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Corruption : le maire de Belgrade soutient le chef de la police qui fait entrave au travail des journalistes

Catégories: Europe Centrale et de l'Est, Serbie, Censure, Droit, Droits humains, Gouvernance, Média et journalisme, Médias citoyens, Politique
Belgrade Mayor Siniša Mali. Image: Istinomer / YouTube. [1]

Le maire de Belgrade, Siniša (ou Sinicha) Mali. Illustration : Istinomer / YouTube.

Le maire de Belgrade, Sinicha Mali, a refusé [2] [en serbe] d'accéder à la demande [3] du médiateur de Serbie de licencier le chef de la police communale, qui fait obstacle au travail de journalistes enquêtant sur la corruption.

La police communale de Belgrade a entravé le travail des journalistes du site de factchecking Istinomer [4] en septembre 2015 [5] [en anglais] et de reporters du Réseau d'enquête sur les crimes et la corruption (KRIK) [6] en octobre 2015. Quatre-vingt-dix jours après, le médiateur est intervenu pour exiger le départ du chef de cette unité controversée des forces de l'ordre. Deux mois plus tard, les autorités municipales ont adopté cette recommandation, mais elle a été sans suite concernant le chef de la police.

Le 24 février, le médiateur a annoncé [7] [en serbe] qu'il avait reçu un décret précisant que 32 recommandations sur l'affaire Istinomer avaient été appliquées par la police communale. Pourtant, le médiateur a souligné qu'il attendait toujours qu'entrent en vigueur ses recommandations dans le dossier KRIK (et en particulier la démission du chef de la police communale).

Les autorités de la ville ont publié une déclaration [8] [en serbe] disant ceci : «A l'avenir, nous agirons exclusivement en accord avec la loi.» Le maire de Belgrade a publiquement déclaré [9] [en serbe] le 26 février que lui-même et la police municipale s'excusent pour les incidents de l'année passée avec des journalistes, mais estiment que la réforme de certaines procédures policières constituera une réponse suffisante.

En réponse, l'équipe d'Istinomer a manifesté [2] [en serbe] son désaccord avec la position du maire, qui, selon ses termes, minimise ses abus de pouvoir:

Ovom izjavom Gradonačelnik Mali praktično ukida ODGOVORNOST državnih rukovodilaca, za loše obavljanje posla, u konkretnom slučaju – kako za činjenje, tako i za nečinjenje.

Rukovodilac Komunalne policije, koji toliko uporno brani postupke svojih ljudi, koji su se evo sada redom pokazali pogrešnim – naprosto MORA da zna pravila te službe i mora da ih primeni. Ponašanje Nikole Ristića tokom i posle incidenata koji su se dogodili, pokazuje da on, ili ne zna pravila službe kojoj je rukovodilac, ili ih zna, što je još gore, a u dužem vremenskom periodu ih namerno prikriva. A onda, šta će građanima, službi i gradskoj upravi takav rukovodilac?

I to je pravi razlog za ostavku Nikole Ristića – nije on radio pa pogrešio, pa da mu se progleda kroz prste. Nije tako, baš kao što nam pokazuje događaj [10] sa novinarima KRIK-a, kojima je protivzakonito oduzeta oprema tokom vršenja radnog zadatka i brisani podaci sa memorijskih kartica, čemu je Nikola Ristić i lično prisustvovao, bez reči protivljenja, bez opomene, bez pokušaja da spreči svoje ljude u nepravnom postupanju.

To ukazuje da se radi o jednom te istom – načelnika Komunalne policije ne zanima da li njegovi ljudi postupaju u skladu sa propisima, da li se ponašaju nasilno ili ne, da li narušavaju dostojanstvo novinara, kao građana i kao profesije. On brine o tome da ih zaštiti.

I to je pravi razlog zbog koga on mora da bude smenjen.

On se drži principa koji je nespojiv sa bilo kojom državnom funkcijom – on brani svoje ljude, po svaku cenu, a ne pravdu, pravo ili građane.

Cette déclaration du maire, M. Mali, revient à dégager de leur responsabilité les fonctionnaires qui ont mal fait leur travail — en l'occurrence, à les déresponsabiliser de leur action ou inaction.

Le chef de la police communale, qui persiste à innocenter ses subordonnés des actes qui leur étaient reprochés, est tout simplement en devoir de connaître les règles du service et les appliquer. La conduite de Nikola Ristić pendant et après les incidents montre que soit il ne connaît pas les règles qui concernent le département qu'il dirige, soit qu'il les connaît et couvre ceux qui les violent, ce qui est pire. En quoi un tel employé peut-il bien être utile aux citoyens et à la ville ?

C'est là une vraie raison pour demander le départ de Ristić. Il ne s'agit pas d'une infraction non préméditée que l'on pourrait considérer avec clémence. Son implication personnelle dans cet incident [10] [en serbe] avec les journalistes du KRIK, avec confiscation illégale du matériel et suppression de la séquence filmée, indique l'intention. Tout au long de cet incident, Ristić s'est bien gardé de prévenir ou d'empêcher que ses équipes enfreignent la loi.

Ce qui prouve que le chef de la police communale se moque que ses officiers respectent la loi, usent de violence, contreviennent à la dignité des journalistes, à la fois comme citoyens et comme professionnels. Tout ce qui lui importe, c'est de défendre ses hommes.

Et c'est là la raison principale pour laquelle il doit être remplacé — en vertu d'un principe qui entre en conflit direct avec toute fonction étatique: la défense de ses subordonnés à tout prix, en dépit de la justice, de la loi ou des intérêts des citoyens.

Mali: le chef de la police communale ne sera pas licencié. Les vidéos montrent son implication directe dans les événements
[dont une agression physique contre les journalistes].

Comme le montre [14] [en serbe] le KRIK, le chef de la police Nikola Ristić et son adjoint Darko Vujsić ont entravé le travail des journalistes du KRIK, qui tentaient de poser au maire [15] [en serbe] quelques questions sur le scandale des «24 appartements». Les autorités de Belgrade ont jusqu'à début avril [16] [en serbe] pour appliquer la recommandation du médiateur et lui présenter un rapport.

La police communale est une division particulière de la police municipale serbe qui est directement responsable devant les autorités locales, c'est-à-dire qu'elle ne dépend pas du ministère de l'Intérieur. D'après la loi, ses pouvoirs sont plus limités que ceux de la police régulière. En 2015, la police communale de Belgrade a recouru à la force [17] [en serbe] contre les habitants de la ville 48 fois, presque une fois par semaine.

Les usagers de Twitter ont exprimé leurs craintes [18] d'un élargissement de ses pouvoirs qui transformerait la police communale en une sorte de «parapolice [19]» [en anglais]. Comme dans le cas du maire M. Mali, quand la police outrepasse ses pouvoirs, font remarquer plusieurs internautes, elle bénéficie du soutien de fonctionnaires proches du Premier ministre serbe Aleksandar Vučić.

Est-ce que la police communale prête serment à Vučić personnellement ?