Dilshod Nazarov et d'autres champions tadjiks dont vous n'avez jamais entendu parler

Dilshod Nazarov, hammer throw champion of Olympic Games-2016. Collage is widely shared among Tajiks in Facebook

Dilshod Nazarov, champion du lancer de marteau aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Image partagée par les Tadjiks sur Facebook

[Tous les liens sont en français, sauf mention contraire]

Alors que les Tadjikistanais ont accueilli leur champion olympique Dilshod Nazarov, Global Voices revient sur son histoire ainsi que sur les performances du petit et montagneux pays d’Asie Centrale durant les 25 années écoulée depuis son indépendance.

2016 – Dilshod Nazarov, premier champion olympique

Si vous lisez Global Voices, sans doute avez-vous déjà entendu cette histoire.

Le lanceur de marteau Dilshod Nazarov est un enfant de la guerre civile qui a fait rage au Tadjikistan de 1992 à 1997. Son père a été tué lors des combats en 1996 alors que Dilshod n’avait que 15 ans. Son incroyable victoire aux Jeux Olympiques de Rio illustre d’une certaine façon le long et difficile périple qui a mené le pays jusqu’à la paix.

Le président suppléant du Comité de la Jeunesse, du Sport et du Tourisme du Tadjikistan était le porte-drapeau du pays aux derniers JO et la meilleure chance de médaille pour ce pays. Peu de personnes avaient pu prédire qu’il battrait ses plus sérieux rivaux pour s’emparer de l’or.

Fait exceptionnel, l’inamovible président Emomali Rakhmon a appelé Dilshod pour le féliciter. De nombreux maires ont accroché dans leur ville de grandes images d’un Dilshod souriant, le drapeau autour de son cou.

Même les opposants au régime en exil ont suspendu leur flot de critiques envers le gouvernement pour honorer l’exploit de Dilshod, dont la maison a été envahie par ses supporters.

La clameur était encore plus forte sur les réseaux sociaux, où Nazarov a été fêté comme un ‘Héros National du Tadjikistan’.

2015 : Le FC Istiqlol finaliste de la Coupe AFC

FC "Istiqlol" after one of victories at the AFC Cup 2015. The picture is from the official web-site of the FC "Istiqlol"

Le FC “Istiqlol” après l'une de ses victoires à la Coupe AFC en 2015. Photo issue du site web officiel du FC “Istiqlol”

D'accord, ce n’est pas la Champions’ League européenne, et d’ailleurs, ce n’est même pas la Champions’ League asiatique, mais quand vous ne pouvez exceller que dans les championnats auxquels vous êtes autorisés à participer, ce n’est quand même pas mal, non ?

Lorsque le champion du Tadjikistan [tadjik], Istiqlol, a rejoint le groupe de la Coupe AFC grâce à sa victoire en finale d’un championnat l’an dernier, tout le monde demeurait sceptique.

Pour son premier match, Istiqlol a perdu à domicile, avant qu’une série de victoires inattendues face à ses plus sérieux rivaux permettent à la meilleure équipe du pays de se hisser à la première place du « groupe de la mort ».

Les espoirs ont augmenté au fil des matchs durant la phase éliminatoire du championnat – le second plus prestigieux championnat professionnel asiatique – et ont atteint leur paroxysme lors de la finale, jouée de nouveau à domicile.

Malheureusement, l’arbitre a annulé les trois buts d’Istiqlol, laissant la victoire au club malaysien Johor Darul Ta’zim, qui a pu repartir avec la Coupe.

En dépit de l’injustice flagrante, le Tadjikistan a été reconnaissant envers ses footballeurs pour les émotions toujours plus fortes qu'ils lui a offertes à chaque victoire face à des équipes réputées.

2012 : Mavzuna Chorieva, première médaillée olympique

Mavzuna Chorieva during the awarding ceremony wore Tajik national clothe. The picture is taken from girlboxing.org

Mavzuna Chorieva pendant la cérémonie de remise des médailles, portant le costume traditionnel tadjik. Photo de girlboxing.org

 

Le Tadjikistan a été submergé d’émotion quand un petit bout de femme, qui était adolescente lorsqu’elle ramena le corps de son père décédé de Moscou, a remporté une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Londres, en 2012.

