Aprés un débat intense qui a mobilisé tout le pays, le gouvernement de Colombie a décidé de retirer le permis délivré à une société pétrolière pour explorer une zone adjacente à la réserve naturelle La Macarena située à 281 kilomètres de Bogotá et considérée comme une des plus grandes réserves de faune du monde.
Le retournement de situation ne se serait pas produit sans ce texto, “Des puits de pétrole sont creusés dans le parc La Macarena”; qui a d'abord attiré l’ attention de Paloma Valencia, une sénatrice du parti du Pôle Démocratique, sur un groupe de discussions par textos. Elle prit alors la décision de convoquer au Congrés le maire de la municipalité, Ismael Medellin Duenas, pour rendre compte de ces graves allégations devant ses collégues.
Paloma Valencia a rapporté au journal indépendant en ligne Debate Periódico ce qui s'était passé :
Con los amigos del Centro Democrático pudimos entrar en contacto con el recién elegido alcalde del Municipio y otras autoridades locales que de tiempo atrás han venido defendiendo el territorio de la explotación petrolera. Logramos que el Alcalde se dirigiera a la plenaria [del Congreso], y la reacción fue inmediata, se conformó una comisión para redactar una proposición del Senado en pleno para pedir la revocatoria de la licencia.
Grâce au soutien des amis du Centre Démocratique, nous avons pu contacter le maire nouvellement élu de la municipalité et d'autres autorités locales qui défendaient le territoire de l'exploitation pétrolière depuis longtemps. Nous avons réussi à convaincre le maire de prendre la parole devant la plénière [du Congrés], et la réaction a été immédiate : une commission a été mise sur pied pour élaborer en séance une proposition au Sénat appelant à l'annulation du permis.
Cette situation a contraint le directeur de l'organisme chargé de délivrer les permis environnementaux, l'Agence Nationale des Permis Environnementaux (Agencia Nacional de Licencias Ambientales, ou ANLA), de tenir un point de presse. Durant celui-ci, il confirma avoir autorisé le 18 Mars 2016 l'entreprise américaine Hupecol de procéder au forage de 150 sites sur un territoire couvrant environ 30000 hectares, à proximité de la source de trois principaux fleuves traversant la région.
Le maire de La Macarena, Ismael Medellín Dueñas, interviewé par le journal quotidien El Espectador expliqua:
Yo quiero denunciar la entrega de esta licencia 0286 para la explotación de 150 pozos, nosotros somos un municipio ecológico y turístico, llevamos más de 15 años preparándonos para esto y ahora resulta que el Gobierno da vía libre para acabar con todo nuestro ecosistema. Hoy recibimos más de 14 mil turistas al año por la belleza de nuestros recursos y ahora nos pretenden convertir en una zona de explotación de hidrocarburos.
Je condamne la délivrance du permis 0286 pour l'exploitation de 150 puits, nous sommes une municipalité écologique et touristique, nous nous préparions à cela depuis plus de 15 ans, et maintenant il s'avère que le gouvernement donne le feu vert à la destruction de la totalité de notre écosystème. Aujourd'hui nous recevons plus de 14000 touristes par an, attirés par nos belles ressources [naturelles] et maintenant le gouvernement cherche à transformer cela en une zone d'exploitation d'hydrocarbures.
Après la confirmation officielle, la nouvelle fit la Une des journaux à travers le pays et devint un sujet d'intérêt croissant sur les réseaux sociaux le jour suivant, le 14 avril.
Le scandale fut relayé par la presse internationale car la zone abrite la fameuse “Rivière aux Cinq Couleurs”, Caño Cristales, visitée par des milliers de touristes chaque année et emblème de la chaîne de montagnes Serranía de La Macarena.
Plusieurs hashtags sur Twitter, y compris #YoDefiendoLaMacarena (#JeDefendsLaMacarena) et #LaMacarenaNoSeToca (#LaMacarenanesetouchepas) exprimaient les inquiétudes de ceux qui s'opposaient au projet pétrolier. Hector Lorenzana, par exemple, a partagé une vidéo sur le Caño Cristales :
Te amo Cristales ⎯ Río de cinco colores https://t.co/42Hob7908Z @YouTube #YoDefiendoLaMacarena ANLA Asco Nacional de Licencias Ambientales.
— HÉCTOR H LORENZANA (@HECTORfelino) 13 de abril de 2016
Je t'aime, Cristales ⎯ Rivière aux Cinq Couleurs
ANLA, Permis dégoutants de l'Agence Nationale des Permis Environnementaux.
Alicia GT exprime son indignation après l'explication fournie par le directeur de l'ANLA, pour qui “l'exploration pétrolière autorisée n'affectait pas le Caño Cristales”:
¿Creen tarada a la gente?#YoDefiendoLaMacarena#YoDefiendoLaMacarena#YoDefiendoLaMacarena#YoDefiendoLaMacarena https://t.co/rxt4PWXC1I
— AliciaGT_ (@AliciaGT_) 13 de abril de 2016
Prenez-vous les gens pour des idiots ?
Une sénatrice du Parti Vert, Claudia Lopez, affirme que son parti respecterait l'environnement:
Verdes haremos respetar Serranía de La Macarena de este intento absurdo de destrozarla con exploración petrolera! https://t.co/zgKLqlRupV
— Claudia López (@CLOPEZanalista) 13 de abril de 2016
Le Parti Vert va défendre Serrania de La Macarena contre cette absurde tentative de destruction par cette exploitation pétrolière!
