Comment Lima a perdu ses libraires emblématiques de la rue Quilca

Libros en el Jirón Quilca. Foto: Jorge Gobbi tomadas de su cuenta en Flickr bajo licencia Creative Commons.

Stand de livres dans la rue Quilca. Photo : Jorge Gobbi tirée de son compte Flickr sous licence Creative Commons.

La menace d'expulsion qui pesait, telle une épée de Damoclès, sur les fameux libraires du “Boulevard de la Cultura Quilca”, dans la rue du même nom dans le centre historique de Lima, a finalement été mise à exécution à la mi-janvier.

Le 14 janvier au matin, les policiers sont arrivés sur les lieux pour expulser les quelques 60 libraires. L'opération s'est réalisée sans heurt, avec tout au plus quelques protestations.

Les libraires occupaient cet espace depuis 1997, après que la Municipalité de Lima les aient déplacés sur ce terrain qui n'était jusqu'alors qu'un grand parking et qui appartenait à l'archevêché de lima. En 2008, l'archevêché a décidé de ne pas renouveler leur bail et a entrepris des action légales pour les expulser.

Malgré de nombreuses négociations, aucun accord favorable aux libraires n'a été trouvé.

Les libraires du 265 Jirones Quilca sont explusés. La police surveille les lieux.

Et ainsi s'achève Quilca et ses libraires. L'accès au Boulevard est fermé, on ne peut plus y entrer. Tout est fini.

Sur ordre de l'archevêché, les libraires de Quilca ont été expulsés. C'est une honte. Espérons qu'il n'arrive pas la même chose avec Amazonas.

Bien que le boulevard ne soit pas le seul endroit dédié à la vente de livres dans la rue Quilca et ses alentours (tout près, dans la rue Camaná il y a plusieurs bouquinistes et des galeries marchandes similaires),  l'offre de livres dans le centre de Lima se trouve significativement réduite.

Paulo César Peña expliquait sur le site La Mula qu'au contraire des “librairies traditionnelles […] qui sont plus à la merci des variations du marché éditorial”, des endroits comme le Boulevard de Quilca étaient plus à même de proposer des titres anciens déjà épuisés. Il ajoute que la dynamique y est aussi différente :

Como aficionado a la lectura puedo decir que en Quilca uno podrá encontrar ciertas librerías, ciertos libreros, con los cuales establecer una sólida empatía en materia de temas o gustos compartidos. La constancia lleva a la confianza. El ‘casero’ toma cuerpo y, quién sabe, con algo de tiempo se puede convertir en el amigo. Lo que, por cierto, se condensa en descuentos mucho más generosos o, también, en la opción de guardar un libro por unos días extras, hasta que la liquidez del bolsillo lo permita adquirir sin problemas.

En tant qu'amateur de lecture, je peux dire qu'à Quilca, on peut trouver certaines librairies, certains libraires, avec lesquels on a des affinités autour de thèmes ou de goûts communs. La constance mène à la confiance. Le petit libraire prend de l'importance et, qui sait, peut devenir un ami. Ce qui, d'ailleurs, se traduit en remises beaucoup plus importantes ou bien, la possibilité de mettre un livre de côté quelques jours de plus, le temps d'avoir les moyens de l'acheter.

Bien que beaucoup aient reproché à l'archevêché et par là même, à l'Église Catholique, son manque d'intérêt pour la culture, il faut rappeler que c'est un thème particulier et que l'archevêché a le droit de disposer de ses biens comme bon lui semble. Dans le cas précis de ce terrain, l'archevêché prévoit d'y construire un parking sous-terrain, des locaux commerciaux et des appartements.

L'église expulse les libraires de Quilca, peut-on croire en Dieu?

Les libraires de la rue Quilca expulsés. L'Église Catholique vs la culture.

Par ailleurs, certains ont fait remarqué que les libraires de Quilca n'étaient pas forcément irréprochables.

Les libraires de Quilca, avec tout le blé qu'ils ont gagné en vendant leurs livres bien plus chers parfois que les grandes librairies, ils n'ont qu'à se chercher un local

“Nous devons combattre l'économie informelle dans notre pays!” » Désolé pour les libraires informels, vendeurs de livres piratés, de Quilca.

D'autres font remarquer que le thème s'est transformé en querelle entre la gauche et l'église catholique et que beaucoup s'indignent juste pour avoir l'air cool et parce qu'ils ne savent pas qu'on peut trouver des livres ailleurs dans la ville.

La gauche caviar s'indigne de l'expulsion des libraires de Quilca, ce qu'elle ne dit pas, c'est que le bail est terminé depuis 97. Tout ça pour attaquer l'Église catholique.

Cela fait des années que les libraires de la Culture de Quilca s'étaient embourgeoisés. Allez chercher vos livres, marchez, ne soyez pas paresseux. Hypocrites.

Cependant, tout n'est pas perdu, il y a eu des propositions de la part des municipalités de deux districts de Lima, Rímac et Los Olivos, pour les reloger dans leurs juridictions respectives. Si l'une d'elles venait à se concrétiser, cela signifierait l'ouverture d'un nouveau pôle culturel dans des zones où les livres sont traditionnellement absents, ce qui serait très bien pour décentraliser l'offre culturelle à Lima.

Lectures additionnelles sur les libraires de Quilca:

Articule initialement publié sur le blog Globalizado de Juan Arellano.

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