L'Union européenne critique fermement la Chine après l'enlèvement de cinq libraires hongkongais

Causeway Bay Books. Kris Cheng / HKFP.

Causeway Bay Books. Kris Cheng / HKFP.

Cet article écrit par Kris Cheng est initialement paru sur Hong Kong Free Press le 26 avril 2016. La version ci-dessous est publiée sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partenariat.

L'Union européenne a déclaré que l'affaire des libraires disparus [en] représentait la « remise en cause la plus grave » du droit constitutionnel hongkongais et du principe « un pays, deux systèmes » – le compromis qui stipule que la ville est sous autorité de la Chine communiste, mais jouit d'une grande liberté dans la gestion de ses affaires politiques et économiques depuis la rétrocession par le Royaume-Uni de l'ancienne colonie de Hong Kong à la Chine en 1997.

Dans son rapport annuel [fr], l'Union européenne a exhorté Pékin à rétablir la confiance des habitants de Hong Kong et de la communauté internationale dans les arrangements portant sur l'autonomie de la ville.

Cinq libraires hongkongais qui vendaient des livres sensationnalistes et critiques à l'égard du gouvernement chinois se sont volatilisés en Thaïlande, en Chine et à Hong Kong en 2015 et ont finalement tous réapparu en Chine continentale, affirmant qu'ils coopéraient de leur plein gré à l'enquête officielle. Deux des personnes disparues étaient citoyennes d'un pays de l'Union européenne. Le rapport précise que:

The case involves a serious violation of human rights and fundamental freedoms and raises grave concerns about the rule of law under the ‘one country, two systems’ principle and the mainland authorities’ application of [People's Republic of China] laws to acts carried out by Hong Kong residents on Hong Kong soil.

L'affaire suppose une grave violation des droits humains et des libertés fondamentales, et soulève de profondes inquiétudes concernant l'Etat de droit en vertu du principe « un pays, deux systèmes » et l'application par les autorités continentales du droit [de la République populaire de Chine] aux activités exercées par les habitants de Hong Kong sur le sol hongkongais.

Le rapport annuel a été rédigé par la Commission européenne et le Service européen pour l'action extérieure le 25 avril.

Il y est dit que Lee Bo, ressortissant britannique qui a disparu à Hong Kong, «semble avoir été enlevé»:

Despite repeated requests for information and explanation by top officials of the Hong Kong [special administrative region] as well as by the EU and other members of the international community, the [People's Republic of China] authorities failed to provide any credible explanation.

Malgré des demandes répétées d'informations et d'explications de la part de hauts dirigeants de la région administrative spéciale de Hong Kong ainsi que de l'Union européenne et d'autres membres de la communauté internationale, les autorités de la République populaire de Chine n'ont pas pu fournir d'explications crédibles.

Ce n'est pas la première fois que l'UE publie un communiqué sur la question – le premier, publié en janvier, demandait l'ouverture d'une enquête. Le Parlement européen a également adopté une résolution en février dans laquelle il exprime une « vive préoccupation » concernant les disparitions.

Processus de réforme électorale

L'UE a en outre ajouté dans le rapport qu'elle espérait que Hong Kong aurait la possibilité de reprendre le processus de réforme électorale et de parvenir à un accord en faveur d'un système électoral démocratique, juste, ouvert et transparent:

Universal suffrage would give the government greater public support and legitimacy for its efforts to reach Hong Kong’s economic objectives and tackle social challenges, such as the socioeconomic and generational divides in Hong Kong society.

Le suffrage universel donnerait au gouvernement un plus grand soutien populaire et davantage de légitimité dans sa démarche vers la réalisation des objectifs économiques de Hong Kong et dans son combat face à des défis de société tels que les divisions socioéconomiques et générationnelles au sein de la société hongkongaise.

Le programme de réformes politiques du gouvernement, qui proposait que les candidats qui souhaitent devenir chef de l'exécutif, comme est appelé le plus haut responsable politique hongkongais, soient approuvés par un comité de nomination, a été rejeté en juin 2015 par le conseil législatif.

Liberté dans l'enseignement supérieur

Le rapport fait également mention du rejet de la nomination du professeur de droit et libéral Johannes Chan Man-mun comme pro-vice-chancelier de l'université de Hong Kong par le conseil d'administration «en raison de ses liens avec des groupes d'opposition»:

This practice threatens independent university governance and could in the long run harm academic freedom in Hong Kong. […] The controversy prompted calls for the removal of the Chief Executive as ex officio Chancellor of all universities in Hong Kong.

Cette pratique menace la gouvernance indépendante de l'université et pourrait à long terme porter préjudice à la liberté dans l'enseignement supérieur à Hong Kong. […] La polémique a entraîné des appels à la révocation du chef de l'exécutif en tant que chancelier d'office de l'ensemble des universités de Hong Kong.

Le rapport a mis en lumière d'autres défis qui attendent Hong Kong, dont la difficulté à recruter des juges, la pénurie d'assistants dans les tribunaux et les honoraires faibles payés aux avocats dans les dossiers d'aide juridique, en particulier pour les affaires criminelles.

Un porte-parole du gouvernement a déclaré à la radio publique locale RTHK que la loi fondamentale, qui fait office de cadre constitutionnel à Hong Kong, et le principe d'un pays, deux systèmes fonctionnent bien depuis que Hong Kong est devenue une région administrative spéciale de la Chine, et que les gouvernements et législateurs étrangers ne devraient pas s'immiscer dans les affaires intérieures hongkongaises.

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