Trois semaines après une série d'attaques coordonnées [fr] tuant 130 personnes, comment se porte Paris aujourd'hui ? Les autorités ont renforcé la sécurité dans la capitale et instauré une série de mesures répressives contre les individus susceptibles de commettre de nouveaux actes violents au nom du groupe militant extrémiste État Islamique (aussi connu sous le nom de Daech), qui a revendiqué le massacre. Si l'atmosphère de la Ville Lumière a bel et bien changé, les citoyens tentent d'aller de l'avant et de reprendre leurs vies quotidiennes.
Au cœur de la peur, peut-il y avoir une lueur d'espoir pour une France plus unie ?
En France, les attentats ont fait surgir deux inquiétudes : 1. La communauté musulmane va t-elle devoir faire face aux discriminations à cause de ce que ces violents extrémistes prétendent faire au nom de l'Islam, bien que les musulmans de France et dans le monde entier aient condamné cette idéologie pervertie comme allant à l'encontre de l'Islam ? 2. À moins de deux ans des élections présidentielles, ces événements vont-ils favoriser la montée du Front National, parti d'extrême droite ?
Cette dernière inquiétude devient une réalité : les derniers sondages prédisent que Marine Le Pen, présidente du Front National, parviendra au second tour. Cela serait la deuxième fois que le parti d'extrême droite y accèderait, après son père Jean-Marie Le Pen en 2002.
Malgré ces conséquences négatives, la perspective d'une France plus unie est également possible. Plusieurs hashtags sont devenus tendance suite aux massacres ; l'un d'entre eux, #Nousommesunis possède même son propre site internet [fr] et sa page Facebook. Ce hashtag a reçu beaucoup plus d'attention que le hashtag #terrorisme, preuve d'un désir d'unité. Un utilisateur Twitter l'a remarqué :
Le hashtag #Nousommesunis devant le hashtag #Terrorisme Car oui, nous sommes unis face au Terrorisme. pic.twitter.com/9UL8ZxUQfk
— ffdek (@ffdek) November 14, 2015
Les Étudiants Musulmans de France ont posté une vidéo sur Youtube utilisant le hashtag pour montrer leurs émotions après les attentats. Dans cette vidéo, quelques étudiants brandissent une pancarte avec le hashtag #nousommesunis, tandis qu'un narrateur exprime son soutien à l'unité face à l'adversité. La vidéo se termine sur : « Un pour tous et tous pour l'humanité, nous sommes et resterons unis à jamais » juste avant qu'un verset du Coran ne soit montré :
#pasenmonnom, un autre hashtag tendance, a été utilisé par les musulmans français pour montrer que ces horrible violences vont à l'encontre de leur foi. A l'image des autres attentats récents, certains ont attendu des excuses de la part des musulmans, bien que ces actions n'aient rien à voir avec eux, un principe qui ne s'impose pas chez les gens d'autres religions et qui crée sans doute davantage de divisions. Quoi qu'il en soit, les musulmans se sont exprimés sur les réseaux sociaux pour défendre leur religion bafouée et montrer leur solidarité.
Les 8 animaux qui ont commis ces attentats, ne me représentent pas, ils salissent ma religion et mon image! #PasEnMonNom
— Lys Lama-Bondo (@BreakingBadNewz) November 14, 2015
Attentats ou plutôt meurtres à #paris, je suis musulman de culture et je dis #PasEnMonNom. RT svp.
— Tweet and shout (@dabela30) November 14, 2015
Un autre Musulman a choisi une initiative différente : se bander les yeux sur la Place de la République à Paris. Près de lui, deux pancartes, l'une disant « Je suis Musulman, mais d'après eux je suis un terroriste. » et sur la seconde, « Je vous fais confiance, me faites-vous confiance ? »
Malheureusement, les actions haineuses à l'encontre des musulmans en France ont subsisté après les attentats, malgré le sentiment encourageant d'unité promu sur la toile et ailleurs. C'est une opportunité pour la France de s'unir contre un ennemi commun : Daech propage la peur et la haine, non seulement avec les attentats mais aussi avec l'usage sophistiqué des réseaux sociaux. Si, malgré les pertes, la réaction générale est de rester forts, d'être unis, alors ils auront perdu.
Après tout, il existe un proverbe français approprié qui dit : « La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe ».