Témoignage d'une blogueuse guinéenne sur les abus de la police des frontières commis au nom des mesures anti-terroristes

Patrouille de policiers - CC BY-SA 2.0

Patrouille de policiers – CC BY-SA 2.0

Depuis les attentats du 13 novembre 2015 en France et les mesures d‘état d'urgence pour renforcer le dispositif de sécurité national, le passage à la frontière est devenu très strict, avec des risques d'abus de la part de la police qui a carte blanche sur les mesures à appliquer.

L'étudiante et blogueuse guinéenne, Dieretou Diallo, qui vit à Nice, France, a vécu une expérience humiliante lors de son départ de Paris pour Dakar pour participer au lancement à Dakar, d’ Afrikctivistes, la ligue Panafricaine des activistes pour la Démocratie à la fin d'année 2015.  Elle raconte sa mésaventure sur son blog “De vous à moi”:

Embarquement pour Dakar, catastrophe. Je tombe sur un douanier plein d’aigreur et raciste. Je ne pense pas ressembler à quelque extrémiste dans mon jean, mon débardeur et mes escarpins. Pourtant je fais l’objet d’une fouille mesquine, désagréable, et plus loin d’abus de pouvoir avec cette phrase lancée avec dédain face à mon impatience : “Je prends autant de temps que je veux, je peux décider que l’on descende vos bagages de la soute pour les fouiller sans explications, je le fais si j’en ai envie et vous raterez votre avion puis c’est tout”. Il me balance les yeux méchants : “Vous parlez français ou pas ?” Ce à quoi je rétorque du tac au tac “: Je ne sais pas, essayez pour voir.”

Dieretou Diallo, blogueuse Guinéenne. Avec sa permission

La couleur de notre entretien est donnée. Questions poussées: objet de mon voyage, durée de mon voyage, raison de ma présence en France, date d’arrivée en France et j’en passe. Mon bagage de cabine est minutieusement retourné, mon passeport est ausculté sous toutes ses facettes, mes chaussures sont renversées, histoire de voir si quelque chose y est caché, ma trousse de maquillage est passée au peigne fin.

Exaspérée, j’avance cinglante : “Vous voulez pas que je me foute à poil non plus ? Est-ce que j’ai l’air d’une terroriste?” . Je ne me laisse pas faire et cela le met de mauvaise humeur car annihilant la piteuse autorité qu’il veut imposer, il s’acharne, je m’énerve : “J’ai hâte de finir mes études et de me barrer d’ici”. Il répond : “Oui c’est ça, partez tous !”. Sourire ironique, je lui réponds que je resterai, rien que pour le plaisir de faire chier des gens comme lui. Je bous de colère, d’impuissance.  Plus de quarante cinq minutes d’élucubrations, de va-et-vient au bout desquelles je suis au bord des larmes, je n’ai pas d’énergie pour lutter en ce moment. Je trouve tout de même l’ultime force de lancer  : « Si l’avion part, et que vous ne trouvez rien dans mes bagages en soute par la suite, je ne répondrai plus de moi. Je ferai un scandale, je m’en fiche d’aller au commissariat. Je viens de perdre mon père et la dernière chose dont j’ai besoin, c’est qu’on me traite comme une moins que rien.”

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