Pour les étudiants de universités chinoises, le problème le plus important qui se pose après l'obtention du diplôme est celui de rembourser les dettes, et ce n'est pas une petite histoire pour un débiteur ou une débitrice, surtout si il ou elle n'a pas trouvé d'emploi. C'est ce qu'à fait observer [en chinois comme les autres liens, sauf indication particulière] récemment un internaute sur Weibo.
Depuis quelques années, les services financiers en ligne destinés aux particuliers ont connu un véritable boum en Chine. De nombreuses plateformes de shopping en ligne proposent de petits crédits aux clients.
Ces micro-crédits sont très populaires auprès des étudiant universitaires et beaucoup d'entre eux finissent par tomber dans la spirale du surendettement. Du, un étudiant de la ville de Huai'an dans la province orientale du Jiangsu a acheté un iPhone à crédit par le biais d'une société de crédit en ligne, puis s'est rapidement aperçu qu'il ne réussirait jamais à payer ses traites en temps voulu. Pour éviter des retards de remboursement, il a souscrit crédit après crédit, accumulant à la fin une somme de presque 80 000 yuan ( autour de 12 380 dollars).
Du n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
La croissance rapide du marché des crédits à la consommation en ligne, en Chine, fait que ce secteur souffre d'un manque de réglementations et est truffé de pièges, tant pour les investisseurs que pour les clients.
Au début de l'année, un groupe financier en ligne Ezubao, a été accusé par les autorités d'avoir prélevé illégalement des fonds pour une valeur de 50 milliards de yuans (environ 7,8 milliards de dollars) sur le dos de 900 000 clients sur tout le territoire national. C'est ce que rapporte Xinhua, l'agence de presse officielle chinoise.
Coût des services ou frais cachés
Il semble que très souvent, les étudiants de l'enseignement supérieur soient sensibles à une forte pression sociale, qui les pousse à suivre des modes qui changent très vite au gré des nouveautés. Certaines sociétés de crédits ont évidemment dans leur ligne de mire ce groupe social assez ingénu. Ainsi, beaucoup de société travaillent ensemble sur des plateforme d'achat en ligne pour inciter habilement les étudiants à payer leurs acquisitions à crédit.
Ces étudiants n'ont qu’ à scanner leur carte d'identité et signer un petit formulaire pour lancer la demande de crédit dont l'approbation ne demande habituellement moins de 24 heures.
Les étudiants ne portent habituellement aucune attention aux exigences de ces sociétés en ce qui concerne le coût de leurs services, comme par exemple les commissions demandées. Et quand ces jeunes n'arrivent pas à payer leurs dettes, les créanciers se retournent contre les parents dans la mesure où ils peuvent eux mêmes les payer.
Comme l'a rapporté l'hebdomadaire Southern Weekend, le mois dernier, un étudiant avait acheté un IPhone en signant un contrat avec Hi Cash, une société de crédit bien connu sur le net. Au final il a dû payer cinquante pour cent de plus que le prix indiqué à cause du coût des services et frais cachés, mais ce de n'était pas encore le pire. Il a en effet découvert avec stupéfaction que le contrat qu'il avait signé comportait quatre parties, lesquelles permettaient à Hi Cash d'utiliser ses informations pour réclamer à une autre entreprise un emprunt en son nom, transaction dont il a déclaré n'avoir aucune connaissance. Selon les pratiques courantes, ces sociétés de crédit ne sont soumises qu'à l'obligation d'un enregistrement auprès de la chambre administrative pour l'industrie et le commerce, sans contrôle de la part de l'autorité financière.
De plus le formulaire utilisé pour la demande de crédit en ligne prévoit seulement deux informations de base sur l'identité et laisse beaucoup de place à des échappatoires possibles.
Zheng, un étudiant de la province du Henan, s'est suicidé après avoir accumulé une dette de plus d'un million de yuans (plus de 150 000 dollars) le mois dernier. C'est ce que rapporte un article du quotidien China Times.
L'enquête montre que Zheng aurait utilisé la carte d'identité de 28 autres étudiants de façon à pouvoir obtenir toujours plus de crédits pour parier sur des matchs de football.
Lors d'un interview sur la chaîne de télévision nationale CCTV le père de Zheng a déclaré que cette société de crédit devrait au moins reconnaître qu'elle est en partie responsable de la mort de son fils.
Outre les techniques habituelles que les créanciers utilise pour tourmenter les débiteurs (appels téléphoniques répétés, lettres d'huissiers, etc.), il semble que les sociétés de crédit aient le droit de s'en prendre à la famille des débiteurs et de rendre public les noms des étudiants qui leur doivent de l'argent.
Pendant ce temps-là, le Quotidien du Peuple, porte-parole du gouvernement, a déclaré officiellement que la sensibilisation à la responsabilité financière doit commencer à la maison, conseillant aux parents de tous les étudiants de surveiller le comportement de leurs enfants, de développer leur compétences financières et d'augmenter leur prise de conscience des risques éventuels.
Il existe un besoin de plus de réglementation
Pour éviter l'utilisation abusive des données personnelles des étudiants, Wang Xinrui et Guo Junlei, deux avocats des bureaux d'étude Anli Partners de Pékin, ont publié un article sur le Financial Times demandant au gouvernement chinois de garantir la protection des données personnelles sur internet et d'étendre le contrôle de normalité à l'activité financière en ligne.
互联网金融涉及的身份信息、交易信息更为敏感,泄露后危害也更大,因此必须从立法和技术上加以更严格的限制,也要对泄露用户信息的行为进行更加严厉的惩罚。
Les société financières en ligne manipulent des informations sensibles concernant l'identité des personnes et la nature des transactions. La circulation illégale de ce type de données irait contre l’intérêt public. Les autorités devraient imposer plus de restrictions pour éviter que ces informations soient divulguées et punir ceux qui s'en rendent responsables
Sheng Songcheng, directeur général du département d'analyses et statistiques de la Banque Populaire chinoise, a déclaré en janvier que sa banque était préoccupée par la nécessité de mieux réglementer les crédits en ligne dans le cadre d'une politique d'amélioration du système de contrôle de l'activité financière. Cette banque en collaboration avec des services financiers du gouvernement, avait déjà publié, à la fin de l'année dernière un guide complet pour faire la promotion d'un développement plus sûr des services financiers sur internet.
Les lignes directrice insistent sur le fait que les services financiers en ligne devront être en règle avec les normes actuelles [lien en anglais], les prêts aux particuliers ne devront pas avoir un taux d’intérêt annuel supérieur à 24%.
Reste à voir comment ces décisions seront réellement appliquées.