La médaille de Mavzuna Chorieva dans la catégorie poids légers de boxe ne représentait pas la première récompense décrochée par le Tadjikistan aux JO, mais la première rapportée par une femme native d’un pays persan (Iran, Afghanistan ou Tadjikistan).

Dire que l’année 2012 a été incroyablement brillante pour cette jeune femme de 20 ans originaire d’une famille démunie composée de migrants économiques serait un euphémisme.

Outre les Jeux Olympiques, Chorieva a également gagné des médailles lors des championnats d’Asie et du Monde. Elle a reçu éloges de sa nation et plusieurs appartements, offerts par cet Etat appauvri, en récompense de ses performances.

La même année, comme l’a relaté Global Voices, Chorieva s’est mariée et a raccroché les gants pour mettre au monde son premier enfant.

“J’adore le sport”, déclara-t-elle aux journalistes à cette époque. ”Mais la famille est plus importante à mes yeux”.

Depuis, Chorieva est remontée sur le ring, mais sans renouveler ses succès étourdissants/ Elle est devenue membre du conseil municipal de Douchanbé, la capitale, et présidente de l’Association des Olympiens du Tadjikistan.

2006 et 2007 : les jeunes footballeurs du Tadjikistan prennent position

Pour comprendre comment les jeunes footballeurs du Tadjikistan sont devenus la fierté de leur nation pendant deux années consécutives, il faut se souvenir que l’équipe senior du pays ne s’est jamais qualifiée pour un championnat majeur et est actuellement classée au 144ème rang mondial.

Les conséquences de la guerre civile ont privé les footballeurs d’occasions de s’entraîner, Plusieurs équipes de la ligue nationale venaient d'être créées lorsque l’ équipe des moins de 16 ans remporta de façon inattendue la médaille de bronze lors de sa première apparition au championnat continental d’Asie.

Ce succès permit à l’équipe de participer à la Coupe du Monde des moins de 17 ans [anglais], durant laquelle elle remporta 4 victoires, dans un groupe dans lequel jouait la star actuelle de la Premier League anglaise Eden Hazard, et alors que l’équipe belge n'avait pas réussi à se qualifier.

Malheureusement, la route vers la gloire internationale s’est terminée par un penalty contre le Pérou. Toutefois, la fièvre du football était déjà bien présente.

L’auteur de cet article a retransmis en direct des matchs sur un site web local qui a vu son trafic sextupler, alors que l’équipe du Tadjikistan atteignait des résultats auxquels aucune autre équipe n’était parvenue.

1991-2016 : Inclinez-vous devant l’équipe du Tadjikistan de taekwondo

A la lecture de ces victoires ‘presque par hasard’ et de tant d'efforts vaillants, vous en concluez probablement que Dilshod Nazarov est le seul sportif à avoir remporté une compétition internationale sous les couleurs d’un pays d’Asie Centrale.

En vérité, vous auriez totalement tort.

Si l’ITF Taekwon-Do* était une discipline olympique, le Tadjikistan aurait besoin d’un musée [anglais] pour stocker toutes les médailles remportées depuis son indépendance.

Actuellement, le pays peut se vanter de compter pas moins de 20 champions du monde de taekwondo et d’être classé à la seconde place mondiale, derrière la Corée du nord.

Il y a environ dix ans, l'auteur de ce post avait rencontré le parrain de ce sport au Tadjikistan [arabe], Mirsaid Yahoev, qui était allé jusqu’à dire que son équipe « n’avait pas besoin de considérer » les médailles d’argent et de bronze comme des succès lors des championnats du monde.

Visiblement heureux d’être considérés comme des outsiders courageux dans d’autres sports, les Tadjiks sont fiers de voir leurs représentants être redoutés dans au moins une discipline, de Panama City à Pyongyang.

* Fédération Internationale de Taekwondo
**La Fédération Internationale de Taekwondo (ITF) et la Fédération Mondiale de Taekwondo (WTF) sont légèrement différentes mais sont toutes deux très présentes. Seule la seconde est représentée aux Jeux Olympiques. Pour mieux comprendre les différences, consultez cet article [anglais].

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