Cet article est initialement paru sur Groundviews [2], un site web primé de journalisme citoyen au Sri Lanka. Une version adaptée est publiée ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.
Le Sri Lanka a récemment déclaré qu’il devra débourser jusqu’à 170 millions de dollars (soit 25 milliards de roupies et plus de 156 millions d’euros) à la société de leasing AerCap Holdings [3], pour annuler l'acquisition de quatre avions Airbus A350, un contrat signé [4] par le gouvernement Rajapakse en 2013.
Dans le cadre d’un « plan de restructuration », le gouvernement a également décidé de fermer [5] la compagnie aérienne low-cost Mihin Lanka.
La compagnie aérienne nationale, SriLankan Airlines [6], croule sous les dettes depuis des années et ne génère plus de profit depuis 2009 [7], soit un an après la revente des parts qu'y détenait Emirates. Plus récemment, Sri Lankan Airlines a déclaré avoir enregistré une perte nette [8] annuelle de 16,33 milliards de roupies (soit plus de 103 millions d’euros).
Groundviews a réalisé une infographie montrant ce que le gouvernement aurait pu financer avec l’argent dépensé pour l’annulation du contrat de leasing des quatre Airbus.
Les chiffres sont tirés du rapport annuel [9] 2015 du Ministère des Finances sri-lankais.
L’annonce du gouvernement a suscité la colère des Sri-Lankais sur les réseaux sociaux, une colère à la hauteur de la somme conséquente que représentent ces 25 milliards de roupies :
#lka [11] #FlyingFolly [12] @flysrilankan [13] cancels four A350 aircraft, incurs USD98m (LKR 14b) penalty. We pay 4 MR profligacy!https://t.co/BMK6Nolsqg [14]
— Nalaka Gunawardene (@NalakaG) 4 octobre 2016 [15]
Folie aérienne @flysrilankan annule [la commande de] quatre A350, encourt 98 millions de dollars de pénalités (14 milliards de roupies). Nous payons la prodigalité de MR [Rajapakse] !
Comme le montre cette infographie, le capital versé pour annuler la commande des Airbus aurait pu être utilisé pour financer des pensions de retraite, le programme Samurdhi (l’équivalent sri-lankais de la sécurité sociale [16]), des médicaments ou encore des fournitures scolaires. La compagnie aérienne Sri Lankan Airlines se débat avec ses dettes (dès 2009 [17], les audits avaient d’ailleurs prévenu de la faible viabilité de la compagnie). Et pourtant, aggravant les pertes, le gouvernement s’est entêté à vouloir acheter de nouveaux avions.
Aujourd’hui, c’est donc tout le pays qui paie le prix de ces décisions gouvernementales irréfléchies… à coup de millions de dollars.