Le conseiller internet de Poutine complice du piratage en ligne

Pirates of the Kremlin. Edited by Kevin Rothrock.

Les pirates du Kremlin. Collage de Kevin Rothrock.

On vient d'apprendre que le conseiller internet de Vladimir Poutine pourrait être impliqué dans une activité de violation des droits d'auteur sur la toile. Herman Klimenko, qui a rejoint l'équipe présidentielle voilà quelques semaines, a déjà causé beaucoup d'inquiétudes : d'abord en menaçant de fermeture la messagerie Telegram, puis en couvrant d'éloges les avantages qu'aurait le «modèle chinois» pour la Toile russe. Et voilà qu'aujourd'hui, il attire de nouveau l'attention de la presse… mais il semble que cette fois, ce soit contre son gré.

Selon les informations publiées par le quotidien économique «Vedomosti» du 18 janvier, le service Mediametrics d'Herman Klimenko est affilié à la compagnie 3.0 «ECO PC-Solutions complexes», laquelle n'est autre que la propriétaire du serveur de fichiers Torrent Torrnado.ru.

La veille de la sortie de cette info par les «Vedomosti», le 17 janvier, Klimenko a annoncé qu'il transmettait le contrôle de nombreux actifs à son fils. Selon la source du journal, Torrnado.ru en ferait partie.

Sur sa page Facebook, Klimenko taxe l'article des «Vedomosti» de «délation» et sous-entend que quelqu'un se sert du quotidien pour ternir sa réputation. Il écrit aussi que détenir des serveurs de fichiers Torrent n'a « rien d'illégal »: «il faut simplement coopérer avec les auteurs et les aider à ses battre pour leurs droits». Trois heures plus tard, après minuit selon l'heure de Moscou, il ajoute: « OK, la liste de mes péchés est impressionnante. Je veux fermer [la messagerie] Telegram. Je remplace l'internet russe par le modèle chinois. Je soutiens les pirates. Et tout cela tout seul et en même temps. »

Certains soulignent que la possession d'un serveur de Torrent peut représenter un conflit d'intérêts. Ainsi, le 14 janvier, Klimenko a déclaré à l'agence d'information Prime qu'il valait mieux retarder l'application du strict respect de la loi des droits d'auteur en Russie jusqu'à ce que le pays sorte de la crise. “Les exigences en droit d'auteur augmentent à mesure de la croissance économique, a-t-il expliqué. Et quand la situation est très difficile, il me semble qu'il ne faut pas mettre une pression excessive aux gens sur ces sujets.»

Sur la Toile, des mèmes internet ont déjà fait leur apparition (en particulier sur la thématique de «la Guerre des étoiles») pour railler Klimenko, qui n'a pas de mots assez durs pour les fournisseurs internet occidentaux tout en étant lui-même impliqué dans l'activité d'un site où fleurit le piratage en ligne.

“Tu étais l'élu ! Selon la prédiction, tu devais détruire les serveurs Torrent, pas te ranger à leurs côtés !” Le conseiller internet du président s'avère être le possesseur d'un serveur de fichiers Torrent.

Au moment de la rédaction de cet article, la page d'accueil du site Torrnado.ru (ТорррНАДО) contenait des liens vers des fichiers Torrent de films hollywoodiens clairement piratés, tels que «Hôtel Transsylvanie 2», «Mission : impossible. Rogue Nation», «Ant-man», et bien d'autres.

Herman Klimenko a été nommé conseiller de Vladimir Poutine pour l'internet et le commerce en ligne le 4 janvier, mais ses obligations et prérogatives demeurent peu claires. L'ordre de nomination indique seulement que «Herman Serguéïévitch Klimenko est nommé conseiller du président de la Fédération de Russie».

Klimenko n'est pas le premier fonctionnaire russe de la sphère internet à être accusé d'utiliser un mandat d'Etat pour développer ses propres intérêts commerciaux. En octobre 2015, le blogueur anticoruption Alexeï Navalny a accusé le médiateur de l'internet russe Dmitri Marinichev d'avoir contribué à faire voter la loi «obligeant» les compagnies internet occidentales à localiser leurs serveurs sur le territoire russe, de façon à encaisser des millions de roubles avec la construction sans appels d'offres de plusieurs centres de traitement des données. Pour sa défense, Marinichev avait déclaré que Navalny ne comprenait tout simplement pas que la réglementation des données de localisation aurait très peu d'influence sur la demande d'espace Web des serveurs à l'intérieur du pays.

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