faire plus pour assurer une meilleure expérience pour les visiteurs. Philippe Adam, un écrivain parisien qui a écrit de nombreux articles sur la relation entre la France et le Japon, le résume peut-être le mieux :
On rend assez mal aux Japonais l'affection qu'ils portent à la France.