Des hommes armés ont attaqué ce vendredi 20 Novembre à Bamako un hôtel et ont pris en otage 170 personnes. Un dernier bilan fait état d’au moins 21 morts parmi les clients et employés, ainsi qu'au moins trois terroristes. Une fusillade suivie d’une prise d’otages a eu lieu à 7 h du matin dans l’hôtel Radisson Blu. Les assaillants ont ouvert le feu à l’intérieur de l’établissement après avoir déjoués le système de sécurité de l'hôtel. Les militaires maliens aidés aussi par les forces de la Minusma (ONU) et des forces françaises du GIGN, ont alors pris d'assault l’établissement pour libérer les otages. Les assaillants ont été neutralisés et tués lors de l'attaque mais l'enquête continue sur l'identification de l'ensemble de la cellule. L'état d'urgence a été declaré au Mali. L'attentat a été revendiqué par le groupe Al Mourabitoune qui a lui-même fait allégiance au groupe Al Quaeda. Cet attentat survient une semaine après les attaques meurtrières qui ont fait à Paris 130 morts et plus de 350 blessés et revendiquées pour leur part par le groupe Daesh.
Des otages sous le choc
La prise d'otage s'est terminé en fin de journée après plusieurs heures de siège. Les témoignages des rescapés rendent compte de la violence des attaques.
Ali Yazbeck, un pâtissier de l’hôtel, blessé de deux balles, l’une au cou, l’autre dans le dos, raconte sur son lit d’hôpital cette scène hallucinante. Après que l’assaillant à la casquette entourée d’un turban lui eut tiré dessus, Yazbeck est parti se réfugier dans un bureau avec deux serveuses. Il raconte son calvaire:
Il nous a retrouvés et a tiré sur Awa, qui a été tuée, et sur Sarah, qui a été blessée. Il n’a rien dit, mais après il est reparti dans la cuisine, où il a pris un morceau de viande, qu’il s’est fait griller avant d’ouvrir le gaz dans toute la cuisine
Baïda et Penda Cissé tiennent une échoppe de cigarettes au coin de la rue perpendiculaire à l’entrée du Radisson. Baida donne son témoignage:
Un homme, teint noir, en tenue militaire, tire sur les gardes de l’hôtel. Quand j’ai vu un premier garde, puis un second à terre, je suis parti me mettre à l’abri.
Actes de bravoure
Dans une situation extrêmement tendue, plusieurs actes de bravoure et de sang froid ont permis d'éviter plus de pertes humaines. C'est le cas du leadership empreint de maitrise du maitre d'hôtel Tamba Diarra.
Tamba Diarra raconte comment il a vécu ces attaques et ce qu'il a essayé de faire pour protéger la vie des otages:
J'ai rencontré un des jihadistes, raconte le maître d'hôtel d'une voix posée, mais hésitante. Il avait un képi, une chemise à manches longues bleue, un pantalon bleu. Il a posé son képi sur le bar, puis il m'a poussé en tirant partout. Pour intervenir efficacement dans le bâtiment, les forces d'intervention ont besoin de connaître la configuration des lieux. Je les guide porte par porte, couloir par couloir, étage par étage, afin qu'on puisse libérer tout le monde. Quand un client appelait de sa chambre, on lui donnait le mot de passe “Tamba”. Quand on avait un appel, je disais aux militaires : “Allez à tel étage, dites au client “Tamba”, et là le client sort.
Les actions des forces de l'ordre sont à aussi à noter pour leur efficacité et toujours dans un souci de préserver le plus de vie possible. La photo du militaire malien portant un otage sur le dos pour l'emmener en sécurité a fait le tour du web malien. Boukary Konaté à Bamako écrit son admiration pour l'action du soldat:
Que le monsieur au dos m'excuse, mais je veux juste exprimer ici, mon admiration pour ce militaire malien qui fait non seulement la tache pour laquelle il s'est engagé dans l'armée, mais aussi un acte d'humanisme, de solidarité…. Les mots me manquent
Les citoyens maliens ont déjà repris leurs activités économiques faisant fis des risques et de la déclaration d'état d'urgence encore en cours. Dans la vidéo suivante, Mme Djero, vendeuse de poissons explique pourquoi les attentats ne vont pas influencer son quotidien:
Le Mali est un pays pauvre. Si on s’arrête de travailler, même un seul jour, on ne peut pas vivre. L'attaque nous a choqué au plus haut point mais il faut continuer à vivre.