Dans la bourgade syrienne qui concentre les combattants étrangers, l'anglais et l'allemand deviennent langues courantes

Daesh Terror Group Foreign Fighter after Friday's Prayer In #Aleppo. Source: @Terror_Monitor on Twitter

Des combattants étrangers de Daech (Etat islamique) après les prières de l'Aïd Al Adha à Alep. Source: @Terror_Monitor

Manbij est une des principales villes de la province d'Alep, située dans la campagne au nord de cette ville, dans la Syrie du nord, son territoire est contrôlé par l'Etat islamique (Daech en arabe) depuis mars 2014. Manbij est peuplée de tant de combattants étrangers que l'anglais et l'allemand sont des langues couramment parlées dans cette bourgade.

Manbij, surnommée Little London par les djihadistes, est à une heure de route de la frontière turque, et la première étape des combattants étrangers qui se rendent en Syrie pour rejoindre l'EI. Selon un reportage récent du journal britannique Telegraph, la bourgade compte le plus d'Européens de toutes les autres villes de Syrie. Les Britanniques sont en haut de la liste, suivis par les Allemands puis les Français.

Inutile de dire que cette invasion de djhadistes étrangers n'est guère appréciée par les habitants. En novembre 2014, Goha's Nail révélait sur son blog la place de ces derniers dans la gouvernance de l'EI :

L'EI paraît répugner à intégrer trop étroitement des membres potentiellement moins dévoués. S'il y a des administrateurs d'EI syriens, beaucoup sont étrangers. Les habitants de Manbij quant à eux préfèrent tenir le groupe à distance ; ils apprécient certains aspects de la gouvernance d'EI, mais ne veulent pas s'en approcher de trop. Ils subodorent cependant que l'insistance d'EI sur l'éducation et l'endoctrinement des enfants fait partie d'un plan à long-terme pour lier plus étroitement le groupe aux populations qu'il gouverne.

L'EI a publié des vidéos montrant des enfants, dont certains sont britanniques, entraînés et endoctrinés dans la ville de Manbij.

Le nombre estimé de combattants étrangers étrangers dans les rangs de l'EI en Syrie et en Irak frisait les 12.000 en juin 2014. Mais, selon un rapport de décembre 2015 du Soufan Group (une firme de consultant en stratégie internationale), le chiffre a presque triplé pour atteindre à présent les 31.000, composés de ressortissants de pays arabes, comme les Tunisiens et les Saoudiens, et au moins 5.000 recrues de pays de l'Union Européenne. La France à elle seule contribuerait avec 1.800 combattants, et le Royaume-Uni en aurait fourni 760.

Une évaluation du flux de combattants étrangers en Syrie et Irak

Ce sont au moins 86 pays qui sont représentés dans les territoires sous contrôle de l'EI, avec un triplement des nouvelles recrues en provenance de Russie et d'Asie Centrale. Le Soufan Group affirme qu'environ 150 et 130 personnes sont venues respectivement des Etats-Unis et du Canada, sans vrai changement comparé à la tendance passée, malgré la campagne plus active de recrutement lancée par L'EI en Amérique du Nord en exploitant à fond les réseaux sociaux. Le Soufan Group dit que les pays occidentaux restent confrontés à la menace du retour de combattants entraînés.

La grande inquiétude est que 20 à 30 % selon les estimations de ces combattants retournent dans leurs pays occidentaux d'origine, des pays qui vont donc tous faire face à des arrivées de combattants désormais aguerris dotés de contacts internationaux.

Dans un billet de blog, British Mujāhidīn in Syria (

Je n'ai aucune idée de ce qui a causé la ruée sur les combattants étrangers britanniques en Syrie, mais soudain la chasse à “l'Européen barbu” a été rouverte. Tout a commencé avec une vidéo de Vice, montrant une interview de deux Anglais qui combattent actuellement en Syrie. L'interview est très intéressante en elle-même car ces types expliques ce qui leur a fait quitter leurs villes natales en Grande-Bretagne pour le Djihad dans la Syrie ravagée par la guerre.

Au bout de deux années sous Daech, les habitants de Manbij ne sont pas plus heureux de la férule islamique et ont manifesté, selon la page Facebook de Syria Post, qui a publié la vidéo ci-dessous accompagnée du commentaire : “Voyez les héros de Manbij, qui malgré la sécurité maximale dans la ville, sont descendus dans la rue demander au groupe extrémiste de quitter la ville.”

#شاهدأبطال #منبج رغم التشديد الأمني لتنظيم #داعش يتظاهرون مطالبين بخروجه من المدينة.#سوريا_بوست #خاص #حصري #منبج

‎Posted by ‎سوريا بوست Syria Post‎ on‎ 16 نوفمبر، 2015

Et certes, les citoyens vivant sous e contrôle de l'EI souffrent grandement, ne serait-ce que des frappes aériennes de la coalition internationale sous direction des Etats-Unis, qui forcent les gens à fuir la zone pour garder la vie sauve. Al-Souria Net rapportait en octobre 2015 sur sa page Facebook en arabe que de nombreuses personnes mendient dans la rue pour joindre les deux bouts :

انتشار ظاهرة التسول في مناطق سيطرة “‫#‏تنظيم_الدولة‬” بريف ‫#‏حلب‬ الشمالي

Il y a plus de gens qui mendient dans les zones sous contrôle de l'EI dans le nord d'Alep

Du fait des mesures de sécurité de grande envergure des autorités, l'accès à l'aide humanitaire se rétrécit, d'où la mendicité généralisée, en particulier des femmes, enfants et personnes déplacées :

[…] في مدينة منبج عائلات ظهر الفقر عليها وبدأت ظاهرة التسول بالانتشار وذلك للحصول على ما يسد رمق العائلة في المنزل وخصوصاً تلك العائلات التي نزحت من الرقة ودير الزور.

[…] Dans la ville de Manbij, des familles démunies commencent à apparaître, qui se mettent à mendier pour avoir de quoi nourrir leurs proches chez eux—des familles qui ont été déplacées de Raqqa et Deir al-Zour, en particulier. […]

Et beaucoup disent que la prospérité promise par l'Etat islamique n'est qu'un leurre :

[…] “كل الازدهار الذي نسمع عنه لدولة البغدادي هو وهم بوهم، ويتم توزيع هذه الخيرات على عناصره فقط وبخاصة المهاجرين منهم”.

“Tout ce que nous entendions de la prospérité de l'Etat d'al-Baghdadi est une illusion, tous les biens ne sont distribués qu'à leurs membres, et en particulier aux immigrants.”

وينقل الناشط أحمد عن أحد سكان مدينة منبج، ويدعى أبو جاسم، قوله: “بأنه ونتيجة للضرائب التي تفرضها القوة الأمنية على المواطنين في مناطق منبج والباب وجرابلس إضافة للتضيق الكبير على الناس في هذه المدن فإن كل شيء يجب أن تعمله يتوجب وجود موافقة أمنية وكأننا في دولة الأسد”.

D'après un activiste appelé Ahmed, parlant pour Abou Jassim (un habitant de Manbij) : “Avec les taxes imposées par les forces de sécurité aux habitants des zones de Manbij et Bab al Jarables, tout papier officiel dont on a besoin nécessite un visa de la sécurité comme si on était dans l'Etat d'Assad.”

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.