Peut être ne le saviez-vous pas, mais rien qu'en Amérique latine et dans les Caraïbes, le travail de récupérateur fait vivre environ 4 millions de personnes, selon les chiffres de l’Initiative Régionale pour le Recyclage Inclusif (IRR). Ces hommes et ces femmes collectent, sélectionnent, récupèrent et vendent des déchets pouvant provenir de nos maisons, d'un local commercial ou industriel ou même de décharges. Ce travail pénible mais très important a sa journée mondiale célébrée le 1er mars ; journée pendant laquelle les récupérateurs cherchent à valoriser leur rôle et à mettre en place, dans les pays de la région, des politiques d'inclusion dans la gestion des déchets et la protection de ses acteurs principaux.
Les bénéfices générés par les récupérateurs sont multiples, ils ont notamment un impact positif sur les économies locales, la création d'emplois et la réduction des dépenses municipales de gestion des déchets. Les récupérateurs rendent aussi un précieux service contribuant à préserver l'environnement et la santé publique :
Los #RecicladoresInformales ayudan a mitigar el #CambioClimático #EconomíaVerde vía @WIEGOGLOBAL #GlobalBPS pic.twitter.com/CRTn0kYw7P
— Tania Espinosa (@espinosamente) 25 février 2016
Les récupérateurs informels aident à limiter le changement climatique.
Cependant, malgré cette nouvelle célébration de la Journée Mondiale des Récupérateurs, de nombreuses difficultés persistent.
Situés tout en bas de l'industrie du recyclage, les récupérateurs, en collectant et sélectionnant les déchets à leur source, sont aujourd'hui les principaux fournisseurs de matière première post-consommation. Selon des chiffres de la IRR, 50 à 90% des matériaux utilisés dans l'industrie proviennent des récupérateurs qui ne reçoivent toutefois que 5% des profits générés par ce cycle économique dont ils font partie.
Ce chiffre alarmant s'explique par la faible participation des récupérateurs dans les politiques de gestion des déchets, les lois défaillantes en faveur de leur travail et le caractère informel de leur profession. Une situation présentée par la présidente du Réseau National des Récupérateurs d'Équateur, Laura Guanoluisa :
ECUADOR:No hay ley que promueva RECICLAJE INCLUSIVO del reciclador. Sí políticas para los municipios, pero no las aplican.
Laura Guanoluisa— Red Lacre (@RedLacre) 10 février 2016
Équateur : Aucune loi n'encourage le recyclage inclusif du récupérateur. Il y a bien des lois pour les municipalités mais elles ne sont pas appliquées.
La principal amenaza que enfrentamos las y los RECICLADORES en ECUADOR son las dificultades de acceso a los residuos
* Laura Guanoluisa— Red Lacre (@RedLacre) 11 février 2016
La principale menace à laquelle les récupérateurs et les récupératrices d'Équateur doivent faire face, c'est l'accès difficile aux déchets.
Un passé tragique pour construire un avenir meilleur
La commémoration de la Journée Mondiale du Récupérateur nous renvoie à une tragédie qui met en évidence la vulnérabilité de ceux qui vivent de cette profession. Le 1er mars 1992, dans une université en Colombie, 11 récupérateurs furent assassinés afin de voler et commercialiser leurs organes .
En réponse à cette tragédie et marquant ainsi un tournant dans la lutte pour leurs droits, 34 pays se sont réunis en 2008 dans le cadre de la Conférence Mondiale des Récupérateurs et ont choisi cette date comme Journée Mondiale du Récupérateur.
1° Marzo de 2016 #DíaMundialRecicladores
¡Un solo Gremio, una sola Lucha! pic.twitter.com/1bxN6D21Iq— Red Lacre (@RedLacre) 25 février 2016
1er mars 2016 Journée Mondiale des Récupérateurs. Une seule et même profession, une seule et même lutte!
“Là où tout le monde jette, nous créons”
Actuellement, les récupérateurs du continent font partie du réseau Red Lacre et ont obtenu plusieurs avancées ces dernières décennies dans la reconnaissance de leur profession et de leur contribution à l'économie et au développement durable de leurs pays respectifs. Dans cette vidéo, des membres du réseau de différents endroits de la région présentent quelques idées et exigences qui pourraient motiver un engagement plus fort :
En plus de lutter pour la protection et la formalisation de ces travailleurs, les organisations de récupérateurs s'efforcent de promouvoir la création d'un contexte favorable à la gestion intégrale des déchets solides. En outre, elles ont créé des alliances avec d'autres secteurs, aussi bien publics que privés, puisque sans cette cohésion, il est plus difficile d'atteindre ses objectifs.
L'une des ces expériences est l’Initiative Régionale pour le Recyclage Inclusif qui cherche à influencer le débat sur les politiques publiques de traitement des déchets dans 16 pays de la région. Grâce à des projets municipaux et nationaux, ce groupe travaille depuis 2011 sur la formation et la formalisation des récupérateurs ainsi que sur la création d'outils d'inclusion, ce qui a bénéficié directement à 17 000 récupérateurs du continent.
Les organisations impliquées dans ces luttes considèrent le recyclage comme un marché solide et inclusif auquel les récupérateurs et les acteurs sociaux peuvent participer à travers un processus qui peut avoir des répercussions, non seulement en termes économiques mais aussi dans la protection de l'environnement et la santé publique.