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Une start-up nigériane crée un nouveau monde de super-héros africains

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Nigéria, Arts et Culture, Ethnicité et racisme, Médias citoyens
Comic Republic. Credit: Photo courtesy of Comic Republic.

Comic Republic. Crédit: photo reproduite avec l'aimable permission de Comic Republic.

Cet article de Kenny Sokan [1] est initialement paru sur PRI.org [2] le 26 février 2016 et est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Dans le monde des super-héros, les personnages de couleur sont rares. Pire encore, leur culture ethnique n'occupe quand elle est identifiée qu'une place marginale.

Mais Comic Republic, une start-up nigériane basée à Lagos, est en train de créer un monde d'authentiques et uniques super-héros africains.

Lancé en 2013, le personnage phare de Comic Republic est Guardian Prime, protecteur du genre humain.

Selon le PDG Jide Martin, « il est vraiment bâti sur l'estime de soi. L'estime de soi. En gros, nous essayons de dire, regardez, si vous croyez que vous pouvez faire quelque chose, alors c'est possible. La seule limite existante est celle que vous vous mettez… ce qui est à l'origine de son pouvoir. Il est comme le cinquième élément. Nous l'appelons la main de Dieu. Et il est tout simplement aussi fort, rapide et invulnérable que ce qu'il pense être. »

L'ensemble des personnages de Jide Martin sont profondément moraux, un choix fait par Comic Republic avec le souhait de revenir aux fondamentaux de l'héroïsme.

He is the Guardian born to the human race as is customary every 2000 years. Credit: Photo courtesy of Comic Republic

Il est le Gardien né de la race humaine comme le veut la coutume tous les 2000 ans. Crédit: Photo reproduite avec l'aimable permission de Comic Republic.

« Nous sommes en train d'oublier ce que cela signifie d'être humain, nous ne valorisons pas le fait d'être bon, d'être juste… Et c'est parce que notre orientation a changé » observe Martin. « Même les comics actuels, ceux des principaux éditeurs, commencent à perdre cet esprit. »

« En général, nous tentons de nous assurer que, pour tous nos héros, [l'histoire] ait une fin morale qui dise : “fais le bien, sois bon et la vie te le rendra”. »

Contrairement à la Tornade de Marvel de la série X-Men et à la Panthère noire, qui sont tous deux originaires du pays imaginaire de Wakanda en Afrique, les personnages de Jide Martin sont d'authentiques Africains nés et élevés sur le continent.

Bound by oath to haunt the night as a force of retribution, the people of this city have called him many names, but one echoes the loudest. ERU, fear itself, walks among us. Credit: Photo courtesy of Comic Republic

Ayant prêté serment de peupler la nuit pour exercer son châtiment, il a été appelé par les habitants de la ville de bien des façons, mais l'une a une résonance particulière. ERU, la peur elle-même, est parmi nous. Crédit: Photo reproduite avec l'aimable permission de Comic Republic.

Eric Kukoyi est maître de conférence à l'université de Lagos et travaille aussi à temps partiel comme psychiatre et parapsychologue. Il combat le crime la nuit, devenant Eru, abréviation de « iberu » qui signifie « peur » en yoruba.

Selon Jide Martin, « [c'est] l'essence de la peur concentrée dans un homme.»

Ireti, qui signifie « espoir » en yoruba, est le fruit d'un pacte entre un roi yoruba et une déesse. Elle devient en grandissant une immense guerrière dotée de super-pouvoirs qui dirige des armées, conquiert des royaumes ennemis et fait office de protectrice de sa tribu.

Ireti: Her tale is one not told without the heart to stomach it, her legend is one not carried by cowards and her might is one no evil dares question. Credit: Photo courtesy of Comic Republic

Ireti: Son histoire n'est pas de celles que l'on raconte sans avoir les tripes pour le faire, sa légende n'est pas de celles qui sont portées par des lâches et sa puissance est de celles que nul être malfaisant ne saurait remettre en cause. Crédit: photo reproduite avec l'aimable permission de Comic Republic.

Dans l'optique de faire augmenter la lecture de bandes dessinées au Nigeria, Comic Republic propose ses comics [3] en téléchargement gratuit sur son site web [en anglais].

La société a commencé avec 100 téléchargements pour sa première planche et est montée à 300 à l'issue du premier mois. Une récente analyse donnait 38000 téléchargements pour la dernière publication. Mais Martin pense que le nombre de personnes ayant lu des comics pourrait être plus élevé car les gens peuvent les partager.

« Au cours de l'année passée, l'ensemble de nos fans a peu à peu progressé. … Nous avons cette année fait irruption dans les médias et le monde nous adore. C'est étonnant, à vrai dire », déclare le PDG.

Les lecteurs proviennent pour environ 40% d'entre eux des Etats-Unis, pour 30% du Nigeria, 20% d'Europe et le reste du monde se partage les 10% restants.

Pour se financer, Comic Republic met en œuvre des projets parallèles avec diverses organisations. En 2015, elle a travaillé avec les organisateurs des Future Africa Awards [N.d.T initiative de la filiale d'une importante entreprise de communication nigériane qui récompense de jeunes Africains et Africaines dans dix catégories pour une œuvre ou un projet réalisé au cours de l'année écoulée], en dessinant les 55 nominés sous les traits de super-héros. Elle a un projet en cours avec une ONG qui fait de la prévention sur la malaria, en créant une bande dessinée spéciale de super-héros qui vont de ville en ville, combattent la malaria et enseignent aux gens ce qu'il faut faire. La start-up a effectué le même type de travail pour une pharmacie et un site marchand.

Les fans de la série de personnages de Comic Republic les ont surnommés « les justiciers africains » et Jide Martin espère qu'un jour ils seront aussi importants que l'équipe de Marvel.

«J'espère que nous deviendrons un nom de référence comme les deux grands. Je veux dire, j'espère que, quand les gens voudront parler de comics, ils citeront “Comic Republic, DC et Marvel” », avance le PDG. « J'espère que les enfants pourront dire “Que ferait Guardian Prime ?” »