Si le Brésil connaît déjà les moyens d’entr'aide alternatifs et non monétaires, le pays nous a montré qu'il y avait de la place pour de nouvelles initiatives sociales avec l'arrivée, il y a quelques années, de banques de temps et maintenant d'une campagne populaire transformée en une plate-forme ,”Mais Amor Entre Nós.
Le projet, qui signifie ”Plus d'amour entre nous”, a débuté en mars 2016 sous la forme d'un hashtag sur Facebook lancé par Sueide Kintê, une journaliste originaire de l'Etat brésilien de Bahia, et a donné au concept de l'économie du don une toute autre dimension, celle d'être exclusivement réservée aux femmes.
Lancée au cœur de la culture afro-brésilienne du Brésil, la ville de Salvador, l'idée a grandi au sein d'un groupe de femmes noires brésiliennes s'entraidant les unes les autres par le don d'une heure de leur temps. Les membres offrent des services variés tels que de l'aide au montage vidéo, la couture, le ménage, la cuisine végétarienne, des discussions autour de sujets tels que l'estime de soi, la politique, les origines ethniques et le genre.
C'est ouvert non seulement à toutes les femmes, mais aussi à celles de tout le Brésil et maintenant de plusieurs autres pays.
Comme il a été mentionné en mai 2016 dans un article du magazine brésilien TPM, le raisonnement de Sueide Kintê derrière cette décision est simple (même si la cause sous-jacente est complexe) :
É só para as mulheres porque somos um sujeito mercantilizado. Se existe um grupo de pessoas dentro da sociedade brasileira que é mais vulnerável, é o de mulheres, principalmente as negras.
Ce n'est que pour les femmes parce que nous sommes un sujet ”marchandisé”, s'il y a un groupe de personnes au sein de la société brésilienne qui est le plus vulnérable, ce sont les femmes, et plus particulièrement les femmes noires.
La publication Facebook ci-dessous, où a été introduit le hastag, n'était qu'un simple message que Sueide posta sur son compte personnel. Ce fut assez pour lancer tout le mouvement :
Se vc é mulher e precisa de ajuda em alguma das coisas listadas abaixo eu faço de GRAÇA pra vc menina! Estou disponível uma hora por dia. Me procure no zap ou inbox.
Posso ficar de babá do seu filho para vc fazer algo q precise, te ensinar a nadar, a andar de bicicleta, projetar seu site pessoal, fazer um release seu ou do seu trabalho, trançar seu cabelo, fazer seu dreadlock com agulha de croché, meditar com você, praticar hit dance contigo, cozinhar massas com molhos inusitados e deliciosos, escrever projetos culturais para captação de recursos, ajuda-la a tirar uma ideia do papel(sou boa nisso), ou, simplesmente só te ouvir.
Me pede inbox q te passo meu zap
#maisamorentrenos
Si vous êtes une femme et que vous avez besoin d'aide pour les choses listées ci-dessous, je le ferai gratuitement pour vous, les filles ! Je suis disponible une heure par jour. Retrouvez moi sur WhatsApp ou [envoyez moi un message] sur ma boite.
Je peux prendre soin de votre enfant afin que vous puissiez vaquer à vos occupations, je peux vous apprendre à nager, à faire du vélo, à concevoir votre site internet personnel, éditer un communiqué de presse pour vous ou votre travail, tresser vos cheveux, faire vos dreadlocks avec une aiguille de crochet, méditer avec vous, pratiquer votre danse avec vous, cuisiner des spaghettis avec des sauces délicieuses et inattendues, rédiger des demandes de subvention pour vos projets culturels, vous aider à mettre vos idées sur papier (je suis forte pour ça !), ou tout simplement je peux vous écouter.
Demandez-moi [sur ma boîte mail] et je vous enverrai mon WhatsApp
#morelovebetweenus
Comme la publication le montre, les types de don qui sont échangés dépendent totalement de ce que propose la communauté, qui est actuellement plus active sur Facebook que sur le site web officiel du projet. Les offres moins courantes sont les soins personnels pour les femmes contaminées par le virus Zika ou encore les conseils sur la façon d'assumer publiquement sa propre sexualité. En complément, le site internet et la communauté Facebook dispose d'une boutique en ligne, où les membres sont invitées à désencombrer leurs placards et à offrir gratuitement à d'autres membres les pièces dont elles n'ont plus l'utilité.
Suedei et son équipe sont actuellement entrain de travailler sur une application mobile du site internet pour améliorer les interactions entre les membres et faciliter la participation au réseau lui-même. 22 500 personnes ont rejoint la page Facebook officielle en seulement cinq mois. Grâce à une idée solide qui continue de gagner du terrain (même à l'étranger), une application en cours de développement et un public intéressé, il semblerait que Sueide, un peu comme quelqu'un qui trouve une bonne idée et la réalise, pourrait se retrouver trop occupée pour prendre part à sa propre création. Mais heureusement pour elle, elle a plus de 20 000 femmes prêtes et disposées à la soutenir.