D'autres, comme Marcoteto, ont utilisé des mèmes pour exprimer leur colère :
#YoDefiendoLaMacarena @ANLA_Col pic.twitter.com/5T9ELZ8Cr9
— Marcoteto (@marcotulio12332) 13 de abril de 2016
#JeDefendLaMacarena
Entre-temps, Andrés Correa a rappelé le rang élevé de la Colombie au classement des pays comptant le plus de conflits environnementaux :
¿Colombia es la virreina mundial en conflictos ambientales y le queremos sumar más? #YoDefiendoLaMacarena pic.twitter.com/TW3EQdsAAl
— Adrián Correa (@AdrianCorrea) 14 de abril de 2016
La Colombie se classe au top des conflits environnementaux dans le monde et nous voulons en rajouter ? #IDefendLaMacarena
César Jerez a fourni une carte montrant les lieux de forage des 150 puits :
Este es BloqueSerranía donde se perforarán 150 pozos petroleros en La Macarena #YoDefiendoLaMacarena #CañoCristales pic.twitter.com/oKB7EAnMvP
— César Jerez (@CesarJerezM) 14 de abril de 2016
Ceci est la Zone de Serrania où 150 puits de pétrole doivent être forés dans la Macarena
Alberto Castilla fait le décompte des manifestations contre le projet dans la capitale régionale, Villavicencio :
6 mil personas expresaron de manera contundente en Villavicencio la defensa de la Macarena#YoDefiendoLaMacarena pic.twitter.com/Faz9DcWZKu
— Alberto Castilla (@CastillaSenador) 21 de abril de 2016
Six mille personnes à Villavicencio ont exprimé avec enthousiasme leur soutien à La Macarena
Cependant, malgré l'indignation croissante, le président de l'entreprise d'Etat pétrolière (Ecopetrol) s'est fait menaçant : “soit le pays produit plus de pétrole, soit il augmente ses impôts ou dépense moins dans l'amélioration des infrastructures routières. De ce fait, vous devez protéger les ressources de gaz et pétrole qui assure la stabilité financière de ce pays.”
Le scandale s'est amplifié lorsqu'il fut révélé que ANLA avait déjà été averti des risques d'une approbation du permis par la Corporation Autonome de La Macarena (Cormacarena), première autorité environnementale à consulter avant de délivrer tout permis. Le 29 Juillet 2015, la corporation avait statué que le projet minier approuvé n'était pas viable.
Tout ceci amena le Président Juan Manuel Santos à ordonner la suspension du permis, tandis que le ministère de l'Environnement niait l'existence même de tout permis dans un tweet contradictoire :
Es falso que se haya entregado una licencia de exploración en Caño Cristales #NoHayLicenciaEnCañoCristales pic.twitter.com/OzjHD9cNe7
— Minambiente Colombia (@MinAmbienteCo) 14 de abril de 2016
Tweet: Ce n'est pas vrai qu'un permis d'exploration a été délivré à Caño #IlnyapasdepermisàCañoCristales
Au même moment, le Ministère du Commerce chercha à intensifier la polémique avec cette affirmation :
.@ParquesColombia impulsa proyectos de conservación y turismo ambiental #NoHayLicenciaEnCañoCristales pic.twitter.com/9rFjdUBkrZ
— MinComercio (@MincomercioCo) 15 de abril de 2016
Tweet: l'Agence des Parcs Nationaux de Colombie favorise les projets préservant l'environnement et le tourisme #ThereIsNoLicenseInCañoCristales
Image:Les seuls projets que nous soutenons, nous, dans les parcs nationaux, sont ceux qui préservent l'environnement et le tourisme. #IlnyapasdepermisàCañoCristales
Tout cela se reflète dans cette affirmation énergique du président:
Nuestro compromiso es proteger y conservar los @ParquesColombia #YoDefiendoLaMacarena #NoHayLicenciaEnCañoCristales pic.twitter.com/KydhmCMlps
— Presidencia Colombia (@infopresidencia) 16 de abril de 2016
Notre engagement est de protéger et de conserver les parcs nationaux . #IDefendLaMacarena #IlnyapasdepermisàCañoCristales
Trois jours plus tard, suite aux déclarations du président et du ministère de l'environnement contre la décision de l'ANLA, le directeur de l'ANLA annonça officiellement en conférence de presse comme l'on s'y attendait que le permis était révoqué, en prétendant qu'il n'avait pas été informé de la décision de la Corporation Autonome .
En réponse, la compagnie Hupecol, par son représentant légal, n'écarta pas la possibilité d'intenter un procès contre le gouvernement ou de solliciter un tribunal d'arbitrage. Entre-temps, le secteur pétrolier exprimait sa préoccupation quand à la fiabilité des institutions du pays.
Cependant, ce permis n'est pas le seul, comme l'a signalé le journaliste Victor Solano:
Así, aunque muchos colombianos decimos que #LaMacarenaNOseToca, @ANHColombia y @ANLA_Col se empeñan en que sí pic.twitter.com/rQ1IIJgzjp
— Víctor Solano (@Solano) 21 de abril de 2016
Ainsi, bien que beaucoup de Colombiens disent #DoNotTouchLaMacarena, l'Agence Nationale des Hydrocarbures et ANLA persistent à faire le contraire
Entre temps, Manuel Rodriguez, souligna qu'il y avait plus de travail à accomplir:
#MacarenaEstaDeFiesta Faltan revocar 12 títulos más #LaMacarenaNOseToca
@RemaAcpp pic.twitter.com/oqxJrtnaK5— Manuel Rodríguez B. (@manuel_rodb) 20 de abril de 2016
#MacarenaIsCelebrating: 12 permis additionnels [d'exploration pour le pétrole et le gaz] doivent encore être annulés #DoNotTouchLaMacarena
Le 25 Avril, le directeur de la ANLA a présenté sa démission, un jour avant d'être appelé au Sénat pour s'expliquer sur la délivrance du permis litigieux. Le même jour, lors d'un remaniement ministériel, le président a nommé un nouveau ministre de l'environnement.