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Ouganda: Arrêté pour avoir endossé un T-shirt avec l'effigie du chef de l'opposition

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Ouganda, Droits humains, Médias citoyens, Politique
Une capture d'écran extraite de la page Facebook de M. Samson Tusiime.

Une capture d'écran extraite de la page Facebook de Samson Tusiime.

Twitter était en effervescence en Ouganda le dimanche 29 mai avec le hashtag #FreeSamwyiri [1]. La campagne faisait suite à l'arrestation [2] d'un Ougandais dénommé Samson Tusiime [3] parce qu'il aurait porté et distribuait des T-shirts avec la photo du leader de l’ opposition, Kizza Besigye.

La police soutient qu'il organisait des manifestations “illégales” [4] et planifiait la distribution de T-shirts similaires dans tout le pays. Selon [5] un journal indépendant, deux autres Ougandais, Ismail Muyinda et en Asia Nanyanzi, ont également été arrêtés.

Tusiime avait posté un message sur Facebook le 28 mai vêtu du T-shirt en question, en disant qu'il était à la recherche de son ami Ysmyl Muyinda [6] (présumé être le même Ismail Muyinda qui aurait été arrêté comme signalé [6] ci – dessus), [7] dont l'entreprise les aurait imprimés et produits. Il a écrit qu'il était allé à différents postes de police à la recherche de son ami. Quand ses amis ont remarqué que M. Tusiime lui – même avait disparu, ils ont lancé le hashtag #FreeSamwyiri [1]. Plus tard, la police a confirmé [2] son arrestation.

L'affaire a agité de nombreux Ougandais, en état de choc qu'un T-shirt puisse suffire pour arrêter quelqu'un. Joel Nevender, un blogueur, a demandé à la police :

Vous arrêtez @Samwyri pour avoir exercé sa liberté d'expression? Pour des t-shirts? Des T-shirts ?

Alors que Ogutu Daudi tweetait :

Peut-on arrêter d'appeler ça démocratie car ce n'en est pas une. Fichus T-shirts. Mettez-nous donc les combinaisons jaunes [tenues des prisonniers], ne vous gênez pas.

Ces derniers mois, les autorités ougandaises se sont montrées particulièrement intolérantes envers la critique. Le Président Yoweri Museveni a remporté, en février 2016, un cinquième mandat suite à des élections controversées que l'opposition a qualifié de truquées. Les opposants et autres militants dénoncent la victoire de M. Museveni avec une série de manifestations qu'ils ont surnommé “campagne de défi [12] [13].

Depuis l'élection de février, les autorités ont arrêté Kizza Besigye [principal leader de l'opposition] et d'autres figures de l'opposition à plusieurs reprises et bloqué [14] les médias sociaux à deux reprises dans l'intérêt de la “sécurité nationale [15]“.

Après l'arrestation de Tusiime, Josephine Karungi se demande :

Certaines choses sont terriblement difficiles à retourner … maintenant nous l'avons arrêté parce que … vous ne pouvez pas vraiment dire que c'est à cause du t-shirt, n'est-ce pas ?

L'étudiant Patoranking pense que cet acte est pire qu'à l'époque d'Idi Amin, le dictateur qui a gouverné l'Ouganda de 1971 à 1979 :

Nos parents ne peuvent même plus nous dire “Au temps d'Amin, …..” parce que cette fois c'est encore pire que du temps d'Amin

Chapter Four Uganda, (Chapitre quatre Ouganda), une organisation d'assistance juridique, a répondu à ce tollé en envoyant une mission juridique à la station de police :

Notre agent est à SIU Kireka pour obtenir une déclaration de @Samwyri pour une action en justice

SIU Kireka signifie Unité des enquêtes spéciales à Kireka à Kampala, la capitale.

On ne connaît pas encore les accusations exactes portées contre lui. Cependant, Qatahar Raymond, un journaliste qui a suivi l'affaire de Tusiime depuis son arrestation, suppose qu'il pourrait être accusé d'incitation à la violence.

Nous apprenons que @Samwyri et son ami seront probablement accusés d'”incitation à la violence”, si accusation il y a.