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Contre le harcèlement sexuel dans les transports, des associations proposent des solutions concrètes

Catégories: Europe de l'ouest, France, Cyber-activisme, Droits humains, Femmes et genre, Good News, Idées, Jeunesse, Médias citoyens, Santé
Capture d'écran de l'application qui simule le harcèlement de rue [1]

Capture d'écran de l'application Hé qui simule le harcèlement de rue

Dans un sondage amateur regroupant plus de 5200 réponses à ce jour, 94% des personnes [2] déclaraient avoir déjà subi du harcèlement de rue.  Le phénomène de harcèlement dans les transports, qui désigne l'objectification sexuelle d'une femme dans l'espace public, n'est pas neuf. Ce qui l'est, c'est de donner des solutions pratiques pour ceux qui sont témoins de telles exactions.
Vincent Lahouze, un artiste, raconte comment il a mis fin [3] à une situation potentiellement dangereuse de harcèlement dans le métro:

La jeune femme avait le visage tourné vers la vitre, elle semblait tétanisée. Je me suis approché encore, pour écouter ce que l’homme lui disait, collé à elle. (Toi j’vais te baiser tu sais oh oui j’vais te baiser salement et tu vas aimer ça hein bien sûr que tu vas aimer ça mmh allez t’écoutes ce que j’dis petite pute réponds petite salope j’sais que tu en as envie je l’ai vu dans ton regard de petite chienne en chaleur fallait pas porter une jupe si t’es pas intéressée ouais toi j’vais te baiser…) La jeune femme ne disait rien, le regard fixé sur son reflet, sans sourire, pétrifiée. [..] C’est fou comme la peur nous paralyse dans ces moments-là, vraiment.

Mais je me suis assis à côté d’eux et tout en croisant le regard de la jeune femme, je lui ai dit, Hey Camille! Ça faisait un bail que je ne t’avais pas vue! Comment ça va, ma cousine? puis me tournant vers l’homme, avec un grand sourire, je ne vous dérange pas, j’espère? Ces quelques mots ont suffit à la jeune femme pour reprendre vie, et comprenant ce que je tentais de faire m’a suivi dans ma brève comédie familiale. L’homme a immédiatement retiré sa main, comme si les fils de sa marionnette venaient de se couper, comme s’il venait de se brûler au contact de la peau de la jeune femme. Sans un regard, il s’est levé, et il est sorti de la rame sans se retourner.

Cette technique de diversion est une des solutions pratiques proposées par le Projet Crocodile, [4]le projet Paye Ta Shneck [5]  et d'autres ONG comme Stop Harcèlement de Rue [6]. Ci-dessous est un poster via Stop Harcèlement de Rue [6] qui explique comment arrêter un harcèlement si on en est victime:

Tract de solution [7]

Tract de solution contre le harcèlement de rue

Le problème est bien sûr aussi mondial et plusieurs projets similaires ont été initié pour mettre fin au fléau en Amérique du Nord, en Asie du Sud en Afrique et d'autres régions.

Pour évaluer l'étendue du problème, la difficulté réside non seulement dans l'absence de méthodologie de traçage consolidée mais aussi  dans la définition de l'acte de harcèlement. Néanmoins, à la question “Avez-vous déjà été harcelé ?” Seuls 6 % des personnes interrogées ont répondu Jamais. A la question sur la fréquence du harcèlement, 32% ont répondu: une ou plusieurs fois par semaine:

Pourcentage de personnes ayant subi un harcèlement - via sondage Google [2]

Pourcentage de personnes ayant subi un harcèlement – via sondage Google

Une autre enquête menée par la Fondation Thomson Reuters [8] révèle que 85 % des femmes pensent que personne ne leur viendrait en aide si elles se faisaient agresser dans le métro. De cette enquête, 41% des femmes affirment avoir déjà subi des violences physiques (mains aux fesses, attouchements, viol).

En 2015, le gouvernement a mis en place un plan de lutte contre les violences sexistes dans la rue. Une campagne de sensibilisation a été lancé pour “libérer la parole sur le sujet”, incluant des spots vidéos comme celui-ci:

La secrétaire d'État en charge des Droits des femmes, Pascale Boistard, explique pourquoi le gouvernement [9] a mis ce plan en place:

Il faut que chacun sache comment réagir face à des situations inacceptables. Nous réfléchissons également à la façon dont de nouvelles technologies peuvent permettre aux voyageurs importunés comme aux témoins de prévenir les forces de l'ordre de façon discrète, comme avec un SMS ou via une application dédiée. Mais le plus important, à mes yeux, est de faire prendre conscience aux femmes de leurs droits.

Pour trouver plus de ressources contre le harcèlement, des outils sont disponibles ici [10] et ici [11].