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Après une année 2015 sans conquête de l'Everest, la course devrait reprendre de plus belle cette année

Catégories: Asie du Sud, Népal, Médias citoyens, Sport, Voyages
Mount Everest from base camp one. Image from Flickr by Rupert Taylor-Price CC BY 2.0 [1]

L'Everest vu du camp de base N° 1. Photo sur Flickr de Rupert Taylor-Price, CC BY 2.0

L'Everest [2], la plus haute montagne du monde, est un défi pour les aventuriers et chasseurs de records.

Chaque année, la volonté de grimper l'Everest draine des milliers de voyageurs aventureux à Khumbu

Pourtant, en 2015, l'Everest est resté invincible, personne n'a pu en atteindre le sommet [5] pour la première fois depuis 1974. Le tremblement de terre dévastateur qui a tué environ 9.000 personnes [6] au Népal n'a pas non plus épargné la plus haute montagne du monde  et ceux qui aspiraient à la vaincre.

Durant cette période, personne n'a pu gravir l'Everest pendant la fenêtre d'opportunité de sept à dix jours qui se présente chaque mois au mois de mai. Le tremblement de terre a détruit les échelles et les voies [7] qui permettaient un accès sûr. Tenter d'escalader le sommet à un autre moment est très dangereux car les conditions seraient particulièrement rudes, avec des températures oscillant entre – 32 et – 41 degrés celsius et des vents de plus de 230 km/heure.

Pour la première fois depuis 41 ans, aucun humain n'a atteint le sommet de l'Everest cette année et 22 en sont morts.  @SCMP_News [8] @NatGeo [9] pic.twitter.com/fcmkTdVnP4 [10]

En dépit des conditions rigoureuses et des morts survenant chaque année pendant les ascensions, certains sont incapables de renoncer aux sensations fortes associées à l'escalade de l'Everest.

Historiquement, pour cent grimpeurs ayant atteint le sommet, quatre sont meurent.

Imperturbables face aux risques de tremblements de terre et aux avalanches, on verra ce printemps de nouvelles hordes d'alpinistes et de risque-tout se précipiter vers l'Everest pour en tenter l'escalade.

Alan Arnette, qui a connu l'Everest, souhaitait sur son blog Summits Don’t Matter [7] (“L'essentiel n'est pas le sommet”), que ce soit enfin différent, pour le bien du pays :

On verra évidemment des centaines de personnes en route au printemps prochain pour tenter l'Everest. Quelques organisateurs passeront tranquillement par le nord en affirmant que c'est plus sûr. Des gens sans autre expérience qu'un Kilimandjaro revendiqueront leur droit à vivre cela…jusqu'à ce que quelque chose tourne mal. Des guides continueront à sauver des vies en faisant ce qu'ils peuvent; et la “machinerie” de l'Everest continuera à fonctionner même s'il est évident que, pour l'heure, il faut d'abord laisser le Népal récupérer.

Le business de l'Everest

Depuis que Sir Edmund Hillary [13] et le sherpa Tensing Norgay [14] (les sherpas sont une communauté ethnique de l'Himalaya) réalisèrent la première ascension, 4.093 personnes ont atteint le sommet [15], pour un étonnant total de 7.000 fois.

Sir Edmund Hillary et le Sherpa Tensing ont été les premiers à atteindre le sommet du mont Everest  en mai 1953 pic.twitter.com/NqoL3BRqLN [16]

Le fils de Tensing a été très critique [18] pour “la mascarade qu'est devenue l'Everest”, voué à un intense trafic de grimpeurs occidentaux au détriment du bon état et de l'intégrité de la montagne. L'Everest est devenu un business, et il attire encore un grand nombre de consommateurs.

