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Les Roms de Skopje abandonnés par les autorités après la destruction de leurs logements

Catégories: Europe Centrale et de l'Est, Macédoine, Catastrophe naturelle/attentat, Cyber-activisme, Droits humains, Ethnicité et racisme, Gouvernance, Médias citoyens
Des enfants roms sans-abri après que les autorités de Skopje ont détruit leur logement au bulldozer. Photo de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA. [1]

Des enfants roms sans-abri après que les autorités de Skopje ont détruit leur logement au bulldozer. Photographie de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.

Les autorités de Skopje, la capitale de la Macédoine, ont expulsé cet été trente et une familles roms d'un camp situé sous la forteresse historique de Kale. Non contentes de raser ce qui a été leur habitation depuis neuf ans, elles ont aussi, d'après certaines sources, abandonné les familles sans leur fournir aucun soutien.

Le photographe et activiste Vančo Džambaski a publié un album [2] sur Flickr pour essayer d'attirer l'attention sur la souffrance de ces familles. Il y décrit leur situation :

Без никаква помош од државните институции тие сега престојуваат во импровизираното живеалиште покрај Вардар. Без струја и вода, со голем ризик од заразни болести поради поплавите и немањето ни минимални услови за хигиена, со страв ја чекаат зимата.

Sans aucune aide de la part de l'Etat, elles vivent maintenant dans des habitations improvisées au bord de la rivière Vardar. Sans électricité, ni eau, ni tout-à-l'égout, et avec un risque élevé de maladies infectieuses à cause des inondations et de l'absence de conditions minimales d'hygiène, elles appréhendent l'arrivée de l'hiver.

En 2011, l'État a vendu le terrain à une entreprise privée, l'Amadeus Group, pour cent dollars le mètre carré. Cet emplacement immobilier de premier choix est situé à quelques minutes de marche du centre de Skopje, et les nouveaux propriétaires ont prévu d'y construire un hôtel.

Jusqu'à présent, les autorités ne semblent pas avoir été particulièrement émues par les manifestations [3] des familles expulsées. Elles ont proposé de déplacer le groupe de sans-abri dans le camp vétuste de Čičino Selo, situé à l'extérieur de la ville, ce que les familles ont refusé parce qu’il est trop petit pour toutes les accueillir [4] et que les conditions de vie sont pires que s'il fallait vivre sans toit. La plupart d'entre eux gagnent leur vie en ramassant des bouteilles en plastique et de la nourriture dans les poubelles, qu'ils transportent ensuite à vélo [5]. Un relogement éloigné à l'extérieur de la ville entraverait grandement leur capacité à récolter assez de bouteilles et à les vendre aux entreprises de recyclage pour survivre.

Un travail dur et honnête. Principale source de revenu des Roms sans-abri, le recyclage des bouteilles en plastique jetées à la poubelle. C'est aussi un travail dangereux, les déchets contenant des éclats de verre, des morceaux de métal, des câbles et des déchets toxiques divers. Photo de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA. [6]

Un travail dur et honnête. Principale source de revenu des Roms sans-abri, le recyclage des bouteilles en plastique jetées à la poubelle. C'est aussi un travail dangereux, les déchets contenant des éclats de verre, des morceaux de métal, des câbles et des déchets toxiques divers. Photographie  de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.

Certains militants ont dénoncé l'indifférence du gouvernement et des médias, qui, selon eux, témoigne de la discrimination continue dont sont victimes les Roms [7] dans la société macédonienne. Ljatife Sikovska, du Centre d'Education Rom Ambrela [8], décrit à Global Voices la gravité de la situation dans laquelle se trouve le groupe de sans-abri :

Град Скопје со багери ги сруши импровизираните живеалишта на 1 август, само неколку денови пред поплавите, без претходно да ги згрижи луѓето во друга локација. Се работи за 121 лице од кои 64 се деца, а најмалото има само 2 месеца. Бездомните лица невремето го преживеаја под отворено небо и за жал сè уште се под отворено небо…

L'administration locale de la ville de Skopje a détruit les cabanes le 1er août, quelques jours avant les fortes précipitations qui ont causé des inondations meurtrières [9]. Les autorités n'ont pris aucune disposition pour reloger temporairement les cent vingt et une personnes (dont soixante quatre enfants) concernées. Le plus jeune enfant était un bébé de deux mois. Les sans-abri ont survécu en plein air à ce qui fut la pire tempête qu'ils aient jamais connue, et malheureusement ils n'ont toujours pas de toit au-dessus de leur tête.

Entre-temps, ces Roms ont reçu de l'aide de la part d'ONG. La Fondation Open Society – Macédoine  [10](FOSM) a fait un don de vivres de l'ordre de 4 500 dollars.

Оваа ургентна мерка вклучува донација на храна и вода за пиење, хигиенски средства, детски пелени и основни намирници за живот на триесетина ромски семејства (околу 130 лица) останати без домови. Меѓу нив има лица без документација, бремени жени, болни лица и деца. Целта на оваа акција која ФООМ ја реализира со помош на Здружението за здравствена, социјална и образовна поддршка „Иницијатива за развој и инклузија на заедниците“ (ИРИЗ) е да одговори на моменталните потреби на овие граѓани во очекување надележните институции да пронајдат трајно решение на нивниот проблем.

Cette mesure urgente inclut le don de nourriture et d'eau potable, de produits d'hygiène, de couches pour bébé et d'autres produits de base pour environ trente familles roms sans-abri (près de cent trente personnes). Parmi elles, il y a des personnes sans papiers d'identité, des femmes enceintes, des malades et des enfants. L'objectif de cette action, mise en place par la FOSM en coopération avec l'Association pour la santé, le soutien social et éducatif “Initiative pour le développement et l'inclusion des communautés” (IDIC), est de répondre aux besoins actuels de ces citoyens en attendant que les institutions trouvent une solution pérenne à leur problème.

Les organisations de la société civile continuent à exiger des autorités, en particulier du Ministère du travail et des politiques sociales de la ville de Skopje, qu'elles fournissent un logement aux sans-abri avant que l'hiver ne rende plus difficiles leurs conditions de vie déjà précaires. Dans le camp délabré, la vie ressemble à un décor post-apocalyptique tel qu'on en trouve après une catastrophe naturelle, comme après un tremblement de terre dévastateur.

Un homme devant sa tente, située à 3 km de la place principale de Skopje. Photo de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA. [11]

Un homme devant sa tente, située à 3 km de la place principale de Skopje. Photographie de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.