- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Il est interdit à la police russe de parler travail sur les réseaux sociaux

Catégories: Europe Centrale et de l'Est, Russie, Censure, Droit, Liberté d'expression, Médias citoyens, Technologie, RuNet Echo
Photo of Russian police officers, 2013, by Vitaly V. Kuzmin on Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0.

Policiers russes, 2013, photo Vitali Kouzmine, source Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0.

Il est désormais officiellement interdit aux policiers de la capitale russe d'échanger des informations à caractère professionnel sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie. Les organes législatifs insistent sur le fait que toute correspondance interne doit être menée sur des réseaux sécurisés au moyen d'outils dédiés.

La «Rossiiskaïa Gazeta», le journal d'informations officiel du gouvernement russe précise [1] qu'absolument aucune information concernant les activités du département moscovite du ministère de l'Intérieur ne peut être partagée sur des réseaux tels que VKontakte, Odnoklassniki [un genre de «Copains d'avant»], Facebook, Instagram ou Twitter. En outre, les messageries personnelles comme Telegram, Viber, WhatsApp et le logiciel de visioconférence ou conversation en ligne Skype se retrouvent eux aussi sur la liste des plateformes interdites aux policiers pour y discuter de sujets en rapport avec leur métier.

Cependant, selon l'article, les policiers municipaux peuvent continuer à utiliser ces plateformes pour leur usage personnel.

Tous documents de travail et conversations de service doivent maintenant transiter par le seul service de messagerie officiel du ministère de l'Intérieur, doté, d'après le chef de la police moscovite, du «plus haut niveau» de sécurité pour la protection des données.

La «Rossiiskaïa Gazeta» ajoute que si les policiers donnent souvent la préférence aux technologies du commerce pour leurs communications, c'est qu'elles sont plus rapides, plus simples à utiliser et fonctionnent mieux. L'un des exemples qu'elle cite est la police de la route. Ses agents ont pris l'habitude d'utiliser les réseaux sociaux au lieu des fréquences radio dédiées ou des moyens de liaison sécurisés pour se tenir au courant des accidents de la circulation ou autres incidents.

В столичном полицейском главке подчеркнули, что полиция — не общественная организация, служебной информацией сотрудники должны обмениваться через закрытую сеть, которая определенным образом защищена. Когда они начинают слать служебные документы через бытовые соцсети, мессенджеры — это неправильно.

A l'état-major de la police moscovite, on souligne que la police n'est pas une organisation de la société civile, et que les informations de service doivent être partagées via un réseau fermé, sécurisé de façon appropriée. Que des documents de service se retrouvent sur des réseaux accessibles à tous n'est pas normal.

En janvier 2016, les législateurs russes ont proposé [2] une loi pour interdire à tous les citoyens de la Fédération de Russie d'utiliser les réseaux sociaux et les messageries sur leur lieu de travail, dans un but d'amélioration de la discipline. Mais ils n'ont pas précisé clairement les mécanismes de contrôle de ces limitations qui auraient concerné les administrations publiques comme les entreprises privées. Le projet de loi n'a pas suscité l'enthousiasme, et son sort reste inconnu à ce jour.

Depuis un certain temps déjà, les fonctionnaires russes ont mis au point diverses formes de limitation de l'usage des messageries. En juin 2015, Alexandre Jarov, le chef du Rosmonadzor, a proposé [3], dans le cadre d'une stratégie de remplacement de produits importés, que la Russie crée sa propre messagerie au lieu d'avoir recours à des applications étrangères.

En novembre 2015, un député de la Douma, Alexandre Aguéïev, a demandé [4] aux services secrets d'étudier la possibilité de bloquer la messagerie Telegram, au motif qu'«elle est utilisée par l'organisation Etat islamique pour diffuser des contenus extrémistes» et que «les plaintes des usagers au sujet de tels contenus ont été ignorées». En réponse, le ministre des Télécommunications Nikolaï Nikiforov a pris la défense de Telegram et déclaré que les fonctionnaires n'avaient pas à bloquer des applications, mais plutôt à «identifier et poursuivre ceux qui se livrent à des activités illégales».