Une des pires avalanches [19] de l'histoire de cette montagne, en 2014, a failli entraîner une grève des sherpas, quand les familles de Népalais tués dans cette catastrophe reçurent une compensation dérisoire pour leur morts. Il y eu encore plus de morts en avril 2015 [20] lors des avalanches déclenchées par le tremblement de terre au Népal. En comparaison des énormes sommes d'argent payées par les grimpeurs pour avoir le privilège de gravir l'Everest, les sherpas sont peu payés pour leurs compétences, la part du lion de cet argent est divisée entre les tour-opérateurs et le gouvernement népalais.

Ça fait quoi d'escalader la plus haute montagne du monde ?

Pour ceux qui voudraient découvrir combien il est difficile de conquérir l'Everest, P K Sherpa, qui y est monté deux fois, fait partager des moments sublimes en images. Le voyage commence classiquement par un atterrissage à l'aéroport de Lukla [21] – l'une des plus dangereux du monde – puis un trekking jusqu'au village de Namche Bazaar [22].

A bird’s eye-view of Namche Bazaar. Used with permission.

Une vue panoramique de Namche Bazaar. Photo utilisée avec autorisation.

La randonnée de Namche Bazaar jusqu'au camp de base de l'Everest est à couper le souffle, souvent une expérience unique dans une vie. Le périple à travers le massif de l'Everest [23] est difficile mais aussi une belle aventure.

Une marche de 11 jours depuis Lukla vous mène jusqu'au camp de base à environ 5400 mètres. Entre 5500 et 6100 mètres, vous affrontez la cascade de glace de Khumbu [24]. Dans cette zone, les grimpeurs doivent habituellement recourir aux échelles et cordes pour traverser les sections dangereuses.

Climbers at the Khumbu Icefall. Used with permission.

Alpinistes dans la Cascade de glace de Khumbu. Photo utilisée autorisation.

P K Sherpa poses for a picture at the Khumbu Icefall. Used with permission.

P K Sherpa pose pour une photo sur la Cascade de Khumbu. Photo utilisée avec autorisation.

Alan Arnette [25] nous explique :

La ‘cascade de glace de Khumbu’ est un dénivelé de 600 mètres sur un glacier en mouvement parsemé de profondes crevasses et d'imposants séracs. Les grimpeurs doivent passer au-dessus des crevasses sur des échelles en aluminium avec des crampons sur leurs chaussures. Il y a eu plus de morts sur la cascade que nulle part ailleurs sur la face sud de l'Everest ces dernières années.

Une fois passée cette section dangereuse, les grimpeurs progressent jusqu'au Camp 1 puis au Camp 2, au Camp 3 et arrivent finalement au Camp 4 à 8000 m – connu aussi sous le nom de “zone de la mort”.

Climbers trading their way to Camp 3. Used with permission.

Grimpeurs traçant leur piste vers le Camp 3. Photo utilisée avec autorisation.

Collecting garbage at Camp 4. Used with permission.

Ramassage des ordures au camp 4. Photo utilisée avec autorisation.

 L'expérience personnelle [26] de PK Sherpa lui inspire beaucoup de respect pour cette section de l'ascension:

Quand j'ai atteint le camp 4, la zone de la mort, j'ai vu les cadavres éparpillés ici et là. Une scène tragique et déchirante qui ne peut être décrite avec des mots.

De là, les grimpeurs s'élancent habituellement vers le sommet aux environs de minuit. MountEverest.net [24] raconte de nombreuses expériences sur cette aventure :

C'est le silence complet, personne ne parle. Vous ne pouvez que chuchoter, c'est absolument terrifiant et vous commencez à grimper, grimper en attendant les premières lueurs de l'aube. Le froid est à désespérer, pénétrant, glacé. Les piolets et les crampons pénètrent profondément dans la glace.

Climbers capturing their moment of glory at the summit. Used with permission.

Les grimpeurs savourant leur moment de gloire au sommet. Photo utilisée avec autorisation

Alors, ça fait quoi finalement d'atteindre le sommet ?

Réponse de P K Sherpa [26] :  “ça donne l'impression d'avoir conquis le monde”.