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Pionnières, héroïnes et icônes de mode : 100 ans de beauté en République Dominicaine en 1 minute de time-lapse

Catégories: République Dominicaine, Arts et Culture, Ethnicité et racisme, Histoire, Médias citoyens
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Inspirées par la série de vidéos 100 ans de beauté de Cut.com, Lala films explore l'histoire des tendances qui ont dominé la République Dominicaine ces 100 dernières années. Capture d'écran de la vidéo disponible sur Youtube.

[Tous les liens sont en espagnol, sauf mention contraire]

Parcourir l’Histoire, faire le bilan de ce qui a marché pendant une période déterminée, et questionner les faits  permet d’obtenir une liste d’événements qui constitue une forme de vérité. Quelques-uns ont fait de ces considérations historiques des essais, des livres ou des photos ; d’autres encore ont transformé des idées en images en mouvement. La vidéo 100 Ans de beauté, consacrée à la République Dominicaine et réalisée par Kayla Rodríguez (Lala films) [2] [anglais], est précisément le résultat d’une investigation autour des femmes dominicaines. Ce documentaire est également une manière de faire et conter une des nombreuses versions de l’histoire particulière qui s’est écrite à travers les paradigmes de beauté de la société dominicaine.

100 ans de beauté en République Dominicaine est une des nombreuses répliques apparues depuis 2014 sur le site Cut.com [3] [anglais]. La première vidéo [4] avait pour sujet la femme blanche des Etats-Unis.

A cet égard, le format court et le time-lapse utilisé pour cette série montrent comment une technique utile et appropriée pour relater des histoires peut être diffusée et facilement consommée par un public très large. Le défi majeur ? Illustrer les diverses formes de beauté de 1910 jusqu’à 2010 en l’espace d’une minute.

De la vision de cette vidéo surgissent quelques questions : que voyons-nous dans cette version de 100 ans de beauté en République Dominicaine ? Quelle discussion politique et culturelle se cache derrière les choix dans la création des canons de beauté de la femme dominicaine que les créateurs souhaitent montrer ? Pour répondre à quelques-unes de ces questions, Lala films a publié les coulisses [5]de son documentaire, où la réalisatrice et productrice Kayla Rodríguez explique quelles sont les personnes qui ont inspiré les modèles de beauté pour chaque décennie, présentés dans la vidéo.

Nous y rencontrons des femmes aussi différentes que María Teresa Mirabal [6], sœur de Patria y Minerva [7] [français], une des grandes opposantes au régime dictatorial de José Leonidas Trujillo [8] [français], et Angelita Trujillo, la fille du dictateur. La décennie 1920 est marquée par deux femmes exceptionnelles, comme l’éducatrice Ercilia Pepín [9] et Evangelina Rodríguez [10], première femme dominicaine diplômée en médecine. Les styles des décennies 1970 et 1980 sont inspirés de la culture pop musicale, comme Milly Quezasa [11] [français] et les Chicas del Can [12], un groupe de merengue uniquement composé de femmes.

Les cheveux, débat politique

Toutefois, les icônes ne sont pas choisies uniquement sur la base de personnalités remarquables de la culture dominicaine. La vidéo explore également des tendances aussi opposées que celle des cheveux lissés lors des années 1990 et l’essor du cheveu naturel dans les années 2010, devenu une source de débat [13].

La République Dominicaine est un pays métis, avec une forte population d’origine africaine, mais aussi doté d’un héritage culturel européen qui influe sur les standards de beauté et d’identité. Ainsi, le débat sur le cheveu naturel est source de nombreuses controverses [14]. Certains exemples se voient à travers les codes vestimentaires dans les espaces de travail qui n’autorisent pas le style afro, ainsi que sur les photographies présentes sur la carte d’identité [13].

100 ans de beauté en République Dominicaine est une réflexion sur la définition de la beauté féminine dans la culture dominicaine, et une vision de leur rôle dans les soubresauts sociaux à travers le temps. La vidéo peut être perçue comme un essai visuel sur la transformation du canon de beauté, la lutte pour une cause ou les hésitations face au pouvoir d'un gouvernement, mais aussi comme un échantillon des différents modes de vie imposés par les moyens de communication massifs, sous l’influence de la mondialisation.