- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

VIDEOS : Le Venezuela célèbre par la danse ses racines africaines

Catégories: Venezuela, Arts et Culture, Médias citoyens, Musique
Guarapita [1]

Images d'un cours de danse populaire vénézuélienne partagées par la compagnie Camerino. Capture d'écran d'une vidéo diffusée en ligne.

Pour la journée mondiale du folklore, célébrée le 22 août, les Vénézuéliens ont utilisé le web pour mettre en lumière certaines des expressions culturelles du pays auxquelles ils s'identifient le plus. Parmi celles ci, il y avait des danses, prenant leurs racines dans les cultures africaines, qui occupent aujourd'hui un rôle spécial puisqu'elles ont une grande influence sur l'identité vénézuélienne.

En exemple cette vidéo publiée par le studio de danse Camerino Company [2](via Drone Venezuela [3]), qui a presque 300.000 vues et de nombreux commentaires pleins de nostalgie de la part d'utilisateurs qui font partie de la récente diaspora vénézuélienne.

La vidéo présente ce qu'on appelle une danse du tambour, qui est originaire de la côte nord du Venezuela, et qui est peut-être la forme d'art culturel afro-vénézuélien la plus populaire parmi les jeunes. Que ce soit sur les côtes ou dans le reste du pays, c'est commun pendant les fêtes de dédier des espaces pour écouter et danser sur la musique des tambours.

La chorégraphie vue dans la vidéo ci dessus montre des influences de styles variés qui combinent le traditionnel avec le moderne, un mélange qui peut motiver un public plus large à apprécier et même, à participer. La vidéo de la compagnie Camerino est un fort exemple de la manière dont l'expression culturelle peut avoir une place dans les académies de danse tout en maintenant un lien avec les fêtes populaires.

“L'Afrique de retour aux Caraïbes” [4]

Le Venezuela du nord est dominé d'un bout à l'autre par la présence de la mer des Caraïbes. Cela a eu des implications culturelles importantes pour le pays.

Même avant la conquête espagnole, la vaste côte était le lieu de nombreuses migrations parmi les peuples indigènes de la région, dirigées d'un côté du continent à l'autre par un commerce puissant et des dynamiques socio-culturelles. Depuis ce moment, ce flux ne s'est pas arrêté.

1024px-Moll_-_A_Map_of_the_West-Indies

Dans cette carte britannique de 1736, on peut voir le territoire appelé les Antilles : Les Caraïbes et les Bahamas. En-dessous, on peut voir le territoire principal du Venezuela d'aujourd'hui.

En 1498 [5], durant son troisième voyage, Christophe Colomb arriva à la Tierra de Gracia, ou “la Terre de Grâce”, qui était contrôlée par un peuple indigène connu sous le nom de Caraïbes [6]. Trente ans après, les Européens ont commencé à déporter les premiers esclaves africains [7], qui – avec la population indigène – étaient utilisés pour construire les colonies dans cette partie du “Nouveau Monde”.

Encore aujourd'hui, après tous ces siècles, les côtes vénézuéliennes restent un silencieux témoin du cours de l'histoire. Le nombre important d'Afro-Vénézuéliens qui y vivent représente aussi bien le passé que la richesse de leur présent. L'héritage culturel que cette communauté a préservé de génération en génération est incalculable. Des innombrables interdictions au temps de l'esclavage, un langage métaphorique est né, qui cache la douleur du déracinement forcé dans les tristes chansons d'amour. Les chansons de travail, d'un autre côté, soulageaient la charge du travail interminable, et les berceuses aidaient les enfants à s'endormir.

La musique comme la danse étaient un moyen de communication avec plusieurs dieux des religions que les Africains ont apporté aux Indiens de l'ouest, dieux qui finiraient par participer aux rituels religieux des métis et influencer les célébrations séculaires.

Les instruments comme le quitiplás [8] (une percussion) le marímbula [9] (instrument à cordes), ou le arpa tuyera [10] (un type de harpe) sont quelques exemples de la variété de l'héritage musical que les Vénézuéliens ont reçu de l'Afrique et qu'ils ont transformés pour les faire leurs. Dans beaucoup de parties du pays, ces instruments continuent d'êtres joués, la musique dansée, et les techniques enseignées.

Les danseurs présentés dans la vidéo de la compagnie Camerino ne sont sûrement pas seuls dans leur admiration des tambours et des danses de la côte vénézuélienne. Comme d'autres ils continuent une tradition qui unit le Venezuela dans toutes ses diversités au reste des Caraïbes, mais en même temps n'oublient pas les blessures d'un passé douloureux que le temps et la mémoire essayent toujours de guérir.